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2,16

LIVRE CINQUANTIEl\fE.

écrite en chiffres, et CODl:(Ue dnns les termes sui–

vants:

8 septcmbre t8·J5.

11

Les événements se pressent de telle maniere

11

qu'en laissant

a

Sa Majesté des chances heu-

11

reuses et brillantes,

il

est cependant de la pru–

" dence d'en prévoir de contraires. Je crois

'' devoir, mon cher duc, m'en expliquer confi-

1(

denticllement avec vous.

•1

L'arméer usse n'cst pas notre ennemi le plus

" dangereux. Elle a éprouvé de grandes perles,

({ elle ne s'est pas renforcée, et,

a

sa cavalerie

" pres, qui est assez nombreuse, elle ne joue

11

qu'un role subordonné dans la lutte qui est

engagée. Mais la Prusse a fait de grands efforts.

(( Une exaltaLion portée

a

un tres-haut degré a

" favorisé le parti qu'a pris le souverain. Ses

<1

armées sont consiClérables, ses généraux, ¡ses

officiers et ses soldats sont tres-animés. Ti>u-

11

tefois

fa

Russie et la Prusse n'auraient offert

11

que de faibles obstacles

a

nos armées, mais

" l'accession de l'Autriche a extremement com-

" pliqué la question.

'

" Notre armée, quelque prix que lui aient

" couté les victoires remportées' est encore

«

belle et nombreuse. Mais les généraux et les

\( officiers fatigués de la guerre n'ont plus ce

11

mouvement qui leur avait fait faire de grandes

u

choses. Le théatre est trop étcndu. L'Empe–

" reur est vainqueur toutes les fois qu'il est

1(

présent ; mais il ne peut etre partout, et les

11

chefs qui commandent isolément répondent

11

rarement

a

son attente. Vous savez ce qui est

({ arrivé au général Vandamme. Le duc de

11

Tarente a éprouvé des échecs en Silésie, et le

" priuce de la 1'Ioskowa vient d'etre battu en

" marchant sur Berlín.

" Dans de telles circonstances, mon cher duc,

ll

et avec le génie de l'Empereur, on peut encore

" tout espérer. Mais il se peu t aussi que des

u

chances contraires influenL d'une maniere

fa–

" chcuse sur les affaires. Oo ne doit pas trop le

11

craindre, mais on doit le regarder comme

«

possible, et ne rien négliger de ce que com-

11

mande la prudence.

" Je vous présente ce tableau afin que vous

11

sachiez tout et que vous agissiez en consé–

" quence.

tt

Vous feriez sagement de veiller a ce que les

,, places fussent mises en bon état, et d'y réunir

({ beaucoup d'artillerie, car nous faisons sou-

(( vent dans ce genre des pertcs assez sensibles.

" Vous devriez vous entendre secretement avec

" le directeur général des vivres pour faire dans

n

les places du Rhin des approvisionnements

" extraordinaires, enfin pour préparer d'avance

«

tout ce qui convient, afio que dans une cir–

(( constance extraordinaire Sa Majesté n'éprouvat

•t

point de nouveaux embarras, et que vous ne

1(

fussiez pas pris au dépourvu. - Vous sentez

1(

que si je vous écris ainsi, c'est que j'ai bien

(( réfléchi

a

ce qui se passe sous mes yeux, et

11

que je suis assuré que je ne fais rien en cela

(( que Sa Majesté puissc dés:ipprouver. Un grand

"- succes peut tout, changer et remettre les

«

affaires dans la situation prospere ou l'im-

1(

mense avantage remporté par Sa Majesté les

avait placées.

(( Accusez-moi, s'il vous plait, réception de

ce

cette lettre.

»

Le lendemain 9, Napoléon se rendit de tres–

bonne heure sur le terrain pour observer de ses

yeux les mouvements de l'ennemi, et preserire

ses dispositions en conséquence. 11 avait sous la

main le

'1

er

corps, récemment réorganisé par le

comte de Lobau, et posté en avant de Zehist sur

la route de Péterswalde, le 14° sous le maréchal

Saint-Cyr rangé en avant de Dohna, sur la route

de Furstenwalde. Il avait un peu en arriere

a

Mugeln, mais en position d'agir, trois divisions

de la jeune garde sous le maréchal l\Iortier, et la

cavalerie légere de la garde sous Lefebvre-Des·

nouettes. Le reste de la jeune garde, la vicille

garde, le corps de Marmont, la cavalerie de

Latour-Maubourg, étaicnt

a

Dresde, pour parer _

aux accidents imprévus. Assez loin vers la droite,

a

quelques licues sur la route de Freyberg, le

maréchal Víctor avec son corps d'armée surveil–

lait les débouchés de la Bohcme aboutissant

a

Leipzig. Le

1cr

et le 14° corps, les .trois divisions

de la jeune garde, pouvaient monter

a

cnvi–

ron 5!) mille hommes, force suffisante pour

accabler l'ennemi qu'on apercevait, surtout si

on avait su que les Autrichiens venaicnt de com–

mettre la faute de rétrograder ; cn Boheme jus–

qu'a Tetschen et Leitmeritz, et qu'on n'avait

devant soi que Wittgenstein et Kleist. l\fais

il

était impossible de le savoir d'une maniere sure,

et on en était réduit, en ne voyant pas les Autri–

chiens,

a

se demander ou ils pouvaicnt ctre. Au

surplus Kleist et Wittgenstein faisaient bonne

contenance, et ne paraissaient pas encore dis–

posés

a

hattre en retraite.

On était done

a

Zehist et

a

Dohna sur deux