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LIVRE CINQUANTJEME.
promptitude de ses déterminations, de !'agilité
de ses soldats, fatiguer lui et eux, les épuiser en
mouvernentsinfructueux tantót contre une armée,
tantót contrc l'autre, en ne leur accordant jamais
l'avantage d'approcher assez pres d'aucune d'clles
pour l'atteindre et la battre? Cette derniere
supposition était la plus vraisemblable, et si Na–
poléon avait eu la chance- de joindre Bluchcr, il
ne se serait pas détourné de cet ennemi pour
courir au prince de Schwarzenherg, avec certi–
tude de ne-. .R_as le rejoindre. 1\falheureusement
Napoléon ne faisait aucun sacrifice en s'arretant,
puisque Blucher, aussi prompt
a
marcher en ar–
riere qu'en avant, était déja hors de portée, et il
était naturel que, n'ayan t ríen de bien utile
a
faire
a
Gorlitz,
il
r eviot
Ja
ou
UD
symptóme de
danger, quelque léger que
fU t
ce symptóme, ou
une espérance de bataille, quelquc douteuse que
ftit cette espérance,
~
présentait en ce moment.
11 ordonna done
a
sa garde de ne pas aller¡ Ius
loin et de se reposer' pour etre pretc
a
cxécuter
ses ordrcs le lendemain, et il retourna lui-meme
de Gorlitz
a
Bautzen pour se rapprocher des
nouvelles, et apprécier plus surement la valeur
des renseignements qu'on Iui envoyait du camp
de Pirna. Ne perdant pas un instant, il voyagea
toute la soirée et la nuit, et fut rendu
a
Baulzen
le 6,
a
deux heures du matin. Certes, on ne pou–
vait pas déployer plus d'activité et moins regar–
der
a
la fatigue, car, sorti de Dresde le 5 sep–
tembre au soir, anivé le 4 au matin
a
Bautzen,
ayant couru le 4 meme jusqu'a Weissenbel'g, Je
5 jusqu'a Gorlitz, il revenait dans la nuit du 5 au
G
a
Bautzen. Par malheur ses troupes allant
a
pied ne pouvaient suivre que de tres-loin la rapi–
dité de ses mouvements.
Napoléon trouva en effet
a
Bautzen les détails
mandés par M. de Bassano au nom du maréchal
Saint-Cyr, et d'apres lesquels
il
paraissait que la
grande armée de Boheme avait débouché brus–
quement de Péterswalde, la droite sur Pirna , le
centre sur Gieshübel, la gauche sur Borna, avec
toute l'apparence d'une résolution sérieuse, et
une tclle vigueur d'attaque, que le maréchal
Saint-Cyr ava it cru devoir, en se retirant avcc
ordre, replier néanmoins ses quatre dívisions.
En présence de tels avis, surtout rien d'utile ne
le retenant
a
Bautzen, Napoléon répondit qu'il
allait partir immédiatement, de maniere
a
etre
le soir meme du 6
a
Dresde, et qu'il se ferait
suivre par toutesa garde. Cependant, n'étant pas
facile
a
tromper, et ne prenant pas encore comme
tres-s 'rieuse cette nouvellc démonstration,
il
donna ses ordresen conséquence de ce qu'il pen–
sait. Ayant toujours en vue son mouvement sur
Hoyerswerda, d'ou
il
pourrait
a
la fois soutenir
Ney vers Berlín, et contenir Blucher vers Gor–
li tz,
i1
neramena décidémcnt vers Dresde que la
garde seule, jeune et vieille, comptant pres de
40 mille hommes de toutes armes. 11 dirigea
Marmont, qui était en marche pour Je rejoindre,
vers Camcnz et Kren igsbruck, d'oU.
il
serait aisé
de
le
rappeler
a
Dresde ou de le pousser sur
Hoyerswerda. Il lui adjoignit un fort détache–
ment de cavalerie, pour donner la chasse aux
Cosaques, et le licr avcc Ney et Macdonald. 11
recommanda au maréchall\lacdonald, apresavoir
replacé Poniatowski au débouché de Zittau, de
se bien établir Jui-meme
a
Bautzen, de réarmer
ses soldats débandés, et de tacher enfin ) avec un
cffectif qu'il pouvait reportcr
a
70 mille hommes
s'il parvenait
a
ressaisir ses rnaraudeurs, de gar–
der au moins la ligne de la Sprée. Il était permis
d'espérer que, n'étant plus
a
cinq journées de
Dresde, mais
a
deux, Macdonald serait moins
prompt
a
rétrograder, et Blucher
a
s'avancer.
Le maréchal Macdonald , avec une modestie qui
l'honorait, supplia fort Napoléon de l'exonérer
du commandement en chef, offrant de rester
commc divisionnaire
a
la tete du 11
e
corps·, et de
s'y faire tucr,maisne voulant plus d'une respon–
sabilité trop lourde, et se plaignant peut-etre
avec }'jnjustice du malheur du peu de concours
de ses lieutenants. Napoléon n'avait plus le choix,
car les généraux disparaissaient comme les sol–
dats, par suite de l'affreuse consornmation qu'il
faisait des uns et des autres. ll écouta Macdonald, .
le consola, le traita cornme il aurait traité un gé–
néral victorieux, et apres l'avoir encouragé de
son mieux, partit pour Drcsde, ou il arriva le 7
au matin. 1"1. de Bassano était vcnu
a
sa rencon–
tre pour employer le ioisir de la route
a
l'entre–
tenir des affaires de l'Empire et des informations
venues du quartier général du maréchalSaint-Cyr
sous Pirna.
Apres avoir séjourné une heure ou deux
~ª
Dresde , il parti
t
pour Pirna , et s'arreta pres de
Mugeln, ou se trouvaient les arriere-gardes du
maréchal Saint-Cyr. Voicice qu·i s'était passé dé
ce cóté. Les Prussiens et les Ru:;ses) sans les Au–
trichiens, avaient débouché de BohCme par
la
grande route de Péterswalde, dont nous avons
déja fait connaitre la configuration , avaiant es–
sayé d'enlever d'un coté le plateau de Pirna , de
l'autrc le platcau de Gieshübel, et avaient poussé
deva nt eu'x les quatrc divisions de Saint-Cyr qui