LEIPZIG ET HANAU. -
SEt>TE~IBRE
i8i5.
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Jes Prussiens sous
Barcl~y
de Tolly, et qui étaient
pleins d'ardeur, n'avaient pas exécuté
a
demi
les démonstrations dont ils étaient chargés,
avaient attaqué
a
fond les quatre divisions du
maréchal Saint-Cyr, au point qu'il avait fallu
a
celui-ci toute sa tenue, tout son talent dans la
guerre défensive, pour s'en tirer sans échec.
Pendant que les corps r usses et prussiens batail–
laient ainsi
a
Péter swalde, Klenau, encore tout
ébranlé des coups re<;us
a
Dresdc, était entre
Commotau et Chemnitz occupé
a
se refaire, en–
voyait des partisans soit
a
Zwickau, soit a Chem–
nitz et préparait de la sorte l'opération décisive
que les coalisés, sans l'oser tenter encore, mé–
ditaient toujours sur nos derrieres, mais cette
fois daos la direction de Leipzig, et non plus
dans celle de Dresde.
Napoléon avait done raison quand
il
croyait
qu'on ne songeait pasa uoe seconde attaque sur
Dresde, et qu'une nouvelle marche sur nos dcr–
rieres , si elle avait lieu s'essayerait plus Join ,
c'est-a-dire par Leipzig; et le maréchal Saint"–
Cyr, se trompant sur ces points, avait raison de
penser que les Russes et les Pru siens étaient
actuellement séparés des Autrichiens, et que ce
pouvait etre une bonne occasion de les assaillir.
Napoléon n'objectait rien a cette derniere opi–
nion, et disait tres-sensément que, quelle que
fUt
la vérité sur tout cela, il n'y avait qu une
cbose
a
faire, c'étnit d'attendre la journée du 8
pour voir comment se comporterait l'ennemi , et
pour donner
a
la garde et
a
la cavalerie de ré–
serve le temps d'arriver. 11 est rare, surtout
lorsque la situation prete
a
des suppositions
contraires, qu'il n'y ait qu'une conduite
a
tenir.
C'était le cas ici, et Napoléon était retourné le
7 au soir
a
Dresde, pret
a
revenir de sa per–
sonne au premier signal, mais daos l'intervalle
vouJant veiJler aux mouvements de ses innom–
brables corps d'armée. En efiet, tandis qu'il
était aux aguets pour saisir en faute l'armée de
Bobeme,
i1
se passait de nouveaux événcments
sur ses ailes.
On se souvient sans doute qu'en partant de
Dresde, d'abord pour se diriger sur Hoyers–
werda, puis pour se rahattre sur Bautzen, Na–
poléon avait donné au maréchal Ney rendez-vous
a
Baruth, dans l'intention de se réunir
a
lui,
E¡oit pour appuyer
~on
mouvement sur Berlin,
soit pour y marcher lui-meme. Ramené sur
Dresde par l'apparition des tetes de colonnes
qe
KJeist et de Wittgenstein,
il
ne croyait guere,
commc on vient de Je voir,
a
leur intention
CONSULAT.
o.
sérieuse de s'engager encore une fois sur les der–
rieres de cette capitale; il songeait done, des
qu'il serait cntierement rassuré
a
cet ép;ard ,
a
reprendre ses projets sur Berlio , et il était im–
patient de savoir ce que Je maréchal Ney aurait
fait de ce coté.
Ce maréchal, envoyé pour prendre le com–
mandement des mains du maréchal Oudinot,
était arrivé le 5 scptembre
a
Wittenberg, jour
méme ou Napoléon s'acheminait sur Bautzen, et
voulant se mettre en marche des le
!:>
au plus
tard,
il
avait passé la r evue de ses trois corps
d'armée, qui depuis l'échec de Gross-Beeren
nvaient beaucoup perdu en matériel, en force
numérique, en dispositions morales.
Le matériel , on l'avait remplacé au moyen du
vaste dépót de Wittenberg; la force numérique,
oo n·avait pas pu la rétablir, car une douzaine
de mille hommes étaient les uns morts ou blessés
sur le champ de bataille de Gross-Beer en, les
autres dispersés sur les routes dans un état de
complete débandade. On avait ramassé ceux
d'entre eux qui étaient Franc;ais, et on leur
avait remis un fusil
a
l'épaule, mais c'était le
moindre nombre, et c'est tout au plus si les trois
corps d'armée, la cavalerie du duc de Padoue
comprise, présentaient en Iigne 52 mille hom–
mes, au lieu des 64 mille qu'ils comptaient
a
la
reprise des bostilités. Quant aux dispositions
morales, ils n'avaient plus cctte aveugle con–
fiance en eux-memes que les journées de Lutzen
et de Bautzen leur avaient inspirée, et que Je
premier écbec essuyé venait d'ébranler profon–
clémcnt. Les chefs n'étaient pas satisfaits. Le
maréchal Oudinot, quoique aya nt désiré d'etrc
exonéré du commandement, ne pouvait pas voir
avec plaisir l'envoi du maréchal Ney, qui sem–
blait etre une condamna tion de sa conduite. Le
général Reynier mécontent du maréchal Oudi–
not, tout pret
a
l'etre du maréchal Ney, joigoant
a
sa propre humeur celle des Saxons qu'il com–
mandait
7
ne pouvait pas etFe
UD
lieutenant
animé de bien bonpe volonté, quoique toujours
disposé
(l
faire son dcvoir sur Je champ deba–
taille. Le général Bertrand enfin, invariable–
ment dévoué au service de l'Empereur, était
celui duquel Je marécbal Ney avait le moins
a
craindre, bien qu'il eut espéré une position
plus indépendante que celle qui lui était échue.
Du reste, Je maréchal Ney , n'ayant presque
jamais exercé le commandement en chef, quoique
ayílnt cu sous ses ordres directs de nombreux
rassemblements de troupes , ne r egardant guere
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