LEJPZIG ET HANAU. -
AOUT
1815.
vis-a-vis de Lowenberg, pres <l e Zopten. La, ré–
duite de 6 mille hommes
a
5 mille par la fatigue,
Ja faim, le froid des nuits, l'abattemen t, elle fut
assailliepar lestroupes de Blucher, r efu sa de seren–
dre, se défendit vaiflamment, et finit par elre prise
ou détruite. L'infortuné Macdonald, plus infor–
tuné qu'elle encore , entendant de Buntzlau le
feu de l'artillerie, devinant l'aífreux sacrifice qui
se consommait , voulait avec quelques troupes
remonter par la rive droite
a
la hautcur de Zop–
ten, mais on lui
fit
sentir le danger, l'inutilité
peut-etre de ce seeours, et il fut obligé de laisscr
immoler sous ses yeux de malheurcux soldats
perdus
a
la suite de sa mauvaise étoile.
Le
50
on se trouva tous r éunis ur la gauche
du Bober, mais au nombre de
tiO
mille lrnmm s
au plus, au lieu de
70
mille qu'on était quelques
jours aupar
avant.etapres avoir laissé cent pieces
de canon dans les fange . Le fe u n'avait pas dé–
truit plus de 5 mille hommessur les
20
mille qui
manquaient; mais l'ennemi en avait r amassé 7
a
8 milie, et
il
y
n avai
t
9
a
1
o
mille débandés,
qui avaient jeté ou perdu leurs fu sil , et qui n'a–
vaient guere envíe d'en prendre d'autres. Une
lrop subite épreuve des souffrances de Ja guerre,
succé<lant
a
une confiance aveugle' avait tout
n
eoup r éveillé en eux le sentiment qu'ils éprou–
vaient en quittant leurs cbaumicres six mois au–
paravant , eelui de la haine con
t.rel'homme qui
les sacrifiait '
a
peine sortis de l'adolescence'
a
une ambition désordonnée. J3raves, ils l'étaicnt
toujours, et on pouvait tout atlendre d'eux si on
parvenait
a
les faire rentrer dans les rangs, mais
c'étail difficile. lrrités et dégou tés, ils aimaient
mieux vivre en pillant Je payscnnemiquerepren–
dre des armes pour un dieu cruel qui dévorait,
disaient-ils, leur jeunesse saos pitié et saos motif.
Macdonald se vitdonc sur Je Bober aveccinquante
mille soldats découragés , et neuf ou dix mille
trainards suivant l'armée, et allégu.ant le défa ut
de fusils pour ne pas r evenir au dra pcau. Po–
niatowski était resté saín et sauf'
a
Zilta u avec
ses dix milie Polonais.
Les causes de ce malheur étaient de diverses
natu res :
il
y en avait d'accidentelles, il y en avait
de générales. Les causes accidentelles, c'étaient
lemauvais temps, l'ordre équivoque au mar échal
Ney qui avait entrainé un mouvement rétrograde
inutilement fatigant pour les troupes , ramené
l'ennemi prématurément , et poussé le maréchal
Macd0nald
a
prendre une offensive précipitée ;
c'étaient peut-etre :mssi quelques fautes du gé–
néral en chef , qui avait envoyé deux divisions
sur Hirschberg pour en expulser l'ennemi que
notre présence
a
Jauer aurait suffi pour en éloi–
gner ; qui pendant Ja bataille avait laissé trop
isolée les deux fracti ons de son armée, et en pre- .·
nant pour les rel ier le partí d'occuper le platean
de Janowitz, ne l'avait fait qu'avec des forces in–
suffisa ntes , qui avait trop méprisé cnfin les diffi–
cultés naissnnt du temps et des rou tes. Les causes
générales , et celles-la beaucoup plus redoutables
encore , c'étaient le patriotisme des coalisés , leur
ardeur
a
revenir saos cesse
a
Ja charge des qu'ils
voyaient la moindre chance de r ecommencer la
l utte avec avantage , e'était surtout la jeunesse
de nos troupes, impétueuses au feu , mais trop
nouvelles aux traverses de la guerre, parties avce
Je sentirnen t qu'on les sacrifiait
a
une folle am–
bition, oubliant ce sentiment devant l'ennemi ,
mais l'éprouvant plus
"i
1
ivement que jamais au
premi er revers, et aprcs s'etre conduites vail–
lamment dans le eombat, jetant leurs armes daos
la retraite, par dépit, découragement , épuise–
ment moral et pbysique.
Ces rnemes causes avaient produit sur la route
de Berlin . un revers moins éclatant , mais tout
aussi fftcheux par ses eonséquenees.
.
On a vu quclle impor tance Napoléon atlacbait
a
diriger un co1'ps sur Ilerlin, afio de rejcter J'ar–
mée du Nord loin du théatre de la guerre, d'in–
fliger une l1umil iation
a
Bernadotte, de saisir
l'imagination des Allemands en eotrant daos la
principale de leurs capitales, de frappcr au creur
le Tugend-Bund, de dissoudre le r amassis dont
il
eroyait l'armée de Iler nadotte composéc, et de
tendre enfin la main
a
nos garnisons de l'Oder et
de la Vistule. Pom' atteindre ces buts divers,
il
avait donné au mar échal Oudinot, outr e le
'f
2° corps que ce mar échal commandait direc–
ternen t, Je
7e
confié au général Reynier, et le
4c confié au général Bertrand. Le 12•, compre–
nant deux bonnes divisions fran<;aises et une
bavaroise, comptait environ
18
mille hommes ;
le 7°, formé de Ja division fran<;a ise Durutte et
de deux saxonnes, en comptait
20
mille ; le 4•
ayant une seule division franc;aise, exeellente
iI
est vrai, celle du général Ilforand, et deux étran–
ger cs, J'italienne FontanelJi et la wurtember–
geoise Franquemont,
é~ait
commc le précédent,
fort d'une vingtaine de mille hommcs. Le duc de
Padoue avec 6 mille chevaux formait la r éserve
de cavalerie. C'étaient done
a
peu pres 64 mille
hommes , au Iíeu de
70
mille qu'on avait d'abord
espér és, parmi lesqucls beaucoup de
rama.ssis,
comme di ait Napoléon ,
cal'
dans l'cffectif total