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LIVRE
CJNQUANTIEME.
opérant par la rive gauche de l'Elhe. Si, au con–
traire, changean t de marche, elle attaquait par
Ja rive droite , Poniatowski, Macdonald, Napo–
Jéon lui-meme, se rabattailt sur elle, seraient en
mesure de l'accabler. Ces dispositions si savantes
une fois ordonnées, il expédia, le 2 septembrc, la
cavalerie de la garde sous Nansouty, avec deux
divisions d'infanterie de la jeune garde sous
Curial, et les porta sur Krenigsbruck,
a
gauche
de la route de Bautzen , dans la direction de
Hoyerswerda. (Voir
la
carte nº 08.) 11 comptait
Ie 5 faire partir la vfoille garde de Dresde, et le
reste de Ja jeune gardc de Pirna, toujours dans
la
meme direction. Le 4, il avait le projet de
partir Jui-meme pour se rendre de sa pcrsonne
a
Hoyerswerda.
l\f.
de Bassano devait restcr a
Dresde, informé de tout, mcme des mouvements
militaires qu'il compr enait su:ffisamment bien,
afin qu'avec celte act-ivité dévouée qui rachetait
chez luí une soumission trop aveugle, il (PÍlt
transmettre a chacun et toujours
a
tcmps !'avis
de ce qui l'intéressait.
Le 5 septembre au matin, Napoléon était oc–
cupé a donner ses ordres, lorsqu'il rc<;ut de
Bautzen des dépeches pressées du maréchal l\fac–
donald. Ce maréchal était, suivant l'exprcssion
de Napoléon, tout
a
fait
déconte.nancé
par la
marche véhémente de Blucher sur lui . Blucher,
qui n'était pas homme
a
s'arreter dans un suc–
ccs, s'était h:ité, des que les eau x avaient un peu
baissé, de se portcr en avant, pour tirer les plus
grandes conséquences possibles de l'événcment
si heureux pour lui de la Katzbach. Pla<;ant son
infanterie partie vers les montagnes, partie sur
la grande route de Brcslau
it
Drcsde, lnn<;:rnt son
immense cavalerie dans les plaines humidcs
qu'arrosent successivcment Je Bobcr, la Preiss, la
Neisse, Ja Sprée,
il
avait, en débordant constsm–
ment le fl anc gauche du maréchal l\Iacdonald,
obligé eelui-ci
a
rétrograder de Lowcnberg sur
Lobau , de Lobau sur Gorlilz. Il disposait de
80 millc hommes contre Macdonald, qui n'en
avait pas conservé 50 mille armés, et qui n'avait
pu s'en proeurer 60 mille en état de eombatlre,
qu'en retirant Poniatowski du débouch é de
Zittau. Le maréchal l\1aedonald, malgré son in–
trépidité connue, craignait que le décourage–
ment chez ses soldat.s, l'aigreur de
la
défaite
ehcz ses généraux, l'impulsion rélrograde ehcz
tous, n'entrainat de nouveaux malhcurs.
n
de–
mandait des secours a grands eris. Il se pouvait,
a
l'entendre, que sous vingt·quatre heures
il
fUt ra–
mené de Gorlitzsur Bautzen, peut·ctresur
Drcs~e.
Napoléon, qui ne mettait pas beaucoup de
temps
a
prendr e son partí, jugea que ce n'était
pas le moment de se porter sur Hoyerswerda ,
e'est-a-dire
a
ga uebe de la grande route de Silé–
sie et dans le flanc de Blucher, car l\facdonald
était lrop vivement pressé pour perdre une heure
a
manreuvrer. Secourir ce dernier direetement,
par
la
voie la plus courte, était la seule manreu–
vrc adaptée aux circonstances. Napoléon comp–
tait le joindre
a
Bautzen, le ranimer, lereporter
en avant, et culb uter Blucher au dela de la Neisse,
de Ja Queiss et des rivicres qu'il avait dépassécs.
Napoléon cherch ant surtout une bataille contre
ceux de ses ennem is qui oseraient r ester
a
portée
de son hras, espérait Ja trouver dans cctte nou–
velle rencontre avec Blucher, et
il
se figurait que
celui-ci, lancé comme
il
l'était, ne pourrait pas
s'arreter assez vite pour nous échapper encore
une fois.
Sa résolution étant ainsi prise,
il
fit
redrcsser
le mouvement imprimé la veille aux deux divi–
sions de la jeune garde et
a
la cavalerie qui les
suivait. 11 les avait dirigées sur Krenigsbruek,
il
les ramena de Krenigsbrtrck sur Bautzen par
Camenz. (Voir la carle nº ))8.) Il
fit
partir tout
de suite
fo
vieille garde de Dresde pour Bischofs–
werda, et pour Stolpen le reste de la
jeu.negarde qui sous 1\forlier attendait ses ordres
a
Pirna. Le meme mouvement direet sur Bautzen
fut prescrit
a
la eavalcrie de r éserve de Latour–
l\1aubourg, et
a
l'infanterie du maréelial Mar–
mont. l\Jises en route le matin du 5, les troupes
devaient etrc le soir
a
Bischofswerda, le lende–
main 4
a
Baulzen. Napoléon se disposa lui-meme ·
a
quitter Dresde dans la nuit du 5 au 4, em–
ploya nt selon son usage· la journée entiere
a
ex–
pédier ses ord rcs, et se r éservant pour dormir
Je temps qu'il passeraH en voiture. 11
fit
préve–
nir l\1acdomild du mo uvement considérable qui
s;opéra it vers Bautzen, lui recommandale seeret,
afin que Illucher non pré\
1
enu donnat en plein
dans le gros de J'armée
fran~aise.
II défendH
a
Drcsde qu'on laissa t passer par les ponts meme
~
un seul p aysan , espérant empceher ainsi que la
nouvellc du départ do la garde ne parvint
a
Blu–
chcF, et cnfin
il
manda au maréchal Ney que, se
délourna nt un momen t d'Hoyerswerda,
il
serait
de re tour dans cette direction sous trois ou
qualre jours, etqu'il lui assignait toujours Baruth
eomme point de réunion, d'ou l'on partirait ulté–
ricurcment pour Berlin.
Le 5 scptembre au soir, Na poléon quitta
Dresde, s'arreta quelques heures
a
Harta, et