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LtVRE CINQUANTIEl\'IE.
Avec quatre corps réunis sous Macdonald en
avant de l'Elbe, avec les corps de Lobau, de
Saint-Cyr, de Victor en arricre de ce fleuve,
appuyés les uns et les autres sur de bons retran–
ehements et communiquant par plusieurs ponts,
avec Ney gardant aux environs de Torgau l'Elbe
inférieur, avec l\farmont et Latour-1\faubour¡;
placés entre Torgau et Drcsde pour protéger
Jes arrivages du :fleuve et flanquer l\facdonald,
ou desceodre au secours de Ney, enfin avec
toute Ja garde eoncentrée
u
Dresde et prete
a
fournir un secours de 40 mille hommes
a
celui
de nos généraux qui serait en daoger, sans
eomptcr 7 a 8 mille chevaux_ courant sur nos
derrieres apres les partisans, Napoléon croyait
avoir suffisamment rcsserré sa position , et se
flattait meme, les vivres arrivant, de pouvoir
y
passer l'hiver, sans etre obligé de s'épuiser en
eourses vaines afin de parer
a
de trompeu es
démonstrations. Il espérait n'avoir dorén ai\
1
ant a
se déplacer que pour des tentatives sérieuscs,
qui vaudraient alors la peine qu'eJles lui coulc–
raient. Il n'y avait dans cette nouvelle maniere
de s'asseoir qu'un grave inconvénient, e'était la
perte probable des places de l'Oder et de la
Vistule, dont les nombreuses garnisons, bloquées
depuis plus de huit mois, ne tiendraient certai–
nement pas au dela de l'automne. Ces garnisons
laissées au loin dans l'espérance de revenir sur
la Vistule apres une bataille gagnéc, étaient un
sacrifice fait nu désir ehimérique de rétablir sa
grandeur ea une journée. Ni\poléon
n'y
cornp–
tait plus guere aujourd'hui, et il voyait avec
regret ces excellentes troupes sacrifiées ; mais le
mal était sans remede, et actuellernent
il
ne son–
geait qu'lt se maintenir sur l'Elbe, ce qu i d'ail–
leurs était pour ces memes garnisons, tant qu'il
y restcrait, un sujet de confiance et une raison
de persévérer dans leur résistance. Rien ne
disait, apres tout, qu'a la suite d'un événement
heureux onnepourrait pas obtcnir encore un ar–
mistice, dont les conditions esscntiellcs ser aien t
de ravitailler les places de l'Oder et de la Vistule.
Tandis qu'il était
a
Dresde livré a ces pensées,
un nouvel acte de l'ennemi le rappela tou t a
coup vers Pirna. Les Autrichiens ne s'étaient
éloignés un moment des Russes et des Prussiens
que pour se réorganiser un peu en arriere du
théatre de la guerre, et pour parer
a
quelque
tentative sur Prague, qu'on avait pu craindre en
voyant Napoléon marcher vers Bautzen et Gor–
litz , commc il avait fait les
4.
et 5 septembre.
Rassurés a cet égard par son retour tt
Dre~de,
'
remis de leur rude secousse des 26 et 27 aout,
ils étaicnt revenus a Tceplitz, sentant bien que
c'était une faute grave que de laisser Kleist et
Wittgenstein seuls devant la grande armée fran–
<;aise. A peine Wittgenstein les avait-il sus de
retour, que le 15 septembre au matin
il
résolut
de repasser les montagnes, et de se montrer de
nouveau devant les camps de Pirna et de Gieshü–
bel. Il n'y avait pas grand effort a faire pour
entrainer le Prussien Kleist, et ils revinrent
tous deux a la charge contre Saint-Cyr et Lobau,
surtout contre ce dernier. Malheureusement
les
ouvrages ordonnés par Napoléon le 1
'1
a
Lan–
gen-Hennersdorf, a Gieshübel, a Borna,
n-•
pouvaient ctre exécutés le 15, et le comte de
LoLau fut obligé de se replier sur Giesbübel,
comme on l'avait déja
fait
si souvent. Bien qu'il
n'y cut ancun gout et qu'il ne s'en promit aucun
résultat, Napoléon dut opérer un nouveau mou–
vement vcrs l,es montagnes de la Boheme, pour
rejeter encore une
fois
au dela de ces montagnes
les incommodes et fatigants visiteurs qui ve–
naient sans cesse le troubler . Ayant d'ailleurs
conservé une partie de
la
garde a Pirna méme,
il n'avait
a
déplacer que sa personne qu'il ne
ménageait guére, et
il
rcvint avec la vague espé–
r ance
a
laquelle il se livra peu, mais qu'il ne put
absolument chasser de son esprit, de punir une
bonne fois l'ennemi si tracassier qu'il avait sur
sa droite, et déja un peu sur ses derrieres. Aspi–
rant avec passion a une grande bataille qui seule
pouvait changer sa situation, il se Iaissait aller
malgré lui
~.
l'espoir de la rencoot rcr sur son
cbemin des que l'ennemi approchait.
Le
1o
done, se mettant a la tete de ses troupes,
il
fit
pousser l'ennemi de Gieshübel sur Péters–
walde, ou
il
le ramena en grand désordre. Mais
quelques centaincs d'hommes pris ou hors de
combat furent encore le seul résultat de ce mou–
vement. Toutefois l'ennemi resta fieremcnt en
avant des défilés de Hollendorf, au pied du falte
qui sépare la Saxe de la Bohéme. On priait le
Ciel qu'il
füt
aussi í:ier le lendemain, mais on ne
s'en flattait guere . Le Jendemain 16 septembre,
Napoléon , malgré un temps horrible, se reOlit
en mar che vers le défilé de Hollendorf, tandis
qu'a sa droite le maréchal Saint-Cyr s'était dirigé
de F urstenwalde sur le col du Geyersberg, qu'on
n'avait pas pu franchir le 1
O.
On poursuivit
chaudement les B.usses et les Prussiens, et une
fois les gorgcs franchies, les lanciers rouges de
la
garde .fondant sur eux au galop en piquerent
et en prirent un bon nombre. Daos l'une de ces