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i92

LIVRE CINQUANTIEJ\lE.

du maréchal Macdonald, pour garder le débou–

ché deZittau. Napoléon avait donné pour instruc–

tion au maréchal l\facdonald de rcjeter Blucher

sur Jauer et au dela, puis de s'établir fortement

sur le Bober, entre Lowenberg et Bunlzlau, de

_maniere

a

tenir l'armée de Silésie éloignée de

Dresde, et

a

empechcr l'armée de Boheme de

faire des détachements sur Berlin. Napoléon ne

doutait pas qu'avec 80 mil1e hommes victorieux,

l\facdonald ne rcmplit parfaitement sa mission.

J,e maréchal n'cn doutait pas lui-merne, et il

continua de s'avancel' hardiment contre le géné–

·ral Blucher.

Uo incident, peu important au premier aspect,

apporta des le début un facheux changement

a

cette situation en apparence si avantageuse. Na-\

poléon en partant avait adressé au maréchal Ney

l'ordre de le suivre a Dresde; mais cet ordre ne

spécifiant pas assez clairement qu'il s'agissait de

la

pcrsonne du maréchal Ney et non de ses trou–

pes, on avait dirigé le

5c

corps lui-meme sur la

route de Dresde, et l'armée frani;aise vers son

aile gauche avait semblé se mettre en retraite.

Rlucher, impatient par caractere et par position

de reprendre l'offcnsive, avait conclu du mouve–

rneot rétrograde d'une portioo de notre ligne que

Napoléon n'était plus la , et qu'il fallait revenir

sur l'armée frani;aise privée de sa présence, et

probablement aussi d'une partie des forces

qu'elle avait un moment déployées. De son cóté

Macdonald avait voulu rendre

a

ses troupes l'at–

tilude qu'elles venaient de perdre, et s'était

haté, sans tenir asscz comple des circonstan ccs,

de sereporter en avant.

JI

dcvait de cetle double

disposition résulter un clioc violcnt et prochaio.

Le 5• corps (général Souham) ayant fait d'abord

une marche en arriere, puis une oouvclle marche

en avant,afin de revenir aLicgnitz ,avaitlaissé daos

cct inutile déplacement un ccrtain nombre d'hom–

mes sur les chemins. Le 21) aout au soir il élait de

retour a sa premierc posi tion. Le He corps (gé–

néral Gérard) , formaotle ientre, n'avait pas quitté

Goldberg, et le

t)c

(général Lauriston) forman t

la droite, était également demcuré immobile. Le

maréchal Macdonald ayant tout son monclc en

ligne, résolut de se portcr des le lendemain 26

sur Jauer, point qu'il devait occuper pour obéir

a

ses instructions. Bien que Napoléon ne youhlt

pas établir son armée de Silésie plus loin que le

Bober,

il

désirait cepcndant qu'elle eut ses avant–

postes sur

la

Katzbach, de Jauer

a

Liegnitz, afin

de mieux vivre, et d'interccpter plus surement

tout détachementenvoyé de la Bo11emc sur Berlín.

Voici comment le maréchal Macdonald s'y prit

pour l'exécution de son mouvement. Quoique a

Goldberg il fUt sur l'un des bras de la Katzbach,

par conséquent fort au dela du Bober, il y avait

sur sa droite un point du Bober resté au pouvoir

de l'ennemi, c'était celui de IIirschberg, dans

les montagnes. 11 détacha une division du

1

'1

e

corps, celle du général Ledru, et lui ordonna

de remonter le Bober de notre coté, c'est-a-dire

par la rive gauche, tandis que la division Puthod,

du corps de Lauristoo, le remonterait par la rive

droite, de maniere

a

surprendre Hirschberg par

les deux rives. Pendant que ce mouvement

s'opérait sur notre extreme droite, et tout a fait

daos les montagnes, le maréchal Macdonald prit

le partí de marcher lui-meme sur Jauer, a-vcc les

corps de Lauriston et de Gérard, dimioués cha–

.run d'une division. 11 o'y avait pour arrivcr

a

Jauer aucun cours d'eau important

a

franchir,

mais seulement quelques ravins plus ou moins

profonds a traverser, snr lesquels on pouvait

trouver l'ennemi en force. Le maréchal l\'lacdo–

nald se flattait de le débusquer, soit par une

attaque directe des généraux Gérard et Lauriston

sur Jauer meme, soit par un mouvement latéral

des généraux Souham el Sébastiani sur Liegnitz.

Il prescrivit en cffet au général Souham de

partir de Liegnitz avec le

5e

corps, et de pren–

dre la route de cette ville a Jauer, laquellc vient

donner daos le flanc meme de Jauer én traver–

sant le plaleau de Janowitz. Il espérait que

vingt-cinq mille hommc mena«i;ant l'ennemi en

flanc, lui oteraient jusqu'a l'idée de résistcr a

l'attaque de front qu'exécuteraicnt cootre lui_

les généraux Lauriston et Gérard. Malheureuse–

ment

il

y avait une assez grande distance entre

le chemin qu'allait suivrc le général Souham sur

le platean de Janowitz et la routc qu'avaient

a

parcourir les générau'x Gérard et Lauriston pour

marcher en droite ligne sur Jauer. Le général

Gérard, le moins éloigné des deux, devait re–

monter le ravin profond de la Wutten-Neiss,

petite rivicre torrentueuse qui de Jauer va tom–

ber dans la Katzbach, en contournant le plateau

de Janowitz. Pour établir quelque liaison entre

les deux principales masscs de ses forces, le ma–

réchal l\Iacdonald assigna au général Sébastiani

uneroute interrnédiaire, celle deBuntzlau a Jauer,

qui, suivant d'abord le ravin de la Wutten-Neiss,

puis franchissaot cette riviere, aboutit sur le pla–

tea u de JanowHz. Tous les ordres furent expédiés

pour elre exécutés le 26 au matin sans remise.

Le 26 , une pluie d'orage qui avait duré la