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LEIPZIG ET HANAU. -

SEPTEUBRE

!81'5.

'.:?15

menta découvert, et se jeterent confusément sur

Oudinot a travers les rangs duquel ils passerent.

Par malheur tous les pares et bagages s'étaient

accumulés dans l'intérieur de l'angle formé par

notre ligne de bataille. Une affreuse confusion se

produisit alors, et une véritablc déroute com–

mern;a de toutes parts. Néanmoins la division

Durutte, contrainte de quitter Dennewitz, se

retira avec ordre : Oudinot, sur lcquel la gauche

s'était repliée confusér:µent, ne s'ébranla point, et

Bertrand put repasser saín et sauf au village de

Rohrbeck le ruisseau tant disputé. Pourtant la

bataille était perdue, car on avait cédé le terrain

du combat, la route de

J

uterbock était fermée, et

des lors le but était manqué. Six

a

sept mille des

notres jonchaient la plaine, et huit ou neuf du

coté de l'ennemi la couvraient également. Mais

dix a douze mille de nos soldats , surtout les Saxons

et les Bavarois, s'enfuyant a toutes jambes, s'en

allaient dire sur l'Elbe que l'armée franc;aise était

en déroute, et meme détruite. Le désordre, fort

accru par la facheuse circonstance d'une poussiere

épaisse, était tel, que plusieurs bataillons saxons

entendant galoper autour d'eux >et croyant que

c'était la cavalerie franc;aise, ne se mirent pas en

défense, et ne s'aperc;urent de leur méprise que

lorsqu'il n'était plus temps de seformer on carrés.

Quelques-uns furent sabrés, le plus grand nom–

bre pris. Pour ceux-ci c'était la délivrance plutot

que la captivité, et

il

fautse plaindre de leur :fidé–

Jité plus que deleurcourage, car ilsse battirentbicn

jusqu'au moment ou ils purent nous quittcr pour

aller dans les rangs ou les attiraient leurs affec–

tions. Dans la soirée et le lendcmain , il partit la

moitié du corps saxoo, et au moins une portion

égale de la division bavaroise. Les Saxons se

cachant dans les villages n'eurent pas de peine

a

regagner leur pays, qui était pres de la. Les

Bavarois coururent vers l'Elbe pour retourner

dans leur patrie en maraudeurs. U n'y avait plus

moyen de se replier sur Wittenberg qu'on avait

laissé a sept ou huit licues sur

la

gauche dans Ja

marche de l'armée vers Juterbock, et

il

n'y avait

de retraite possible que sur Torgau, qu'on devait

rencontrer derriere soi en revenant sur l'Elbe.

Le maréchal Ney s'y retira done en assez bon

ordre, mais apres avoir perdu une vingtaine de

houchcs a feu dont

les

chevaux avaient été tués,

et plus de quiaze mille hommes, dont la moitié

au rnoins se composait de déserteurs. Il était

réduit

a

52 mille combattants environ. Les Ita–

liens nous étaient restés fideles suivant leur cou–

tume, et s'étaient bien battus. Les Wurtember-

geois avaient conservé leur excellente tenue

militaire. Parmi les débandés on comptait bien

quelques jeunes sol!lats frarn;a is , rnais en petit

nombre, et ne s'éloignant guere de l'armée qui

dans ces pays lointains était pour eux une véri–

table patrie.

Le 8 septembre, le maréchal Ney se trouva

réuni avec toutes ses troupes sous le canon de

Torgau. Comme

il

fallait s'y attcndre, une

aigreur extreme régnait entre les divers états–

majors. Ney se plaignait de la lenteur de

Reynier et d'Oudinot, mais surtout du faible

concours de Reynier, dont les divisions saxon–

nes avaient Iaché pied. Re:ynier, défendant les

Saxons, accusait au contraire

Je

maréchal Ney

d'avoir lui-meme tout compromis par une fausse

manoouv.re

, celle qui avait porté les divisions

d'Oudinot de gauche a droite. Oudinot, le moins

aigre des trois, disait qu'il avait marché aussi

vite qu'on le lui avait prescrit, et rejetait la

faute de sa lenteur snr le général en chef qui ,

n'ayant pas su prévoil' la bataille, n'avait pas

dans cette journée tenu ses corps assez rappro–

ehés.

Ce qu'il y avait de vrai dans ces tristes r écri–

minations, tout le monde peut l'apercevoir par

le seul récit des faits qui précedent. Le rendez–

vous de Baruth assigné par Napoléon d'une ma–

niere générale, pris trop

a

la lettre par le maréchal

Ney qui s'était haté d'exécuter un mouvement de

flanc hasardeux et infiniment prolongé; ce mou–

vement bien exécuté le premier jour , moins

bien Je second, et saos les précautions suffisan–

tes ; Ja lente arrivée des corps , imputable au

général en chef, mais

1111

peu aussi aux lieute–

nants qui auraient

du

de leur coté prévoir une

bataille, et y croire en entendant la canonnade ;

la eirconstance fücheuse du vent et de la pous–

siere qui plac;ait entre tous les corps un nuage

impénétrable a Ja vue; l'ardeur de Ney au feu,

qui l'avait porté

a

s'absorber dans le commande–

men t cl'un seul corps au lieu de s'occuper de

!'ensemble; l'ordre regrettable donné

a

Oudinot

de quitter Ja gauche pour Ja droite , et enfin le

penchant des alliés

a

la déhandade, telles avaient

été les causes de la perte de cette bataille, causes

dont quelques-unes étaient sans doute acciden–

telles, mais dont la plupart se rattachaient aux

causes générales que nous avons signalées tant

de fois, et qui menac;aient nos affaires d'une

ruine prochaine.

Arrivé

a

Torgau, Ney y trouva ce qu'il appe–

lait une

sorte d'enfer.

Outre le mécontentement