LEIPZIG ET HANAU. -
SEPTEillBRE
1815.
205
arriva le lendemain matin a Bautzen. Il s'était
fait précéder par 70 fourgons, portant des muni–
tions, des fusils, des souliers, afin de rendre
aux soldats du maréchal Macdonald une partie
de ce qu'ils avaient perdu. Il traita bien le maré–
chal Macdonald, sans s'appesantir sur les fautes
qui avaient pu etre commises a la Katzbach,
tenant grand compte
a
tout le monde des cir–
constances difficiles oú l'on se trouvait, et sachant
qu'en pareille situation il fallait rcmonter les
creurs en les eneourageant, au lieu de les abattre
en les chagrinant par d es reproches. D'ailleurs
le maréchal Macdonald inspirait tant d'estime,
que le reproche eut expiré sur la bouche, si par
hasard on eut été tenté de lui en adrcsscr. Loin
de se montrer Napoléon se cacha, voulant allen–
dre pour se laisser voir que la cavalerie de la
garde et de Latour-1\faubourg füt arrivéc, et
qu'on put fondre sur Blucher avec des forces
suffisantes.
Malheureusement au milieu de ces populations
germaniques ou nous ne comptions plus que des
ennemis, meme parmi celles que notre présencc
for~ait
a rester alliées, il n'y avait de secrct pos–
sible qu'au profit de nos adversaircs. Plusieurs
avis envoyés de Dresd e, soit pour l'armée de
Silésie, soit pour l'armée de Boheme, avaicnt
déja fait savoir, non pas les
d~sseios
de Napo–
léon, que lui seul _et ses principaux lieu tcnants
connaissaient, mais les mou vcments de la garde
commencés des le 2 au matin. Cette indication
suffisait pour qu'on devinat que Bluchcr allait
devenir le -but des coups de N::ipoléon. Aussi
le
général prussien , tout fougueux qu'il était, fidele
au plan de se dérober aussilót que Napoléon
apparaitrait, se préparait a rétrogradel', et, s'il
n'avait pas déja battu en r etraite, s'avanr;ait
cependant d'une maniere moins vive. Parvenu
a
Gorlitz, il avait poussé ses avant-gardes sur
Bautzcn, mais avait arrelé son corps de bataille
a
Gorlitz meme, et de sa personne était vcnu
se placer sur une hattteur qu'on appelle Je J,ands–
Crone, et d'ou l'on
aper~oit
toute la contrée de
Gorlitz
a
Bautzen.
Le 4 seplembre, vers le milieu dujour, La tour·
Maubourg et Nansouty élant arrivés, Murat
s'était mis
a
la tete de leurs escadrons, et avait
fondu au galop sur les avant-gardes de Blucher
rencontrées vcrs la chute du jour aux environs
de Weissenberg. D'immeascs tourbillons de
poussiere avaient annoncé son approche, et sur–
le-champ,
a
cette vive impulsion, Blucher avait
reconnu la présence du rnaitre, sous les yeux
duquel on ne i·étrogradait jamais. Ses avant–
gardes, vigoure11sement assaillies, furen t rame–
nées en arriere, en perdant quelques centaines
d'hommes. La nui t suspendit la poursuite. Blu–
cher prit immédiatement la résolution de repas–
ser la Neissc le lendemain, et de ne Jaisser
a
Gor–
lilz qu'une arriere-garde, laquelle occuperait la
ville située de notre cóté, pendant qu'on pré–
parerait tout pour détruire les ponts.
Le lendemain matin
?:>,
Napoléon a la tete de
ses avant-gardes se porta en avant de Reichen–
bach, pour voir s'il pourrait enfin saisir les Prus–
siens de maniere a leur óter le gotit de revenir
si vite apres son départ. l\1ais au premier coup
d'ooil il eut Je déplaisir de reconnaitrc q ue Blu–
cher allait eneore, comme les 22 et 25 aout, se
soustraire a no tre approche. Il
fit
en efiet mar–
chcr en avant, et sa seule satisfaction en péné–
trant
a
Gorlitz fut de prendre ou tuer un millier
d'ennemis. Apres avoir traversé la ville au pas
de course, on trouva les ponts 'de la Neisse cou–
pés, et l'arriere-garde prussienne achevant de
dét.ruire cclui dont elle s'était servie pour se dé–
robcr
a
nos coups.
Des ce moment
il
fut évident pour Napoléon
que tout ce qu'il gagnerai t
a
poursuivre plus
longtcmps les alliés, ce serait de fatiguer inutile–
ment ses troupes, et de meltre une plus grande
distance entre lui et Dresde. Il résolut done de
s'::irreter
a
Gorlitz, d'y passer deux ou trois jours
pour y rétablir les ponts, pour
y
faire reposer
ses soldats, et y ranimer par sa présence le corps
de l\faedonald dont le moral était fort ébranlé.
.l\Iais lcsoir meme du
o,
des dépeches arrivées
de Dresde dans la journée vinr ent eaeore chan–
gcr sa délcrmination , et l'obliger a ne pas meme
passer
a
Gorlitz les dcux ou trois jours qu'il au–
r ait voulu y demeurer. On lui
annon~aiL
en efiet
une nouvelle apparition de l'armée de Boheme
sur la route de Péterswalde, c'est-a-dire sur les
derricresde Dresde, exaetement comme
a
l'époque
récente des batailles des
26
et 27 aout. C'était
eneore l'officiel' d'ordounance Gourgaud q ui était
l'orgaoe des crainles du maréehal Saint-Cyr, et
Je narrateur trop animé de ce qui avait eu lieu a
Dresdc. Était-ce une descente véritable de l'ar–
mée de Boheme, voulant essayer une seconde
attaque sur Dresde, malgré le rude accueil qu'a–
vait rci;u la prcmiere? ou bien n'était-ce pas
plutót une vaine démonslration de sa part,
~t
n'était-il pas vraisemblable qu'iostruite
a
temps
du rnouvement de Napoléon sur Bautzen, elle
voulait le rappeler
a
Dresde, se jouer ainsi de la