LEIPZIG ET HANAU. -
Sl!.PTEMBRE
1.815.
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routes
a
Ja fois, d'un coté celle de Péterswalde
qui passait par Zehist, Gieshübel, Péterswalde,
chaussée neuve, farge, partout facile pour l'ar–
tillerie, et de l'aulre celle de Liebstadt, passant
par Furstenwalde, chaussée vieiJle, praticable a
l'artillcrie jusqu'a Furstenwalde seulement, et a
partir de ce point franchissant la haute mon–
tagne du Geyersberg par des sentiers inacces–
sibles aux gros charrois. C'est cette derniere
route que Klcist, dans la fatale journée de Kulm,
avait suivie jusqu'a Furstenwalde, puis avait
quittée pour gagner par un détour a gaucbe la
chaussée de Péterswalde, et tomber sur Kulm
a
l'improviste. Le maréchal Saint-Cyr qui enten–
dait aussi bien que personne l'art de profiter du
terrain, proposa de prendre la vieille route de
· Boheme, en se portant rapidement avec le
14" corps et la jeune garde sur Liebstadt et
.furstenwalde, de se jeter ensuite dans le flanc
de la colonne ennemie qui avait pris la route de
Péterswalde, de couper ainsi une portion plus
ou moins forte de cette colonne, et meme par–
venu
a
Furstenwalde, de franchir le Geyersberg,
et d'intcrcepter la retraite de l'ennemi vers la
Boheme. Avec des efforts, avec beaucoup de
sapeurs, on finirait bien, selon lui, par frayer
un chemin
a
l'artillerie, et par arriver sur le
revers du Geyersherg, c'est-a-dire sur les der–
rieres de l'ennemi, avec une quantité suflisante
de canoas.
Napoléon approuva sur-le-champ ce plan ingé–
nieux, bien qu'il ne sut pas si on pourrait passer
le Geycrsberg avec de l'artillerie ; mais en tous
cas, on avait toujours plus de chances de causcr
du mal a l'enncmi en le cOtoyant, qu'en l'abor–
dant directement sur la grande route de Pé–
terswalde. En conséquence, tandis que le comte
de Lobau avec le
1
or
corps s'avarn;ait de Zehist
sur Gieshübel, de Gieshübel sur Péterswalde,
poussant l'ennemi de front, Napoléon se tenant
de sa personne aupres de Ja colonne de Saint–
Cyr, s'a.varn;a latéralement, et d'un pas assez
rapide, avec le
14"
corps et la jeune ggrde. On
marcha ainsi toute la journée du 9.
Kleist et Wittgenstein, sans avoir aper<;u les
renforts amenés par Napoléon, avaient reconnu
sa préscnce a la seule allure des troupes , et
s'étaient aussitot mis en retraite. Toutefois ils se
repliaient sans précipitation, et Napoléon chemi–
mmt parallelement
a
eux, sur
la
vieille route de
Boheme, les voyait toujours de flanc, et quoi–
qu'il n'eut pas assez d'avance pour les couper en
se jetant d'une route sur l'autre, se flattait de les
prendre
a
revers le lendemain ' s'íl pouvait'
arrivé au pied des montagnes, les franchir avec
son artillerie. On bivaqua le 9 au soir a Fursten–
walde.
Le lendemain matin, 1Oseptembre, on se porta
par Ebersdorf vers un col d'ou l'on découvrait le
triste théatre des événements de Kulm. A droite
on avait les hauteurs du Geyersberg,
a
gauche
celles du Nollenberg, le long desquelles se déve–
loppait la grande route de Péterswaldc pour
descendre en Boheme. Napoléon franchit ce
col accompagné du maréchal Saint-Cyr et de ses
troupes légeres, et vit a· une certaine distance
sur sa gauche les troupes ennemies se hatant de
repasser les montagnes, et menacées d'en etre
empcchées si on parvenait a traverser le col
avec des moyens d'artillerie suffisants. Alors en
preoant une bonne position sur l'une des hau–
teurs qui dominaient la route, on pouvait ré–
duire l'ennemi a faire par des sentiers presquc
impraticables une retraite désastreuse , et se
procurer une brillante revanche de Kulm.
L'artillerie pleine d'ardeur s'engagea brave–
ment au milieu des rochers. Soldats et sapeurs
se mirent a I'ouvrage, mais ne purent hisser
leurs eanons jusqu'a Ja hauteur du col, et l'ar–
tillerie se vit ainsi arretée par des obstacles
insurmontables. Il luí aurait fallu vingt-quatre
heures pour les vaincre, et dans cct intervalle
l'ennemi devait avoir défilé tout entier. En ne
franchissant le Geyersberg que Je lendemain, ou
en allant par un détour a gauche regagner la
route de Péterswalde, on aurait pu,
il
est vrai,
serrer les Prussiens et les Russes d'assez pres
pour les atteindre, et les assaillir hardiment si
on avait su qu'ils étaient séparés des Autri–
chiens. Mais ce partí présentait bien des chances
ai¡xquelles la prudence ne permettait pas de
s'exposer. En e:ffet, l'absence des Autrichiens
n'était qu'une coojeeture; on ne les avait pas
vus de ce coté-ci des montagnes, mais ils pou–
vaient etre de l'autre, et ce n'était pas avec
?H> mille hommes qu'il eut été sage d'en abor–
der 150 mille. Meme sans les Autrichiens,
Kleist et Wittgenstein devaient avoir pres de
70 mille hommes, en comptant les gardes russe
et prussienne restées au dela des montagnes, et
quoique avec 55 mille hommes bien postés on
put leur causer bcaucoup de dommage, des–
cendre dans la plaine a leur suite n'était pas
tres-prudent, surtout quand on était rappelé
vers Dresde par plusieurs raisons graves, telJes
que la bataille perdue de Dennewitz, une nou-