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206

LIVRE CINQUANTJEME.

promptitude de ses déterminations, de !'agilité

de ses soldats, fatiguer lui et eux, les épuiser en

mouvernentsinfructueux tantót contre une armée,

tantót contrc l'autre, en ne leur accordant jamais

l'avantage d'approcher assez pres d'aucune d'clles

pour l'atteindre et la battre? Cette derniere

supposition était la plus vraisemblable, et si Na–

poléon avait eu la chance- de joindre Bluchcr, il

ne se serait pas détourné de cet ennemi pour

courir au prince de Schwarzenherg, avec certi–

tude de ne-. .R_as le rejoindre. 1\falheureusement

Napoléon ne faisait aucun sacrifice en s'arretant,

puisque Blucher, aussi prompt

a

marcher en ar–

riere qu'en avant, était déja hors de portée, et il

était naturel que, n'ayan t ríen de bien utile

a

faire

a

Gorlitz,

il

r eviot

Ja

ou

UD

symptóme de

danger, quelque léger que

fU t

ce symptóme, ou

une espérance de bataille, quelquc douteuse que

ftit cette espérance,

~

présentait en ce moment.

11 ordonna done

a

sa garde de ne pas aller¡ Ius

loin et de se reposer' pour etre pretc

a

cxécuter

ses ordrcs le lendemain, et il retourna lui-meme

de Gorlitz

a

Bautzen pour se rapprocher des

nouvelles, et apprécier plus surement la valeur

des renseignements qu'on Iui envoyait du camp

de Pirna. Ne perdant pas un instant, il voyagea

toute la soirée et la nuit, et fut rendu

a

Baulzen

le 6,

a

deux heures du matin. Certes, on ne pou–

vait pas déployer plus d'activité et moins regar–

der

a

la fatigue, car, sorti de Dresde le 5 sep–

tembre au soir, anivé le 4 au matin

a

Bautzen,

ayant couru le 4 meme jusqu'a Weissenbel'g, Je

5 jusqu'a Gorlitz, il revenait dans la nuit du 5 au

G

a

Bautzen. Par malheur ses troupes allant

a

pied ne pouvaient suivre que de tres-loin la rapi–

dité de ses mouvements.

Napoléon trouva en effet

a

Bautzen les détails

mandés par M. de Bassano au nom du maréchal

Saint-Cyr, et d'apres lesquels

il

paraissait que la

grande armée de Boheme avait débouché brus–

quement de Péterswalde, la droite sur Pirna , le

centre sur Gieshübel, la gauche sur Borna, avec

toute l'apparence d'une résolution sérieuse, et

une tclle vigueur d'attaque, que le maréchal

Saint-Cyr ava it cru devoir, en se retirant avcc

ordre, replier néanmoins ses quatre dívisions.

En présence de tels avis, surtout rien d'utile ne

le retenant

a

Bautzen, Napoléon répondit qu'il

allait partir immédiatement, de maniere

a

etre

le soir meme du 6

a

Dresde, et qu'il se ferait

suivre par toutesa garde. Cependant, n'étant pas

facile

a

tromper, et ne prenant pas encore comme

tres-s 'rieuse cette nouvellc démonstration,

il

donna ses ordresen conséquence de ce qu'il pen–

sait. Ayant toujours en vue son mouvement sur

Hoyerswerda, d'ou

il

pourrait

a

la fois soutenir

Ney vers Berlín, et contenir Blucher vers Gor–

li tz,

i1

neramena décidémcnt vers Dresde que la

garde seule, jeune et vieille, comptant pres de

40 mille hommes de toutes armes. 11 dirigea

Marmont, qui était en marche pour Je rejoindre,

vers Camcnz et Kren igsbruck, d'oU.

il

serait aisé

de

le

rappeler

a

Dresde ou de le pousser sur

Hoyerswerda. Il lui adjoignit un fort détache–

ment de cavalerie, pour donner la chasse aux

Cosaques, et le licr avcc Ney et Macdonald. 11

recommanda au maréchall\lacdonald, apresavoir

replacé Poniatowski au débouché de Zittau, de

se bien établir Jui-meme

a

Bautzen, de réarmer

ses soldats débandés, et de tacher enfin ) avec un

cffectif qu'il pouvait reportcr

a

70 mille hommes

s'il parvenait

a

ressaisir ses rnaraudeurs, de gar–

der au moins la ligne de la Sprée. Il était permis

d'espérer que, n'étant plus

a

cinq journées de

Dresde, mais

a

deux, Macdonald serait moins

prompt

a

rétrograder, et Blucher

a

s'avancer.

Le maréchal Macdonald , avec une modestie qui

l'honorait, supplia fort Napoléon de l'exonérer

du commandement en chef, offrant de rester

commc divisionnaire

a

la tete du 11

e

corps·, et de

s'y faire tucr,maisne voulant plus d'une respon–

sabilité trop lourde, et se plaignant peut-etre

avec }'jnjustice du malheur du peu de concours

de ses lieutenants. Napoléon n'avait plus le choix,

car les généraux disparaissaient comme les sol–

dats, par suite de l'affreuse consornmation qu'il

faisait des uns et des autres. ll écouta Macdonald, .

le consola, le traita cornme il aurait traité un gé–

néral victorieux, et apres l'avoir encouragé de

son mieux, partit pour Drcsde, ou il arriva le 7

au matin. 1"1. de Bassano était vcnu

a

sa rencon–

tre pour employer le ioisir de la route

a

l'entre–

tenir des affaires de l'Empire et des informations

venues du quartier général du maréchalSaint-Cyr

sous Pirna.

Apres avoir séjourné une heure ou deux

Dresde , il parti

t

pour Pirna , et s'arreta pres de

Mugeln, ou se trouvaient les arriere-gardes du

maréchal Saint-Cyr. Voicice qu·i s'était passé dé

ce cóté. Les Prussiens et les Ru:;ses) sans les Au–

trichiens, avaient débouché de BohCme par

la

grande route de Péterswalde, dont nous avons

déja fait connaitre la configuration , avaiant es–

sayé d'enlever d'un coté le plateau de Pirna , de

l'autrc le platcau de Gieshübel, et avaient poussé

deva nt eu'x les quatrc divisions de Saint-Cyr qui