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LIVRE QUARANTE-NEUVJEl\fE.
sur une batteríc attelée qui était un peu en avant
de notre ligne de cavalerie. Trois picces furent
enlcvées, et un bataillon du 15c léger, qui essaya
de les défendre, fut fort maltraité. Alors la bri–
gade de cavalcrie légere du général Heinrodt,
conduiLe par l'intrépide Corbineau , chargea les
cuirassiers russcs et Je.s repoussa. l\'Iais l'infan–
terie autrichienne de Colloredo ayant déployé
ses bataillons a l'appui de la cavalerie russe, les
chasseurs <lu général Heinrodt furent obligés de
se replier Le général Corbineau, blessé
it
la tete,
dut quitter le champ de bataille.
·
Vandamme alors tira du centre Ja hrigade
Quyot, et la porta vers sa gauche pour servir de
sou tien
a
la brigade Dunesrne et
a
notre cavale–
rie. A peine arrivait-elle dans la plaine agauche
qu'ellc fut assaillie par toute la cavalerie de
Knorring. Le général Quyot forma cette brave
brigade, qui était
d~
six bataillons, en trois car–
rés, et pendant plus d'une heure essuya sans s'é–
branler tous les assauts de la cavalerie ennemie.
Cellc-ci ayant voulu tourner nos carrés et s'ap–
procher de Kulm, la brigade de chasseurs a che–
val du général Gobrecht la chargea
a
son tour,
et la rcjeta sur l'iofanterie autrichienne. Les
efforts a nolre gauche indiquaient le projet de
nous ramener sur
Ja
chaussée de Péterswalde
en uous débordant, mais jusqu'ici aucun de ces
efforts n'avait réussi, et maitres de la plaine
a
gauche, toujours formes au centre et a droite,
ou l'ennemi semblait meme ne pas oser nous at–
taqucr, nous paraissions n'avoir rien
a
craindre.
Tout a coup cependant, vers dix heures du
matin, un certain tumulte se produisit sur nos
derrieres. On entendit des coups de fusil de
tirailleurs et le bruit de nombreuses voilures
d'artillerie; on aper9ut enfin des colonncs épaisses,
et Vandamme plein de joie crut naturellement
que c'élait l\Iortier qui arrivait de Piroa ! Vaine
illusion, terrible réveil
!
JI
accourt, et reconnait
!'uniforme des Prussiens
!
C'était le général K!eist
qui descendait par la chaussée de Péterswalde
!
Qui done avait pu le tirer d'un aífreux péril pour
le jeter ainsi sur nos derrieres? Un hasard , un
heureux mouvement de désespoir
!
Voici en effet
ce qui s'était passé.
En reccvan t la mission du colonel Schooler, le
général Kleist avait fait part
a
ses officiers de Ja
présence des Franc;ais
a
Kuhn, et comme
il
était
entre la route de Péterswalde
a
gauche, laquelle
était occupée paí• Vandamme, et
la
route d'Al–
tenberg
a
droite, qui avait été encombrée toute
la journée par les Russes et les Autrichiens, et
qui en ce moment était iuterceptée par le cor¡i>s
de Marmont, il ne luí restaj.t qu'a s1:.1ivre droit
devant lui les sentiers menalilt sur le revers d'e J.a
montagne, au risque de trouver Vandamme sur la
son chemin. D'ailleurs ayant immédiatcment sur
ses derrieres le corps de Saint-Cyr, s'il s'arretait
un instant
il
pouvait etre assailli et accahlé. En
présence de ce triple danger, les Prussiens, saisis ·e
d'un transport d'enthousiasme, avaient pris le ·e
parti de gravir la montagne qui s'élevait devant
eux, et si ce chemin les conduisait au mi1ie1;1 du
corps de Vandamme, de se faire jour ou de mou-
rir. Ils avaient marché toute la nuit sans etre
suivis par Saint-Cyr, et a.vaient déc.ouve11t sur
Ieur gauche un chemin de traverse qui par Fur–
sténwalde et Streckenwalde rejoignant la chaus-
sée de Péterswalde les avait menés sains et saufs
sur les derrieres memes de Vandamme. Levoyant
assaiili: de front par cent mille h@mmes, se trou-
·vant trente mille au moins sur ses derrieres, ils
venaient de commencer l'attaque
a
l'ínstant
meme, se flattant et ne doutant plus d'un pro–
digieux résultat.
A cet aspect Vandamme, conservant une rare
présence d'esprit. et apres s'etre consulté avec le
général Haxo , comprend qu'il n'a qu'une chose
a
faire, c'est de remonter
l:i
chaussée de Péters–
walde, et de passer sl!lr le corps des colonnes
prussiennes en abandonnant son ar.tillerie. Un
pareil sacrifice n'est rien s'il peut
a
ce prix sau–
ver son armée. Sur-le-champ
il
donne les ordves
qui sont la conséquence de .cette résolution.
JI
presel'it
a
la brigade Quyotqu'il avait portée dans
Ja
plaine
b.
sa gauche, de se replier, aiinsi qu'a Ja
brigade de Reuss laissée en avant de Kulm; il
leur ordonne
a
toutes deux de se former en co–
lonnes scrrées pour enfoncer l€s Prussiens, tan–
dis que la brigade Dunesme avec la cavalerie
persistera dans la pláine
a
contenir les Autri–
chiens de Colloredo et les nombreux €seadrons
de Knorring, et qu'a droite Mouton-Duvernet et
Philippon, rebroussant ehemin le long des mon–
tagnes, viendront a leur tour assaillir les Prus–
siens. Au centre sur l'érninence de Kulrn, Van–
damme décidé a sacrifier son artillerie, la place
en batterie avec. ordre d'en faire contre les
Russes un usage désespéré. La hrig·aele Doucet
doit soutenir cette al'tillerie le plus Jongtemps
possible, et puis quand on se sera fait jour, on
doit se retirer tous ensemble en abandonnant les
canons,mais en sauvant les chevaux etJes hommes.
Ces ordres soilt aussitót exécutés. Les brigades
Quyot et de Reuss quittent la plaine a gauche