LEIPZIGET HANAU. -
AOUT
1815.
{99
en
et.reébranlée. Chacun se reporta sur le point
de départ du matin, le
12·e
corps sur Thyrow, le
7" sur Wittstock. Le 12° était en bon état , le 7e
se trouvait désorganisé par la complete déroute
des Saxons. Plus de 2 mille de ces alliés avaient
été pris,
~vec
quinze bouches
a
feu; quelques
mille s'étaient débandés, les uns pour aller
joindre les Suédois, les autres pour s'enfuir sur
les derrieres. Quant au général Bertrand qui
dirigeait le
4e
corps,
il
avait fait d'assez grands
efforts pour surmonter la résistance de Tauen–
zien
a
Blankenfelde, et n'y avait point réussi. Il
ne l'aurait pu qu'en poussant ces e:fforts a !'ex–
treme, mais
il
le croyait inutile, pensant que le
succes du corps p1·iocipal
a
Gross-Bceren oblige–
rait Tauen:zien
a
décamper. De la sorte, chacun
avait combattu sans accord, sans concert, comp–
tant mal a propos sur son voisin, les uns sans
domm~ge
comme Bertrand et Oudinot, les autres
au contraire avec un dommage notable, commc
Je général Reynier.
Cependant eet échec, si on n'avait eu que des
tl'tmpes ex.clusivement
fran~aises
et d'un esprit
SÚI';
n'aurait pas pu etre suivi de grandes consé–
quences, car, apres tout, on n'avait pcrdu que
2 mille homrnes en ligne. MaiR avec une moitié
de l'effectif total en troupes italicnncs et alle–
mandes toujours pretes a nous quitter, et une
autre moitié de jeunes soldats
fran ~ais,
trop
confiants d'abord) et maintenaot tout étonnés
d'un 11evers,
il
était difficile de continuer a
s'avancer sur Berlin en présen ce de 90 mille
homrnes, sur le corps desquels il aurait fallu pas–
ser. Déja plus de 10 mille alliés, les uns Saxons,
les autrcs Bavarois, avaient quitté nos rangs et
couraient vers l'Elbe en poussant le cri de
Sauve
qui peut
!
Daos un paren état de choses le maré–
chal Oudinot pensa qu'il fallait hattrc en re–
traite, et se rapprocher de l'El'be. Le lcndemain,
24 aout,
il
commen<¡a son mouvement ré tro–
grade, l'exécuta en bon ordre, mais toujours
pressé vivement par les Prussiens, ivres de joie
et d'orgueil, accusant BernadoLte de trahison ou
de lacheté parce qu'il n'était pas aussi ardent
qu'eux, et courant sans le consulter
a
la pour–
suite de l'ennemi, plus vaincu a leurs ycux qu'il
ne J'était véritablement. Le maréchal Oudinot
aurait pu s'arreter et réprimer peut-etre leur
a11deur; toutefois, des qu'il n'était plus en mar–
che sur Berliu, et qu'il devait rcnoncer
a
l'espé–
rance d'entrer dans cettc capitale, risguer une
action douteuse avec des soldats ébranlés lui
parut peu sage, le résultat d'ailleurs ne pou-.
vant consister qu'a se maintenir entre Berlin et
\Vittenberg, dans un pays qui ne luí présentait
ni appui ni
r~ssources.
Il pri t done le partí Je
plus sur, celui de venir se placer sous le canon
de 'Vittenberg, ou
il
ét"ait assuré de ne courir
aucun danger, ou
il
couvrait l'Elbe, ou
il
avait
abondamment de quoi subsister, et pouvait enfin
remettre le moral de ses soldats. Il y arriva les
29 et 50 aout, toujours disputant fortement le
tcrrain
a
mesure qu'il rétrogradait. Pendant ce
temps, la division active de Magdebourg était
sortie de celte place sous la conduile du général
Girard, avait été assaillie par le général Hirschfeld
et les coureurs russcs de Czernicheíf, et bientot
accablée par le nombre, était rentrée dans Mag–
debourg apres avoir perdu un millier d'hommes
et quelqucs pieccs de canon . Au x envírons de
Hambourg, le maréchal Davoust, sorLi de la place
avec 50 mille hommes, dont 10 mille Danois ,
s'était avancé daos la direction de Schwérin,
for~ant
le corps anglo-allemand qu'il avai t de–
vant lui
a
se replier, et pret
a
lui passer sur Je
corps s'il apprenait un succes du maréchal Oudi–
not dans les cnvirons de Bcrlin. Mais, dans le
doutc, il était obligé
a
beaucoup de circonspec–
tion , et se conduisait de maniere
a
n'avoir pas
d'échec, surtout pas de désastre.
Des que le corps principal, celui du maréchal
Oudinot, n'avait pu pénétrer jusqu'a Berlin, la
réunion de plus de cent mille bommes dans celte
capitale, que Napoléon avait espérée, n'était plus
qu'un reve. Sans
dou~e
il
y avait eu quelques
fautes commises : le maréchal Oudinot n'avait
pas tenu ses corps assez réunis ; ses lieutena nts
n'avaient pas eu le gout de marcher ensemble,
et il avait cu Je tort de trop se preter
a
ce gout.
Certainement il y avait ces fautes
a
relever dans
l'exécuLion du mouvement sur Berlin; mais le
tort essentiel (il cst
a
peine nécessaire de le dire)
était
a
Napoléon, qu i avait trop rnéprisé ce qu'il
appelait Je
raniassis
de Bernadotte, qui lui avait
opposé a son tou r un vrai
ramassis,
ou pour une
moitié de Franc;ais prets a bien combattre, il y
11vait une moitié d'Allemands et d'Italiens prets
a
se débander, qui avait trop compté enfin sur
Ja jonction
a
Berlín de corps partant de points
aussi éloignés que Wittenberg, Magdebourg et
1-Iambourg. Évidernment le mieux cut été de ne
pas hasarder Oudinot sur Berlín, ce qui cut per–
mis de ne pas tenir Macdonald sur le Bobcr, et
ici comme toujours l'exagération des desseins
politiqucs chez Napoléon avait rendu caducs les
plans du général, réflexion qui devient oiseuse
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