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t80

Ll\ RE

QU.\.HAN'fE-NEUVIEl\JE.

cipitée, exécutée sans ordre, menacée en flanc

par le corps de Vandamme, qu'on savait etre

considérable, et qui d'heure en heurc pouvait le

devenir davantage. 11 avait perdu le conseiller

dans Iequel il avait pt'is taot de confiance, le gé–

néral Moreau, que les soldals portaient mourant

sur leurs épaules, et

il

luí restait le général

Jomini, que Moreau luí avait recommandé

comme capable, quoique tres-bouillant, de don–

ner un bon avis. Le général Jomini et plusieurs

autres, fort disposés a décrier les Autrichiens, et

en particulier le prince de Schwarzenberg, se

plaignaient amerement de ce qu'on songeait a se

retirer au dela de l'Eger, déclaraient excessif,

dangereux meme un pareil mouvement rétr.Q:–

grade, surtout le col'ps de Vandamme apparais–

sant au déboucbé de la chaussée de Péterswalde

sur le flanc des colonnes en rctraile. L'empereur

Alexandre, qui commern;ait

a

entendre un peu

mieux la guerre, et qui n'avait que le tort de se

laisser atteindre par les avis contraires au point

de tomber dans des irrésolutions interminables ,

avaitapprécié l'objection, et était toutdisposé

a

en

tenir compte. Jadis, quand on était moins exas–

péré contre les Frarn;ais, quand on était sous le

coup du génie transcendant de Napoléon, on se

sentait peu enclin a en appcler d'une défaite, on

la regardait comme un arret qu'il fallait subir,

et on se rendait facilement au premier corps

qu'on rencontrait sur son chemin apres une ba–

taille perdue. On était fort cbangé aujourd'hui.

La passion de la résistance devenue extreme, le

prestige de Napoléon diminué, on se laissait

moins décourager, et

a

la moindre lueur d'espé–

rance on reprenait volontiers la résolution de

cornLatlre. Aussi tous les généraux qui se trou–

vaicnt autour d'Alexandre furent-ils d'avis que,

s'il y avait une occasion quelconque de recom–

mencer la lutte, on devait la saisir, et qu'un

corps

fran~ais

se montrant sur leur gauche,

il

fallait s'arreter pour lui tenir tete au lieu de se

porter au dela de l'Eger. Jusqu'ici d'ailleurs,

c'était un corps isolé, qui serait soutenu proba–

blement , rnais qui peut-etre aussi ne le serait

pas, et offrirait da ns ce cas une proie facile

a

enlever. Barclay de Tolly, le général Diebitch

devenu chef d'état-major, ayant partagé cette

opinion, on donna l'orcire aux colonnes du prince

Eugene de Wurtemberg et d'Ostermann de tenir

bon devant Kulm, quelque fatiguées qu'elles

pussent etre. Oo leur

annon~a

qu'elles allaient

etre renforcées' et, en effet, plusieurs colonnes

d'infanterie russe et prussienne arrivant par la

route d'Altenberg avec la cava!erie de la garde,

on les lcur envoya. Ce ne fut pas tout. Les trou–

pes autrichiennes débouchaient actuellement en

plus grand nombre que les Russes, parce qu'elles

s'étaient acheminées les premieres et sans tergi–

verser sur la route d'Altenberg. Ce fut le corps

de Colloredo qui se présenta le premier. Mais ce

général, auquel on demanda de venir se ranger

en face de Kulm, derriere les lignes Fusses, ayant

allégué les instructions du prince de Schwarzen–

berg qui lui prescrivaient de se retircr au dela

de l'Eger, on eut recours

a

M. de Metternich,

qui était

a

Duchs, chateau du célebre Wallen–

stein, ou les souverains étaient actuellement

réunis' et on

fit

donner l'ordre

a

toutes les

troupes autrichiennes de converger

a

gauche,

pour venir se mettre en bataille avec les troupes

russcs descendues de Péterswalde.

Toutefois ce n'était pas avant quelques heures

que ces ordrcs pouvaient amener en ligne des

forces considérables , et Vandamme apres un

iostant de réflexion, quoiqu'il vít les troupes

fu~

gitives s'arreter , et meme s'augmenter sensible–

rnent, résolut de les déloger du poste ou elles

semblaient vouloir s'établir pour protéger contre

nous les débouchés du Geyersberg. En agissant

ainsi il ohéíssait

a

la fois

a

des ordres précis, et

a

I'indication des circonslances, car ses ordres luí

disaient d'aller jusqu'a Tooplitz, et les circon–

stances devaient l'engager a fermer le débouché

des montagnes aux colonnes battues, puisqu'il

n'avait été envoyé en ces lieux que pour opposer

des obstacles

a

leur retraite. Ayant toujours

sous la main la brigade de Reuss avec laquelle

~I

avait marché depuis le matin et n'ayant qu'elle,

il

chassa néanmoins les Russes de Kulm ou ils

avaient cssayé de tenir, et du village de Straden

ou ils s'étaient ensuite repliés. Ce village de

Straden emporté, il° se trouva devant une se–

condc position, située derriere un ravin et d'ap–

parence assez forte. D'un coté, c'est-a-dire vers

notre droite, elle s'appuyait aux montagnes,

vers le centre au village de Priesten construit

sur

la

route de Treplitz ,

a

gauche enfin

a

des

prairies coupées de canaux, et au village de

Karbitz.Vandamme voulut attaquer sur-le-champ

le village de Priesten, pour ne pas permettre

aux Russes de s'y établir; mais pour la prerniere

fois

il rencontra une résistance opiniatre, et fut

repoussé par une charge du régiment des gardes

d'Isma11ow. Il n'avait ni sa grosse artilleric ni

ses masses d'infanterie;

il

fut done obligé d'at–

tendre la division Mouton-Duvernet (la !,t.2e), et