Table of Contents Table of Contents
Previous Page  212 / 616 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 212 / 616 Next Page
Page Background

202

LIVRE CINQUANTIEME.

précises. Voici

a

quel plan général correspon–

daient ces instructions.

Napoléon lui prescrivit, apres avoir réuni et

ranimé les 7

6 ,

4e

et

12e

corps (Je maréchal Ou–

dinot devait garder le commandement direct de

ce dernier), de se rendre

a

Baruth, a deux jour–

nées de Berlín, et d'y attcndre les ordres du

quartier général. Quant a Jui personnellement,

i1

résolut de se rendrc a Hoyerswerda? distant

de trois journées de ' Baruth, et de dcux jour–

nées de Dresde, avcc la garde, la plus grande

partie de la réserve de cavalerie, et Je corps de

1\farmont. Posté la en Lusace, entre Berlín et

Gorlitz, il pouvait a volonté, ou se porter a

gauche sur Berlín , et aider Ney

a

pénétrer dans

cette ville, ce qui revenait a son vaste plan du

50 au matin , ou se jeter

a

droi te dans le flan e de

Blucher et l'accabler , si ce dernier, continuant

a

presser Macdonald, devenait inquiétant pour

Dresde. 11 était impossible assurément

d'i~agi­

ner une combinaison plus savante et plus appro–

priée aux circonsta·nces , car Napoléon était

certain en joignant l'un de ses deux lieutenants,

cclui qui ·faisait face a Bcrnadotte, ou celui qui

faisait facc a Blucher, de rendre l'un ou l'autre

victorieux. Seulement

il

ne se pla<¡ait celte fois

qu'a deux petites journécs de Dresde, dans le

doute ou il était sur les dispositions de l'armée

de Boheme. Si elle avan<;:ait de nouveau, remise

de la défaite de Dresde par le succes de Kulm,

il

revenait tout de suite lui porter un second

coup comme celui du 27 aout. Si c'était Blucher

qui se montrait audacieux, il tombait d'Hoyers–

werda dans son flanc, et le renvoyait pour long–

temps sur l'Oder. Et en.fin si aucune des armées

de Silésie et de Boheme ne se montrait entre–

prenante,

il

pouvait d'Hoyerswerda pousser Ney

sur Berlín, sans meme l'y suivre. II suffisait en

effet qu'il l'appuyat j usqu'a Baruth, car l'impé–

tueux Ney, se sentant une pareille arriere–

garde, était bien capablc de se ruer sur Bcrna–

dotte, de lui passer sur le corps, et d'entrer

a

.Berlín. Une fois ce grand acle accompli, Napo–

léon était libre de retourner a Hoyerswerda, d'ou

il menaccrait .Blucher ou Schwarzcnberg, celui

des deux en un mot qui essayerait quelquc

chose. Tout était non-seulement profond, mais

vrai, juste dans ces combinaisons, et il n'y en

avait pas une qui dix ans auparavant n'cut réussi

d'une maniere éclatante, quand nos soldats

1

On apreté sur celle époque

a

Napoléon, fauLe -de connait1·c

sa co1·respondance et celle ele ses Jieutenants, les ¡wojels les

plus chiméi'iqucs el les moins raisonnables. Mais gráce

,11

la

étaient

a

l'épreuve des dures alternatives de la

guerre, quand nos généraux étaient pleins de

confiance, quand Napoléon

ne

doutait pas plus

des autres que de lui, quand ses enncmis, moins

résolus a vaincre ou a mourir, n'étaient pas dé-:

cidés a persévérer meme au milieu des plus

grandes défaites

!

Mais aujourd'hui, dans l'état

moral de nos ennemis et de nous-memes, tout

était incertain, meme avec des soldats et des gé·

néraux restés héro'iques

1

Apres avoir donné les ordres convenables,

Napoléon

fit

les plus habiles dispositions pour

qu'en son absence Dresde ne demeurat pas dé–

couvert. D'abord

il

réorganisa le corps d·e Van–

damme, dont

iI

était déja rentré de nombreux

débris. Outre la 42° division, restituée au maré–

chal Saint-Cyr, laquelle avait assez peu souffert,

quinze mille hommes environ de toutes armes,

et appartenant au

f er

corps, étaient revenus, ou

isolément ou en troupe. Tout ce qui était Fran–

<¡ais avait

r~joint

le drapeau , sauf les hommes

hors de combat ou pris par l'ennemi. On avait

perdu le matériel d'artillerie et malheureuse–

ment quelques-u ns des officiers les plus distin–

gués. On ne savait pas ce qu'étaient devenus

Haxo et Vandamme : on allait jusqu'a les croire

morls l'un et l'autre. Le secrétaire du général

Vandamme ayant reparu, Napoléon

fit

saisir les

papiers du général pour en extraire sa corres–

pondance militaire, et enlever la preuve des

ordres envoyés a cet infortuné. Napoléon eut

meme la faiblesse de nier l'ordre donné de

s'avancer sur Treplitz, et sans toutefois accabler

Vandamme, en le plaignant au contraire, il écri,

vit

a

tous les chefs de corps que ce général avait

rc<¡u pour instruction de·s'arreter sur les hau–

teurs de Kulm, mais qu'entrainé par trop dºar–

deur, il s'était

engag~

en plaine, et s'était perdu

par exces de zele. Le récit authentique que nous

a·vons préscnté prouve

ln

fausseté de ces asser–

tions, imaginées pour conserver

a

Napoléon une

autorité sur les esprits, dont

il

avait en ce mo–

ment besoin plus que jamais.

Son prcmier soin fut de chercher pour ce

corps si maltrai t.é un chef aussi brave que Van–

damme, mais plus circonspect. Il choisit l'illus–

ti•e comte de Lobau, qui, a une rare énergie,

joignait un remarquablc discernement militaire

et un grand savoir-faire, cachés sous des formes

rudes et martiales. Le comte de Lobau possé-

possessiou et

il

l't!lu1le approfonclie de ectte correspondance,

nous uc lui attribuons aucun projet, aucun calcul, qui ne soieut

ce1·taias et coustates pa1· preuves authentiques.