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LEIPZIG ET' HANAU. -

AOUT

i8i:5.

205

dait, en effet, et méritajt l'entiere confiance de

Napoléon qui l'avait toujours aupres de lui , soit

pour les coups de vigueur, soit pour les missions

qui exigeaient du jugement, de l'exactitude, de

la

franchise. Ce soldat intrépide et spirituel, si

connu des hommes de notre génération, joi–

gnant

a

une taille de grenadier' a une figure de

dogue, la plus profonde finesse, se tirait de

toutes les missions que lui confiait Napoléon

sans le tromper et saos lui déplaire, s'arran–

geant pour dire la vérité saos compromettre ni

lui ni les autres. A son extreme adressc,

a

sa

rare bravoure,

il

réunissait le talent et le gout

de l'organisation des troupes , daos laquelle il

cxcellai·t. On ne pouvait pas mieux choisir pour

rendre au 1

er

corps !'esprit militaire qu'il avait

du perdre daos le désastre de Kulm. Napoléon

distribua ce corps en trois divisions de dix ba–

taillons chacune, lui restitua la moitié de la di–

vision Teste qu'on en avait momentanément dé–

tournée , lui óta la brigade de Reuss qu'on lui

avait aussi momentanément pretée, et, soit avec

les soldats rentrés , soit avec quelques batail–

lons de marche ·ventfs de l\iaycnce, luí procura

encore un effectif d'environ

18

mille hommes.

11 puisa daos les arsenaux de Drcsde, ou un im–

mense matériel avait été amené par ses soins,

de quoi remplacer les fu sils perdus et les soixante–

douze boucbes

a

feu abandonnées sur le champ

de bataille de Kulm. Il fournit des soulicrs, des

vetements a ceux qui en manquaicnt , et n'oublia

rien pour remettre le moral des bommes, soit

par des encouragemen ts, soit par des revues,

soit par ces petites satisfactions matérielles qui

composent le bonheur du soldat. Le comte de

Lobau fut chargé d'opérer cette résurrection en

quelques jours, Napoléon entendant se servir du

1

er

corps pour la défense de Dresde pendant sa

prochaine absence.

Quant

a

la conservation de Dresde, il y pour–

vut de la maniere suivante . Au lieu·d'y laisser le

14° corps seul, comme lorsqu'il avait marché sur

la Silésie ,

il

laissa le 14° ( maréchal Saint-Cyr)

au camp de Pirna, le

2e (

maréchal Víctor) a

Freyberg, etle1er enfin (comte de Lobau) dans

l'intérieur meme de Dresde, ou celui-ci aurait

plus de facilité pour se réorganiser. Le 14e corps,

qui, en recouvrant la 42e division, en avait des

Jorsquatre, dut garder Koonigstein et Lilienstein,

le pont de I'Elbe jeté entre ces deux forts, le

camp de Pirna, le défilé de Péterswalde et les

débouchés secondaires de la Boheme qui ve–

naient tomber sur la droite de

1a

chaussée de

Péterswalde. Le maréchal Victor,

a

Freyberg

1

veillait

a

la fois sur la grande chaussée de Frey–

berg, et sur le chemin de Tooplitz par Altenberg.

La cavalerie de Pajol galopait entre deux pour

exercer une active surveillance. En cas de nou–

velle apparition de l'armée de Boheme, ces deux

corps avaient ordre d'opposer une résistance

modérée, suffisante seulement pour retarder ,

saos se compromettre, Ja marche de l'ennemi, et

de se replier sur Dresde en y donnant l'éveil.

Ils devaient venir se placer, Saint-Cyr sur la

gauche du camp retranché, ou

il

avait déja com–

battu vaillamment le 26 aout, Víctor sur la

droite, ou il avait décidé le gain de la batailJe

du 27. Attaqués sérieusement, ils avaient ordre

de rentrer derriere les redoutes, qui avaient été

porlées de cinq

a

huit et beaucoup mieux

31'–

mées. Napoléon , pendant l'attaque de Dresde,

ayant remarqué plusieurs défectuosités daos

leur établissement, avait nommé un comman–

dan t spécial pour chacune d'elles, augmenté

leur arlillcrie , préparé des artilleurs de re–

cbange pour les servir, défendu de laisser daris

aucune des caissons de munitions, et fai t con–

slruire, avec des sacs

a

terre, des especes de ré–

duits pour tenir lieu de magasins a pou dre pen–

dant le combat. Il avait distríbué leur armement

en artillcrie de position nécessairement immo–

bilc, et en artillerie attelée qu'on porterait de la ·

rive droite

a

la rive gauche de l'Elbe, selon

qu'on serait attaqué par l'une ou par l'autre. Il

avait soigneusement recommandé qu'on tint des

troupes en réserve derriere chaque redoute,

pour reprendre

a

l'instant celle qui serait enle–

vée, et enfin, il avait décidé que le 1

er

corps ,

sous le comte de Lobau, serait placé tout entier

en réserve derricre les corps de Saint-Cyr et de

Víctor, pour déboucher au dernicr moment,

ainsi qu'avait fait la garde, le 26 aoút, sur I'en–

nemi qui se croirait victorieux . C'était, comme

on le voit, une répétition fort améliorée de la

journée du 26, et qui promettait le meme suc–

ces, car les trois corps de Saint-Cyr, Victor et

Lobau réunissaient pres de 60 mille hommes,

c'est-a-dire plus que Napoléon n'en avait eu

pour résister le 26 aux

~00

mille de l'armée de

Boheme. Ajoutant cette circonstance, qu'au lieu

d'etre a quatrc ou cinq journées, comme

il

était

Jors de la premiere apparition de l'ennemi, ·i'l ne

serait plus qu'a dcux en se

pla~ant

a Hoyers–

werda, Ñapoléon s'éloignait sans inquiétude

pour la conservation de Dresde, si l'armée de

Boheme renouvelait sa récente manoouvre, en

..