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LIVRE QüARANTE...:NEUVIEl\fE.
fortune laissaít
a
peine
a
Napoléon le temps
de jouír de sa belle victoire de Dresde , et
lout a coup l'horizon s'assombrissait autour de
luí , aprcs s'etre montré parfaitement sereín. La
marche sur Berl in avait toujours eu
a
ses yeux
une grande importance sous le rapport moral,
sous le rapport politique, sous le rapport mili–
taire. Elle devait éblouir les esprits , frapper la
Prusse au creur, punir Bernadotte, et nous met–
tre en communication avec les places de l'Oder,
peut-etre a;vec celles de la Vistule, qui avaient
toutes besoin d'etre ravi taillées. L'échec de l\fac–
donald, s'ajoutant
a
celui d'Oudinot, pouvait
contribuer
a
rendre plus dífficíle et plus dou–
teuse cctte marche sur Berlín,
a
laquelle Napolé@
tenait si fort , et il crut devoir rentrer a Dresde
immédiatement pour prescrire les mesures que
comportait la situation. Tandis que Berlín le
rappelait, le mouvement sur Péterswalde exi–
geait moins sa présence d'apres ce qu'on venaít
de Iui annoncer. En effet, íl avait pu croire, en
sortant de Dresde le matin, que Vandamme, oc–
cupant Pirna et Gieshübel, y opposerait une bar–
riere de fer a la colonne russe, et que Saint-Cyr
et l\'lortier, arrivant sur les derríeres de cette
colonne , la prendraient tout entiere. l\'Iais
il
venait d'apprendre que la colonne russe avait eu
Je temps de reg:::gner la route de Péterswalde,
que des lors tout ce que Vandamme pourrait
faire, ce serait de la poursuivre vigoureusement,
et
il
crut que ce serait assez de ses lieutenanls
pour tirer de la victoire de Dresdc les conséqucn–
ces qu'il était permis d'cn espérer encore. Il
pensa qu'il suffiraít de Iaisser a Vandamme
toutes les divisions qu'il lui avait déja confiées,
de le faire descendre en Boheme par la route de
Pétcrswalde, de le porter a Treplitz, ou
il
se
trouverait sur la ligue de retraite des coalisés
prets
a
déboucher des défilés des montagnes, et
vaincu que le vrai motif de son retour
a
Dresde, Jeque! devinl
si fata l dcux jours apres, ne fut aulre que les dépecbes
re~ues
des environs de Berlin el de Lowenberg. Les ordres du 29 el
du 50 ne laissenl
a
cet. égard aucun doute. Plus loin, nous dé–
montrerons encore, par r exposé simple des faits, que, sur celle
importante époque, on n'a publié que des errcurs, ce qui a
rendu jusqu'ici la catastrophe du général V:mdarome toul
1l.
fait inexplicable. Nous cspérons qu'aprés le récit qui va
suivre elle sera parfaitemenl claire, el que ce grand malheur
sera rapporté
1l.
su vraie cause, laquelle ful moins accidentelle
et plus générale qu'on ne le suppose communément.
1
Nous cilons l'ordre lui-meme, qui éclaircil compléteroent
l'inleolion de l'Empereur.
• A une lieue de Pirna, le
~8
aolH 1813,
~
quatre heures
apres
midi.
«
.:11. le général andamme, l'Empereur ordonne que vous
vivcment poursuivis par Saint-Cyr, Marmont,
Victor, Murat. 11 était vraisemblable que Van–
damme, embusqué
a
Kulm ou a Treplitz , ferait
plus d'une bonne prise, et que, se reportant en–
suite entre Tetschen et Aussig, il enleverait une
gra nde partic du matéríel des coalisés lorsque
ceux-ci voudraient repasser l'Elbe. Vandamme
devait dans cette position rendre un autre ser–
vice, c'était d'occuper la route directe de Prague,
a laquelle Napoléon attachait le plus haut prix ;
car, depuis les dépeches d'Oudinot et de 1\facdo–
nald ,
il
songeait a une marche foudroyante
sur Berlin ou sur Prague, afin de tomber a
l'im–
proviste sur I'armée du Nord, ou d'aéhevcr la
défaite de celle de Boheme; meme , s'il rentrait
a Dresde en ce moment, c'était pour employer
une journée a balancer les avantages et les ín–
convénients d'une marche sur l'une ou l'autre de
ces capitales. Consídérant done la situation sous
ce·nouvel aspect, íl laissa au général Vandamme
non-seulement ses deux premieres divisions,
Philippon et Dumonceau, avec la brigadc Quyot
formant la moitié de la division Teste, mais la
premiere division du maréchal Saint-Cyr (la
42e),
qui depuis quelques jours lui avait été pretée, et
y ajouta la brigade de Rcuss du corps de Víctor,
pour le dédommager de ce qu'on luí avait óté la
moitié de la division Teste. 11 luí adjoignit de
plus la cavalerie du général Corbineau. Van–
damme devait avoir ainsi Ja valeur de quatre di–
visions d'ínfanterie et de trois brigades de cava–
lerie, le tout formant quarante mille hommes au
moins. Napoléon lui ordonna de poursuivre vi–
vement les Russes en Boheme, de descendre sur
Kulm, d'occuper d'un cóté Treplitz, afin de
gen.erles coalisés a leur sortie des montagnes , et de
l'autre Aus,sig ·et Tetschen , afin de garder les
passages de l'Elbe et la route de Prague
1 •
Il lui
ordonna meme, ce qui démontre bien ses vraies
vous dirigiez sur Pélerswalde avec tout votre corps d'armée;
la division Corbineau, Ja 42• division, enfin avec la brigade
du
2e
corps, que commande le général prince de Reuss : ce qui
vous fcra 18 bataillons d'au¡;mentalion. Pirna sera gardée
par les troupes du duc de Trévise, qui arrive ce soir
1l.
Pirna.
Le maréchal a aussi l'ordre de re!ever vos postes du eamp de
Lilienslein. Le général Bnllus, avec votre baUerie de f2 et
votre pare, arrive ce soir
a
Pirna; envoyez-le chercher. L'Em–
pereur· désire que vous réunissiez loules les forces qu'il met
1l.
votre disposition, et qu'avec elles vous pénétriez en Boheme
et eulbutiez le prince de Wurlemberg s'il voulail s'y opposcr.
L'ennemi que nous avons hattu parait se diriger sur Anna–
berg.
S . Al . penseque vous pourriez arriver avanl
luí
sur la
comm1micalion de Tetschen, Aussig et Treplitz, el par la
prendrc ses équipa.ges, ses ambulances, ses bagages, et enfin
tout
ce
qui marche dern'i:re une armée.
L'Empereur ordonne
qu'on leve le ponl de bateuux devanl Pirna, afin de pouvoir
en jeter un
a
Tetschen.
M