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LIVRE
CTNQUANTIEl\IE.
débouché conquis au dela du ruisseau de Denne–
witz. Cependant on apercevait distinctement
l'armée russe et suédoise
s'avan~ant
a
marches
forcées sur
le
village de GoJsdorf situé
a
notre
gauche, en dec;a du ruisseau que nous avions
franchi , et faisant avec ce ruisseau un angle
droit. Bulow y avait déja un détachcment, et
i
le progres de l'ennemi continuait, la communi–
cation pouvait etre coupée entre nos troupes en–
gagées et celles qui étaient encore en route.
Rcynier
et
Ou inot, que Ney avait eu le tort de
·laisser
a
une trop grande distance de Bertrand,
entendant Je canon, mais l'ayant entcndu de
meme la veille,
et
enveJoppés par un nuage de
poussiere qui Jeur dérobait Ja vue des objets,
ne s'étaient pas crus obJigés de doubler le pas.
Avertis enfin, ils s'étaient batés davantage, et Je
7e
devanc;ant le
12°
était veou diminuer l'inéga–
lité de forces sous Jaquelle le
4e
corps avait
failli succomber.
D'apres l'ordre de Ney, qui luí avait enjoi nt
de se former en potence sur notre gauche pour
contenir Bulow, et faire
fa
ce aux Suédois et aux
Russes qui· s'approchaien t, Reynier retardé un
moment par les bagages du
4e
corps, poussa en
avant la division franc;aise sur laquelle il comp–
tait le plus, celle de Durutte, et l'établit en arriere
de Dennewitz, en dec;a du ruisseau . Cette division
placée
Ja
sur une légere éminence pouvait faire
un grand usage de son artillerie, et elle n'y man–
qua point. Reynier dirigea la division saxonne
Leeoc sur Golsdorf, et tinten réserve sa seconde
division saxonne, celle de Lestoc. A peine ces
dispositions étaient-ellcs exécutées, que le général
Duru tte , se portant au sommet de l'angle décrit
par notre ligne , arreta court les Prussiens qui
déboucbaient de Niedergorsdorf. De son coté Ja
brigadeMellentin, de Ja division saxonne Lestoc,
pénétra daos Go!sdorf, en chassa les Prussicns ,
et empecha ainsi l'ennemi de s'établir sur notre
gauche. Le combat se soutint de la sorte avec
acharnement au milieu de nuages de poussiere
qui ne laissaient voir autre chose que les troupes
qu'on avait immédiatement devant soi.
Enfin Oudinot arl'iva , passa derriere les corps
qui l'avaient précédé, et apercevant l'orage qui
nous menac;ait agauche' car de ce coté quarante
mille Suédois et Russes marchaientsut· Golsdorf,
placta deux de ses divísions derriere les Saxons de
Lestoc, et garda la troísieme en réserve. Grace
a
ce renfort, et saufaccident,
il
était possible encore
que les ?:50 mille soldats de Ney tinsscnt tete
aux 80 mille ennemis qu'ils avaicnt sur les ?ras,
L
et qu'ils parvinssent
a
gagncr J oterbock saos
échec.
Mais en ce moment un effort combiné de
Tauenzien et d'une moitié de Bulow sur le corps
de Bertrand afl'aibli par une longue lutte, ohligea
celui-ci
a
se rcplier, et vers quatre heures, ayant
déja perd u plus de trois milie hommes, il céda
du terrain , non en repassant Je ruisseau de Den–
newitz, mais en appuyant un peu a droite vers
Rohrbeck, et en reslant toujours en avant de ce
ruisseau. Ney, trop préoccupé de ce qu'il avait
sous les yeux' et ne songeant pas assez
a
I'ensem–
ble de la bataille, craignit que Dennewitz ne füt
découvert par le mouvement de Bertrand, et
enjoiguit a Reynier de placer la division Durutte
a Dennewitz memc. 11 ordonna en meme temps
a Oudinot de se reporter surGolsdorf, ouilservait
d'appui aux Saxons ,
a
Rohrbeck, pour former
réserve derniere Bertrand. C'était une double
faute, car notre droite, depuis que Berlrand
s'était rapproché de Rohrbeck, était moins en
danger que notre gauche, repliée en potence et
mcnacée par l'irruption de quarante mille enne–
mis. Le général Durutte, sur l'ordre transmis
par Rcynier, quitta avec une de ses deux brigades
Ja
bonne positíon ou il était en arriere de Den–
newitz, passa le ruisseau , et s'empara du moulin
de Deanewitz, abandonné par Bertrand. Sa
seconde brigade, réduite
a
elle seule, ne fut plus
suffisante pour garder
le
sommet de
noti~e
angle.
Au meme instant Oudinot quitta Je cóté gauche
de cet angle, dont il formait l'appui indispensa–
ble, pour se porter vers le coté droit. Alors la
division prussienne Borstell , appuyée par une
nuéc de cavalerie et toute l'artillerie russe et sué–
doisc, attaqua Golsdorf et J'enleva
a
la brigade
saxonne 1'\'Iellentin. Oudinot essaya bien avant de
se retirer d'aidcr les Saxons a reprendre Golsdorf,
mais obligé de conlinuer son mouvement
il
les
Jivra bientot
a
eux-memes. Les Saxons qui par
honneur s'étaient
jusque-1~
bien eomportés, mais
dans le crour desquels la haine était toujours
prete
a
faire taire I'honneur, se croyant aban–
donnés des Franc;ais pour lesquels ils se battaicnt,
voyant devant eux s'avancer la masse des Suédois
et des Russes, commencerent a reculer. De per–
fides alarmistes
aperc~vant
les flots de poussiere
que les troupes d'Oudinot soulevaient dans leur
mouvement de Golsdorf vers Rohrbeck, dirent
que c'était la cavalerie ennemie qui avait tourné
l'armée franc;aise. A ce bruit les Saxons sedéban–
derent .malgré les efforts de Reynier, déserte–
rent Golsdorf , Jaisserent notre gauche entiere-