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LIVRE CINQUANTIEJ\lE.
du maréchal Macdonald, pour garder le débou–
ché deZittau. Napoléon avait donné pour instruc–
tion au maréchal l\facdonald de rcjeter Blucher
sur Jauer et au dela, puis de s'établir fortement
sur le Bober, entre Lowenberg et Bunlzlau, de
_maniere
a
tenir l'armée de Silésie éloignée de
Dresde, et
a
empechcr l'armée de Boheme de
faire des détachements sur Berlin. Napoléon ne
doutait pas qu'avec 80 mil1e hommes victorieux,
l\facdonald ne rcmplit parfaitement sa mission.
J,e maréchal n'cn doutait pas lui-merne, et il
continua de s'avancel' hardiment contre le géné–
·ral Blucher.
Uo incident, peu important au premier aspect,
apporta des le début un facheux changement
a
cette situation en apparence si avantageuse. Na-\
poléon en partant avait adressé au maréchal Ney
l'ordre de le suivre a Dresde; mais cet ordre ne
spécifiant pas assez clairement qu'il s'agissait de
la
pcrsonne du maréchal Ney et non de ses trou–
pes, on avait dirigé le
5c
corps lui-meme sur la
route de Dresde, et l'armée frani;aise vers son
aile gauche avait semblé se mettre en retraite.
Rlucher, impatient par caractere et par position
de reprendre l'offcnsive, avait conclu du mouve–
rneot rétrograde d'une portioo de notre ligne que
Napoléon n'était plus la , et qu'il fallait revenir
sur l'armée frani;aise privée de sa présence, et
probablement aussi d'une partie des forces
qu'elle avait un moment déployées. De son cóté
Macdonald avait voulu rendre
a
ses troupes l'at–
tilude qu'elles venaient de perdre, et s'était
haté, sans tenir asscz comple des circonstan ccs,
de sereporter en avant.
JI
dcvait de cetle double
disposition résulter un clioc violcnt et prochaio.
Le 5• corps (général Souham) ayant fait d'abord
une marche en arriere, puis une oouvclle marche
en avant,afin de revenir aLicgnitz ,avaitlaissé daos
cct inutile déplacement un ccrtain nombre d'hom–
mes sur les chemins. Le 21) aout au soir il élait de
retour a sa premierc posi tion. Le He corps (gé–
néral Gérard) , formaotle ientre, n'avait pas quitté
Goldberg, et le
t)c
(général Lauriston) forman t
la droite, était également demcuré immobile. Le
maréchal Macdonald ayant tout son monclc en
ligne, résolut de se portcr des le lendemain 26
sur Jauer, point qu'il devait occuper pour obéir
a
ses instructions. Bien que Napoléon ne youhlt
pas établir son armée de Silésie plus loin que le
Bober,
il
désirait cepcndant qu'elle eut ses avant–
postes sur
la
Katzbach, de Jauer
a
Liegnitz, afin
de mieux vivre, et d'interccpter plus surement
tout détachementenvoyé de la Bo11emc sur Berlín.
Voici comment le maréchal Macdonald s'y prit
pour l'exécution de son mouvement. Quoique a
Goldberg il fUt sur l'un des bras de la Katzbach,
par conséquent fort au dela du Bober, il y avait
sur sa droite un point du Bober resté au pouvoir
de l'ennemi, c'était celui de IIirschberg, dans
les montagnes. 11 détacha une division du
1
'1
e
corps, celle du général Ledru, et lui ordonna
de remonter le Bober de notre coté, c'est-a-dire
par la rive gauche, tandis que la division Puthod,
du corps de Lauristoo, le remonterait par la rive
droite, de maniere
a
surprendre Hirschberg par
les deux rives. Pendant que ce mouvement
s'opérait sur notre extreme droite, et tout a fait
daos les montagnes, le maréchal Macdonald prit
le partí de marcher lui-meme sur Jauer, a-vcc les
corps de Lauriston et de Gérard, dimioués cha–
.run d'une division. 11 o'y avait pour arrivcr
a
Jauer aucun cours d'eau important
a
franchir,
mais seulement quelques ravins plus ou moins
profonds a traverser, snr lesquels on pouvait
trouver l'ennemi en force. Le maréchal l\'lacdo–
nald se flattait de le débusquer, soit par une
attaque directe des généraux Gérard et Lauriston
sur Jauer meme, soit par un mouvement latéral
des généraux Souham el Sébastiani sur Liegnitz.
Il prescrivit en cffet au général Souham de
partir de Liegnitz avec le
5e
corps, et de pren–
dre la route de cette ville a Jauer, laquellc vient
donner daos le flanc meme de Jauer én traver–
sant le plaleau de Janowitz. Il espérait que
vingt-cinq mille hommc mena«i;ant l'ennemi en
flanc, lui oteraient jusqu'a l'idée de résistcr a
l'attaque de front qu'exécuteraicnt cootre lui_
les généraux Lauriston et Gérard. Malheureuse–
ment
il
y avait une assez grande distance entre
le chemin qu'allait suivrc le général Souham sur
le platean de Janowitz et la routc qu'avaient
a
parcourir les générau'x Gérard et Lauriston pour
marcher en droite ligne sur Jauer. Le général
Gérard, le moins éloigné des deux, devait re–
monter le ravin profond de la Wutten-Neiss,
petite rivicre torrentueuse qui de Jauer va tom–
ber dans la Katzbach, en contournant le plateau
de Janowitz. Pour établir quelque liaison entre
les deux principales masscs de ses forces, le ma–
réchal l\Iacdonald assigna au général Sébastiani
uneroute interrnédiaire, celle deBuntzlau a Jauer,
qui, suivant d'abord le ravin de la Wutten-Neiss,
puis franchissaot cette riviere, aboutit sur le pla–
tea u de JanowHz. Tous les ordres furent expédiés
pour elre exécutés le 26 au matin sans remise.
Le 26 , une pluie d'orage qui avait duré la