LEIPZIG ET HANAU. -
SÍ:PTEMBRE
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plan de
~uerre
concentrique autour de Dresde,
celui d'en avoir trop étendu le rayon, de l'ayoir
porté a gauche jusqu'a Berlin, en face jusqu'a
Lowenberg, tandis qu'a droite il était forcé de
Je pousser jusqu'a Péterswa lde, ce qui faisait
qu'il était trop éloigné de ses lieuten:rnts pour
les diriger et les soutenir, et que les courses
qu'il était alternativement obligé d'exécuter lui
enlevaient
a
luí son temps '
a
ses soldats si
jeunes la force et le courage. Ce défaut, Napo–
léon le sentail maintenant, et contraint par
l'évidence, surtout par le facheux état de ses
troupes,
il
forma le projet de rapprocher de luí
ses lieutenants. C'est dans ces intentions qu'il
s'en revint
a
Dresde , et c'est d'apres elles que
ses nouveaux ordres furent calcuiés et donnés.
Napoléon
a
la r eprise des hostilités avait envi–
ron 560 mille hommes de troupes actives sur
l'Elbe, de Dresde
a,
Hambourg, sans compter ni
les garnisons de l'E1be, de l'Oder, de la Vistul e,
ni le corps d'Augereau destiné
a
la Baviere, ni
le corps du prince Eugene consacré a l'Italie. Il
ne lui en restait guere plus de 250 mille a la
suite des événements que nous venons de ra–
conter. Au lieu de 80 mille homrnes, Macdo–
nald avec les
1
i
e,
5e
et
5c
corps, en avait tout
au plus
oO ,
et avec Poniatowski 60. Au lieu de
70
mille, le corps d'Oudinot transmis
a
Ney
n'en conservait pas plus de 52 mille. La cava–
lerie avait déja perdu beaucoup de cavaliers et
de chevaux dans ses aUées et venues conti–
nuelles. Les corps demeurés autour de Dresde
avaient fait aussi des pertes, moi ns considéra–
bles,
il
est vrai, parce que la débandade, résultat
le plus sérieux des défaites, ne les avait pas
atteints; pourtant ils en avaient fait d'assez
notables, et le total de nos troupes, cornme on
vient de le voír, le corps de Davoust compris,
ne dépassait pas
2o0
mille hommes, lesquels
représentaient nos forces disponibles de Dresde
a
Hambourg. C'était done une perte de plus de
100
miUe hommes, due au feu, aux fotig ues, a
la
désertion des rangs, désertion tres-grande
chez nos alliés, bien moindre chez les Frarn;ais,
et d'une autre n ature, mais réelle cependant.
Les alliés, ou passaient
a
l'ennemi, ou s'en–
fuyaient chez eux en habits de paysans, comme
les Sa.xons et les Bavarois; les Frarn;ais n'allaient
jamais
a
l'ennemi bien entendu, ne cherchaient
qu'en petit nombre
a
regagner le Rhin, quoi–
qu'on aper<;út déja quelques maraudeurs sur la
route de Mayence, mais erraient sans armes
autour de l'armée, épuisant les ressources des
villages ou ils trouvaient un abrí. Cette triste
disposition
a
se débander' que la fatigue, le
froid et surtout la faim, avaient développée
d'une maniere désastreuse daos l'armée de Rus–
sie, commern;ait a reparaitre daos nolre armée
d'Allemagne jusqu'a donncr des inquiétudes, et
toute marche nouvelle, tout événement incer–
tain , toute défaite surtout l'aggravaient beau–
coup. L'attention de Napoléon était a cet égard
singulierement éveillée, et
il
était fort préoccupé
entre autres soins de celui des subsistances qui
devenaient rares, tant il y avait de milliers
d'hommes qui depuis le mois de mai vivaient
autour de Dresde, daos un rayon de vingt-cinq
licues.
Telles furent les réflexions qui l'assaillirent
a
son retour
a
Dresde, réflexions dont les maux
éprouvés par l'ennemi ne le consolaient guere.
Si en effet les coalisés avaient essuyé des perles,
c'était par le feu, et nullement par la défection
ou les privations. Une ardeur inou'ie chez les
A1lemands leur amenait
a
chaque instant de
nouveaux soldats par les levées de volontaires;
de grnnds efforts administratifs de la part des
Russes leur avaient procuré les recrues l@ng–
temps attendues. On parlait mcme d'une arméc
de réserve arrivant de Pologne sous le général
Benningsen, et les Autrichiens, dont les rangs
s'étaient fort éclaircis
a
Dresde, en avaient été
dédommagés par l'acbevement de leurs prépa–
ratifs qui
a
la reprise des hostilités n'étaient pas
terminés. Les vivres abondaient parmi eux,
grace au concours des populations, aux subsides
britanniques' et
a
un papier-monnaie soutenu
par la bonne volonté universelle. Aussi la coali–
tion, loin d'avoir moins de soldats qu'elle n'en
espérait, en avait davantage. Ses effectifs, au lieu
d'etre descendus au-dessous de ::500 mille hom–
mes, approchaient de
600
mille . C'est
a
cette
masse formidable que Napoléon devait tenir tete
avec 21)0 mille soldats (220 mille en retranchant
le corps de Davoustrelégué
a
Hambourg),jeunes,
assez
fati~ués,
déja moins bien nourris qu'au
début de la campagne, étonncs bien que non
découragés par plusieurs échecs consécutifs, et
du reste, quoique comptant un peu moins sur la
fortune de leur chef, ayant toujours une foi
entiere en son génie.
Napoléon saos songer encore
a
évacuer l'Elbe
pour le Rhin, sacrifiee qu'on ne devait pas at–
tendre de Iui, saos songer non plus
a
porter le
centre de ses opérations a Berlín, vaste projet
que deux batailles perdues sur la route de cette