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22..f.

LIVRE CJNQUANTIEME.

posait bien de ne plus user les jambes de ses

soldats, et qui lui permettrait de gagner l'hiver

saín et sauf, ou une entreprise considérable sur

ses derrieres, partant de la Boheme ou de l'Elbe

inférieur, qui entrainerait

u.ne

bataille décisive.

C'est cette derniere chance dont il se flattait le

plus, et qui efiectivement était le plus pres de

se réaliser, mais dans des conditions qui n'étaicnt

pas celles qu'il avait toujours espérées.

En effet, Íes coalisés étaient résolus

a

terminer

la campagne par une rencontre directe avec Na–

poléon. Leur tactique consistant

a

l'éviter, pour

tornber sur ses lieutenants, ne pouvait pas etre

éternelle, et elle avait déja suffi pour le réduire

a

une telle infériorité de forces , qu'ils étaient

dans la proportion de deux, et allaient etre bien–

tót dans celle de trois contre un. Mais

il

fallait

en venir enfin au moment, désiré et redouté tout

a

la fois, de se jeter en masse sur Jui pour l'acca–

hler. Le désirer était simple, surtout l:;t saison

commern;ant

a

s'avancer; l'cxécuter ne l'était pas

autant. La grande armée de Boheme, de beau–

coup Ja plus forte et la mieux composée, prcsquc

remise depuis Kulm de la secousse essuyée sous

les murs de Dresde, influencée en outre par la

préscnce de souverains impatients d'arriver

a

un

résultat, était disposée

a

tenter une nouvelle

descente de Boheme en Saxe sur les derrieres de

Napoléon, mais pas aussi pres, et elle revenait

a

l'idée premicre de se porter par Commolau et

Chemnitz sur Leipzig. Les nombreux partisans

Jancés sous Thielmann et sous Platow, entre

l'Elster et la Saale, étaicnt comme les avant–

coureurs dcstinés

a

lui fraycr la route. Toute–

fois, avant d'essaycr une si vaste eutreprise, qui

allait amener un duel

a

mort avec Napoléon,

elle aurait souhaité que deux des trois armées

actives marchassent réunies, celles de Silésie et

de Boherne par exemple. Pour cela elle aurait

voulu que l'armée russe de réservc, depuis long–

temps préparée en Pologne sous le général

Benningsen, et actuellement rendue

a

Breslau,

viot preodre la place de Blucher devant Dresde,

que eelui-ci, profitant de l'occasion pour se dé–

rober, allat par Zittau opérer sa jonction en

Boheme avec l'armée de Schwarzenberg, et que

tous ensemble ils marchassent sur Leipzig.

A

cette condition sculemcnt le grand état-major

des trois sou·verains osait concevoir l'idée de

risquer une scconue bataillc de Dresde, non pas

a

Dresde, mais

i1

Leipzig.

·Ce n'était pas, on le pense bien, aupres de

Blu cher et ele ses amis que devait fermcnter

avcc moins de force la pensée de faire ahoutir la

campagne actuelle

a

un résultat prochain et

décisif. Blucher et ses officiers, tout fiers d'avoir

ramené les Franc;ais du Bober sur l'Elbe, bru–

Jaient du désir d'arriver a un dénoument, et ils

étaient prets

a

tout braver pour

y

parvenir. Des

les premiers ,jours de septembre, Blucher avait

envoyé en Boheme un personnage de confiance,

pour sonder les officiers prussiens qui entouraient

le roí, et susciter chcz eux l'idée d'une grande

opération sur les derrieres de Napoléon. Cet

émissaire les avait trouvés fort disposés a en

finir, remplis toutefois de l'idée que nous avons

e:xposée, et consistant

a

transporter Blucher lui–

rnerne en Boheme pour descendre sur Leipzig.

avec les deux armées de Boheme et de Silésie

réunies . Mais Blucher et ses amis du

Tugend–

Bimcl

dont il était entouré, avaient trop le gout

de l'indépendance pour se placer volontiers sous

l'autorité directe de l'état-major des souverains.

I!s avaicnt toutefois pour résister

a

ce qu'on leur

proposait des raisons meilleures que leur gout

d'indépendance.

JI

était difficile en effet que

l'armée de Silésie parvint

a

dérober assez com–

plétementsa marche

a

Napoléon, pour qu'elle put

remonter en Bobeme, traverser les montagnes,

et en longer

le

pied jusqu'a Treplitz, sans attirer

sur elle quelque coup redoutable. Cependant

comme il fallait tót ou tard que Blucher, s'il ne

voulait pas se morfondre inutilement devant

Dresde, exécutat une manamvre hardie ou sur le

has Elbe ou sur le baut, la raison alléguée n'était

pas saos réplique. L'état-majordeSilésie en donna

une encore plus forte, et

a

laquelle

il

était diffi–

cile de répondre. Les nouvelles qu'on avait de l'ar–

mée du Nord étaientdesmoinssatisfaisantes. Les

généraux russes et prussicns, mais surtou t les

prussiens, placés sous le prince de Suede, se

plaignaient de son inaction pendant les batailles

de Gross-Beercn et de Dennewitz. Ils l'accusaient

formellement ou d'une prudence approchant de

Ja faiblessc, ou d'une infidélité approcbant de

la trahison. Ils soutenaient que daos ces deux

circonstances

il

avait tout la issé faire aux géné–

raux prussiens, que les sachant dans !'embarras

il

s'était pcu

ha.té

de les en tirer, qu'ayant pu

détruire J'armée frarn;aise,

iJ

ne J'avait pas voulu,

ou pas osé. Cette dcrniere supposition était Ja

vra ie. Il n'avait risqué qu'en tremblant sa fausse

renommée, et son excessive prudence avait

ainsi

fait

mettre en doute son énergie militaire

ou sa Jqyauté. En ce moment encore, n'ayant

devant Iui que Ney, récluit

a

56 mille hommes,