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DRESDE ET VITTORIA. -

AOUT

181 5.

!87

la journée du 29,

a

fronder,

a

se plaindre de

n'avoir pas d'ordre, tandis qu'existait l'ordrc

constant et bien suffisant de poursuivre l'ennemi

sans relache

1

!

Quant au marécbal l\farmont,

il

poussa l'en–

nemi aussi vivement qu'il le put, et eut meme

plusieurs combats heureux, mais il était trop loin

de Vandamme pour lui venir en aide. Placé tout

a

fait

sur la droite, il ne pouvait avoir la préten–

tion de franchir les montagnes avant Saint-Cyr ,

sans s'exposer

a

tomber seul au milieu des enne–

mis comme dans un gouffre. Il n'y a done rien

a

lui reprocher. Quaot

a

Murat,

il

était dans l'irn–

possibilité d'exercer aucune influencc sur l'évé–

nement déplorable qui s'accomplit

a

Kulrn, puis–

qu'il courait avec ses escadrons sur la grande

route de Freyherg.

Reste enfin au nombre des acteurs r esponsa–

bles de cette catastrophe Napoléon lui- meme,

qui, présent sur les lieux, suiva nt sans r elache

ses lieutenants, aurait pu les faire conver ger au

point commun, et par sa présence eut certaine-

1 Quoique je n'aie pas le goüt d'adopler les jugements mal–

veillants que les contemporains portent les uns sur les aulres,

et que je me défie en particulier de ceux du duc de Raguse,

ordinaircment légcrs et 1·igo ureux, il est impossiblc, quand

on n bien étudié les fa ils, fu les ord1·es et les corresponda nccs,

de ne pas reconnait1:e que le jugemenl qu'il exprime en cetle

occasion sur la conduite du maréchal Saint-Cyr esta peu pres

juste. C'est avec grand chagrín qu'on L1·ouve en fa ute un

homrne aussi di tingué qnc Je marécbal Saint-Cyr, rnais on

doit la vérité a tout le monde, et il fo ul savoir se résigner

a

la

dire sur ce ma1·écbal, lorsque dans cette histoire il fout Ja dire

snr des hommes Lels que nlorca u, ftlasséna et Na poléon .

Le maréchal nlarmont n'est pas le seul

a

j uger comme il l'a

fait la conduitc du maréchal Saint-Cyr en celle cii·constance.

Dans une relation encore manuscrite, digne de cellc qu'il a

écrite sur 1812, l\L le général de Fczensac a porté en termes

tres-modérés, mais tres-positifs, le méme j ugemcnt que Je ma–

réchal Marmont sur le róle qu'ont joué les divcrs acteurs de

l'événemeul de Kulm . Effcclivemenl les fai ls

~on l

tellemcnt

frappants, qu'il est impossible de les interpréter di! deux ma–

nieres. Le général Vandamme ne pél'ÍL pas pour etrc allé L1·op

Join, car , a insi que nous l'avons clit, il avait ord1·e d'aller

il

TCEplitz, el il s'arreta a Kulm. A Kulm, avec 52 bataillons, il

était invincible, et

il

le serait rcslé si trente mille Prussiens

n

'étair.nt

tombés sur ses derrieres. Qui était chargé de suivre

ces Prussiens? Non pas !Uorticr , qui était agauche

a

Pirna, et

avait ord1·e d'y rester; non pas tllarmont, qui élai t

a

droitc sur

Ja roule d'Altenberg, el avait ordre de s'y tenir ; mais Je ma–

réchal Saint-Cyr, qui était entre deux, avec mission de pour–

suivre l'ennemi saos relache et dans toutcs les directions,

comme le Jui prcscrivaient les inslructions réitérées de Napo–

léon. Or, le 28 il s'arrél:i a Maxen, ce qui

il

la rigueur pouvait

se concevoir. lllais le 29

iJ

employa la journée

a

faire une

lieue et demie, el envoya cbercher l'o1·drc de savoir s'il sui–

vrait Marmont qu'il venait de rcuconCrer sur sa droite. En

admellant qu'il eut besoin de cet éclaircissemenl, le premier

devoir était en atlendant de ne pas perdre la piste de l'en–

nemi, et de ne pas lui laisser la liberté dont il usa si fatal e–

ment pom· accabler Vandamme. Le lendemain, quand l'ordre,

dicté par le plus simple bon sens, de tacher <le se lier

a

Van-

men t ohtenu ce qu'il prévoyait, et ce qu'il était

fondé

a

espérer. l\fais il fut détourné le 28 de ce

grand devoir par les nouvelles qui lui parvinrent

des environs de Lowenbcrg et de Berlin

1

et aussi,

il faut le dire, par la confi an ce qu'apres les ordres

doonés, les résultats atlendus étaient suffisam–

men t préparés et garantis. En effet, quatre-vingt

mille hommes sous Saint-Cyr, Marmont, Murat,

poussant les coalisés contrc les montagnes, et

quarante mille hommes sous Vandamme chargés

de les recevoir sur le revers, composaient un

ensemble de pr écautions aussi completes que

toutes celles qu'il avait jamais prises pour s'as–

surer les cooséquences de ses victoires

!

Si les

coalisés eusscnt été aussi faciles

a

déconcerter

que l'étaient jadis nos ennemis, s'ils eussent été

moins obstinés

a

combattre, moins prompts

a

rcprcndre confia nce, Vandamme, au licu de leur

inspirer l'idée de s'arreter, les aurait recueillis

comme des troupeaux qui fui ent devant un

animal preta les dévorcr. Napoléon, s'en rappor–

tant au pass·é, crut , et dut croire qu'il avait assez

dammc plutót que de suivre l\larmont, quand cet ordre arri–

vait, il n 'étai t pl us temps, et Vandamme était détruit. Le

maréchal Saint-Cyr, sans Ja mauvaise volon té dont on l'a

accu é

a

d'autres époques envers ses voisins, fut, par Ja seule

s11spen ion de sa marche le 29, l'auteur, involontaire assuré–

menl, mais bien visible, du désastre de Vandamme. Aleme en

faisant demander un éclaircissemenl

a

l'élal-major général,

il

aurait du ne pas s'arreler, et il deva it bien, avec son rare

esprit et sa grande expérience, se dire que pendant qu'il en–

voyait chercher un ordre, l'ennemi se sauverait; et encore si

l'ennemi n'avait fait que se sauver, ce n'eut été qu'un faible

mal, mais en se sau1•ant il détruisit Vandamme et Je destin de

Ja campa!;ne. C'est avee un grand regret qu'on trouve en

fou le un aussi noble personnage historique que le maréchal

Saint-Cyr, mais l'histoire ne doit étre une flatterie ni pour les

vivan ts ni pour les morls. Elle n'est tenue que d'etre n aie,

de l'étrc sans malveillance comme sans faibl esse.

Nous plni;ons ici quelques lettres extrailes de la correspon–

dancc de Napoléon et du major géné1:al Berlhier.

"

L'Empcreiir

au rnajo1·

,qé11iral.

«

Dresde, le 27

aout

1815,

a

sept

b~ut·es

et demie du soir.

" .... _Envoycz rcconnailre positivcment la situation duma–

réchal Saint-Cyr. Témoignez-lui moa mécontentement de ce

que je n'ai pas eu de ses nouvelles pendant toute la matinée :

il aurait du m'envoyer un offieier toules les heures pour me

1·endre comple de ce qui se passait. •

«

Au rnajor général.

" Devant Dresde,

le 28

aout

181~.

" Donnez ordre au maréchal Saint- Cyr de marcher sur

Dohna. 11 se metlra sur la hauteu r, et suivra la retraite sur

les hauteurs en passant entl·e Dolma et la plaine. Le duc de

Trévise suivra sur la grande route. Aussitót que la jonction

se1·a faite avec le général Vandammc, le maréchal Saint-Cyr

continuera sa route pour se porter avec son corps et celui du