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'178

LIVRE QüARANTE...:NEUVIEl\fE.

fortune laissaít

a

peine

a

Napoléon le temps

de jouír de sa belle victoire de Dresde , et

lout a coup l'horizon s'assombrissait autour de

luí , aprcs s'etre montré parfaitement sereín. La

marche sur Berl in avait toujours eu

a

ses yeux

une grande importance sous le rapport moral,

sous le rapport politique, sous le rapport mili–

taire. Elle devait éblouir les esprits , frapper la

Prusse au creur, punir Bernadotte, et nous met–

tre en communication avec les places de l'Oder,

peut-etre a;vec celles de la Vistule, qui avaient

toutes besoin d'etre ravi taillées. L'échec de l\fac–

donald, s'ajoutant

a

celui d'Oudinot, pouvait

contribuer

a

rendre plus dífficíle et plus dou–

teuse cctte marche sur Berlín,

a

laquelle Napolé@

tenait si fort , et il crut devoir rentrer a Dresde

immédiatement pour prescrire les mesures que

comportait la situation. Tandis que Berlín le

rappelait, le mouvement sur Péterswalde exi–

geait moins sa présence d'apres ce qu'on venaít

de Iui annoncer. En effet, íl avait pu croire, en

sortant de Dresde le matin, que Vandamme, oc–

cupant Pirna et Gieshübel, y opposerait une bar–

riere de fer a la colonne russe, et que Saint-Cyr

et l\'lortier, arrivant sur les derríeres de cette

colonne , la prendraient tout entiere. l\'Iais

il

venait d'apprendre que la colonne russe avait eu

Je temps de reg:::gner la route de Péterswalde,

que des lors tout ce que Vandamme pourrait

faire, ce serait de la poursuivre vigoureusement,

et

il

crut que ce serait assez de ses lieutenanls

pour tirer de la victoire de Dresdc les conséqucn–

ces qu'il était permis d'cn espérer encore. Il

pensa qu'il suffiraít de Iaisser a Vandamme

toutes les divisions qu'il lui avait déja confiées,

de le faire descendre en Boheme par la route de

Pétcrswalde, de le porter a Treplitz, ou

il

se

trouverait sur la ligue de retraite des coalisés

prets

a

déboucher des défilés des montagnes, et

vaincu que le vrai motif de son retour

a

Dresde, Jeque! devinl

si fata l dcux jours apres, ne fut aulre que les dépecbes

re~ues

des environs de Berlin el de Lowenberg. Les ordres du 29 el

du 50 ne laissenl

a

cet. égard aucun doute. Plus loin, nous dé–

montrerons encore, par r exposé simple des faits, que, sur celle

importante époque, on n'a publié que des errcurs, ce qui a

rendu jusqu'ici la catastrophe du général V:mdarome toul

1l.

fait inexplicable. Nous cspérons qu'aprés le récit qui va

suivre elle sera parfaitemenl claire, el que ce grand malheur

sera rapporté

1l.

su vraie cause, laquelle ful moins accidentelle

et plus générale qu'on ne le suppose communément.

1

Nous cilons l'ordre lui-meme, qui éclaircil compléteroent

l'inleolion de l'Empereur.

• A une lieue de Pirna, le

~8

aolH 1813,

~

quatre heures

apres

midi.

«

.:11. le général andamme, l'Empereur ordonne que vous

vivcment poursuivis par Saint-Cyr, Marmont,

Victor, Murat. 11 était vraisemblable que Van–

damme, embusqué

a

Kulm ou a Treplitz , ferait

plus d'une bonne prise, et que, se reportant en–

suite entre Tetschen et Aussig, il enleverait une

gra nde partic du matéríel des coalisés lorsque

ceux-ci voudraient repasser l'Elbe. Vandamme

devait dans cette position rendre un autre ser–

vice, c'était d'occuper la route directe de Prague,

a laquelle Napoléon attachait le plus haut prix ;

car, depuis les dépeches d'Oudinot et de 1\facdo–

nald ,

il

songeait a une marche foudroyante

sur Berlin ou sur Prague, afin de tomber a

l'im–

proviste sur I'armée du Nord, ou d'aéhevcr la

défaite de celle de Boheme; meme , s'il rentrait

a Dresde en ce moment, c'était pour employer

une journée a balancer les avantages et les ín–

convénients d'une marche sur l'une ou l'autre de

ces capitales. Consídérant done la situation sous

ce·nouvel aspect, íl laissa au général Vandamme

non-seulement ses deux premieres divisions,

Philippon et Dumonceau, avec la brigadc Quyot

formant la moitié de la division Teste, mais la

premiere division du maréchal Saint-Cyr (la

42e),

qui depuis quelques jours lui avait été pretée, et

y ajouta la brigade de Rcuss du corps de Víctor,

pour le dédommager de ce qu'on luí avait óté la

moitié de la division Teste. 11 luí adjoignit de

plus la cavalerie du général Corbineau. Van–

damme devait avoir ainsi Ja valeur de quatre di–

visions d'ínfanterie et de trois brigades de cava–

lerie, le tout formant quarante mille hommes au

moins. Napoléon lui ordonna de poursuivre vi–

vement les Russes en Boheme, de descendre sur

Kulm, d'occuper d'un cóté Treplitz, afin de

gen.er

les coalisés a leur sortie des montagnes , et de

l'autre Aus,sig ·et Tetschen , afin de garder les

passages de l'Elbe et la route de Prague

1 •

Il lui

ordonna meme, ce qui démontre bien ses vraies

vous dirigiez sur Pélerswalde avec tout votre corps d'armée;

la division Corbineau, Ja 42• division, enfin avec la brigade

du

2e

corps, que commande le général prince de Reuss : ce qui

vous fcra 18 bataillons d'au¡;mentalion. Pirna sera gardée

par les troupes du duc de Trévise, qui arrive ce soir

1l.

Pirna.

Le maréchal a aussi l'ordre de re!ever vos postes du eamp de

Lilienslein. Le général Bnllus, avec votre baUerie de f2 et

votre pare, arrive ce soir

a

Pirna; envoyez-le chercher. L'Em–

pereur· désire que vous réunissiez loules les forces qu'il met

1l.

votre disposition, et qu'avec elles vous pénétriez en Boheme

et eulbutiez le prince de Wurlemberg s'il voulail s'y opposcr.

L'ennemi que nous avons hattu parait se diriger sur Anna–

berg.

S . Al . penseque vous pourriez arriver avanl

luí

sur la

comm1micalion de Tetschen, Aussig et Treplitz, el par la

prendrc ses équipa.ges, ses ambulances, ses bagages, et enfin

tout

ce

qui marche dern'i:re une armée.

L'Empereur ordonne

qu'on leve le ponl de bateuux devanl Pirna, afin de pouvoir

en jeter un

a

Tetschen.

M