Table of Contents Table of Contents
Previous Page  196 / 616 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 196 / 616 Next Page
Page Background

{86

LIVRE QUARANTE-NEUVIEi\fE.

Treplitz pour fermer aux coalisés leur principal

débouché. Il savait qu'il était entouré de corps

frarn:;ais sur ses flanes et ses derrieres, prets a

survenir

it

tout moment. 11 courut done,

il

sui–

vit les Russes, et ce fut miracle si dans son ardeur

il

n'alla pas jusqu'a Treplitz , car

il

en avait l'or–

dre, et

il

était certain de n'obtenir qu'a T replitz

les grands r ésultats queNapoléon se promettait

de sa présence en Bobóme. Pourtant apres avoir

essayé de pousser l'ennemi au dela de Pri esten,

et avoir eu le tort, fort excusable d'ailleurs, et

qui n'eut aucune gravité pour la suite des évéoe–

ments, d'attaquer sans ensemble, il sut s'arretcr

a

Kulm, bien qu'il cut Treplitz deva nt tui T re–

plitz que ses iostructions et son légilime dési.r

luí assignaient comme but.

A

pres s'etr e arreté il

s'établit dans une position tres-for te, garantie de

tous cotés , un seul excepr.é, celui par lequel de–

vait venir Morlier, et

il

attendit, demandant du

secours et des ordres. Que) autre par tí aurait-il

pu prendre? Rétrograder sur Péterswalde et

Pirna? mais c'eut été abandonner et son poste et

sa rnission, et contrevenir noo-seulement au texl e,

mais a la pensée de ses inslructions car il était

chargé de barrer le cbemin a l'enncmi' et

il

le

lui eut ouvert. Tou t ce qu'on pouvait donn er a

la prudence

il

l'avait donné en s'abstenant d'allcr

a

Treplitz, et en s'al'retant

a

Kulm. Si dans cette

position de Kulm, de Jaqu elle il eu t le bon esprit

de ne pas sor tir, ce fut le général Kleist au li eu

du maréchal l\forticr qui paru t sur ses dcrriercs,

ce fut la un

ac~iden t

extraordinaire, dont

lJ

y

aurait une criante injustice a le r endre respon–

sable. Quant a ce qui suivit, Vandamrne au

moment de la catastrophe conser va toute sa pré–

sence d'esprit, et prit la seule résolution possi–

ble, celle de rcbrousser chemin en passant sur Je

corps des Prussiens, résolution qui devint inexé–

cutable par l'inévitable confusion d'une situation

pareille. 11 n'y avait done rien

a

lu i r epr ocher

a

lui, et la supposition qu'il se perdit en courant

trop vite apres le baton de mar échal , qu'il avait

micux mérité que d'autres par ses services mili–

taires, et pas plus démérité par ses violences, es t

une calomnie

a

l'égard d'un infortuné plus

a

plaindre ici qu'a blamer.

Si Vandamme ne fut pas coupable, si tout son

malheur vint de ce qu'au lieu d'un corps fran¡;ais

il apparut sur ses derrieres un corps pr ussien,

faut-il s'en prendre aux divers commandants de

troupes fran¡;aises qui auraient pu

survenit:~

et

notamment au mar échal l\fortier , au mar échal

Saint-Cyr, les seuls placés a portéc de Kulm? ,Le

maréchal Mortier établi

a

Pirna comme en cas,

avec l'allernative d'etr e ramené

a

Dresde ou en–

voyé

a

Treplilz, aurait du se tenir entre deux, et

avec plus de spontanéité et de vigilance

il

aurait

p u accourir de Jui-memc au secours de Van–

damme. 1\fais daos

la

stricte observation de ses

devoirs, destiné

a

etre dirigé sur un point ou

sur un au tre,

il

était naturel qu' il atlendit daos

une compl ete immobililé l'expression des volontés

de Napoléon , et, quant a l'ordre précis de secou–

r ir Vandamme avec deux divisions, cet ordre ne

tui arriva que dans le courant de la journée

d u 50, c'est-a-dir e

a

une heure ou' la catastrophe

était déja accomplie. Il cst done absolument im–

pos ible de s'en prcndre

a

ce maréchal.

On vo udrait pouvoir en dire autant du maré–

chal Saint-C r · mais ce mar éch al est certaine–

ment Je plus sujet

a

reproches, et il y a peu

d'excu es

1t

fair e valoir en a faveur. Placé direc–

tement a la suite du cor ps de Kl eist,

il

aurait du

etre toujours sur ses traces , ne pas le perdre de

vue un instant, et s'il eu t rempli ce devoir posi–

tif, le corps de Kleist suivi

a

la piste, au moment

ou il tombait sur Vandamme, aurait vu

a

son

tour un corps fran¡;ais tomber sur ses derrieres,

et aurait probablemen t été pris et détruit , au

lieu de contribuer

a

prendre et a détruire Van–

damme. l'\Ialheureusemeot Je maréchal Saint–

Cyr , esprit éminent mais frondeur , n'ayant de

zele que pour les opérations dont

il

é tait di–

r cclcrncnt chal'gé, ne sachant, hors du feu, que

critiqu er ses voisins et son maitrc, ayant en

toutc circonstance plaisir a chercher des diffi–

cultés au lieu de chercher

a

les vaincre, ernploya–

la journée du 28

a

e porter

a

l\faxen, le lende–

main 29 ne 'ava n¡;a que j usqu'a Reinbards–

Grimme, ne

fit

ainsi qu' une licue et demie dans

cette jo urnée décisive pour la poursuite, em–

ploya ce temps si précieux a faire demander

a

1état-major s'il devait suivre l'\Iarmont sur la

r oute d'A ltenberg, et tandis qu'il avait l'ordre

positif de suivre l'ennemi

a

outrance dans toutes

les dir·ections, laissa it Kleist disparaitre , et

s'acbemi ner sur les derrier es de Vandamme. Puis

le lendemain 50 , lorsque l'ordre de chercher

a

r ejoindre Va ndamme par une route latérale lui

par venait, ordre tellement indiqué que Berthicr

sur la carte seule le lui envoyait de Dresde, il

s'ébranlait cnfi n, et par le chemin qui avait mené

Kleist sur les derricres de Vandamme, et qui

l'aurait mené lui-meme sur les derrieres de

Klcist , il arrivait pour enlendre le canon qui

armon<;ait

not.re

désastre. Ainsi avait été perdue