DRESDE ET VlTTORIA. -
AOUT
i8i5.
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l'on pouvait ren·contrer
l~s
Fran<;ais, uotamment
a
Zehist, petit bourg situé
a
l'entrée du plateau
de Gieshübel, sous une hauteur qu'on appelle le
Kol1lberg, et qui était occupée en ce moment
par un bataiUon fran<;a·is. Le prince Eugene de
Wurtemberg fi.t assaillir et enlever le Kohlberg,
pnis
il
pirofita de cet avantage pour défiler avec
tout son corp>s. Vandamme fit réoccuper la posi–
tiou,
mais
a
ce moment les dcux corps r usses
n'avaient plus intéret
a
la reprendre. En conti–
nuant
a
parcourir Je platean de Gieshübel , ils
cótoyerent
a
Gross-Cotta et
a
Klein-Cotta les
Fran<;ais descendus de Pirna en trop faibles
détachement.s' et parvinrent
a
franchir tous les
obstacles, quoique en perdant du monde . Parve–
nus enfin
a
l'extrémité de ce plateau, ils s'échap–
perent par la rampe de Gieshübcl, et purent
gagner la r.oute de Péterswalde saos de graves
accidents, en étant quittes d'un grand danger au
prix de quelques perles peu considérables.
Ce qui leur avait valu ce bonheur, c'est que
Vandamme, ayant eu de la peine
a
trainer son
artillerie a cause du mauvais temps ' n'avait pu
faire autre chose, daos la journée du 26, que de
gravir le plateau de Pirna, avait employé
a
l'oc–
cuper solidernent toute la journée du 27, et le 28
au matin avait été surpris par l'apparition des
Russcs, avant de connaitre les événements de
Dresde.
1'f
ais, avcrti bicntót de la victoire d u
27, et ayant réuni ses divisions, il s'était mis
a
poursuivre les Russes, Jeur avait livré un vio–
lent combat d'aTriere-garde a Gieshübel , leur
avait tué un millier d'hommes, et les avait menés
battant jusqu'a Hollendorf, a quelque distance
de Péterswald·e. Arrivé la,
il
attendit impatiem–
ment les ordres de Napoléon pour la dircclion a
dom~er
a ses mouvements ultérieurs.
Telles avaien.t été les opérations de l'ennemi le
matin du 28, et durant une partie de
la
meme
journée. Pendant ce temps , Napoléon, debout de
tres-bonne heure , avait expédié ses premiers
ordres par écrit, et avait enjoint au maréclrnl
Mortier avec la jeune garde, au maréchal Saint–
Cyr avec le 14c corps, de se porter a Gieshübel,
l'un des défilés de la route de Póterswalde, poar
s'y réunir
a
Vandamme; au maréchal Marmont,
de suivre les coalisés par la r@ute d'Altenberg,
1
Les flatleurs de la mémoire de Nnpoléon, ignorant, parce
que sa correspondance four esl reslée foconnue, les vrais mo–
tifs de son subit 1•ctour
a
Dresde, et ne voalant pas non plus
admetlil'e qu'il ¡nlt commettr"e une faute, ont attribné ce re–
tour
a
une indisposilfon subite. Les ordres nombreux donnés
daos cette meme journée du 28, et dans celle du 29, prouvent
c¡ue cclle indisposilion n'cmpecha pas Napoléon de vnquer
a
CONSULAT.
!l.
et
a
Murat, qui avait avec lui le corps de Víctor,
de les poursuivre
a
outrance sur la grande roule
de Freyberg. Napoléon avait par les mémes dé–
péches annoncé sa présence, et promis d'ordon–
ner sur les lieux memes ce q ue comporteraient
les circoustances. En effet, des la poiote du jour,
il s'était rendu
a
cheval aupres du maréchal
Marmont, pour observer de ses propres yeux la
retraite de l'ennemi.
Parvenu sur les hauteurs de Dresde aupres du
maréchal Marmont , il avait vu les diverses co–
lon nes des coalisés se dirigeant vers les monta–
gnes boisées de
l'Erz-Gebirge.
II avait été frappé
du mouvement transversal de gauche
a
droite
qu'exécutaient les troupes russes de Barclay de
Tolly, pour se reporter de la route de Péters–
walde sur celle d'Altenberg, mou vement
a
la
suite duqucl une grande partie des colonnes
russes, prussiennes et autrichiennes allaient se
trouvcr réunies sous la meme direction. En face
de pareilles rnasses, le corps du maréchal l\'.lar–
mont était évidemmcnt insuffisant, eL Napoléon
avait ordonné lui-méme au rnaréchal Saint-Cvr
de se rabattre de Dohna sur Maxen, pour "se
rapprocher du maréchal Marmont, et poursuivre
l'ennemi de concert. Cct ordre donné de vive
voix, Napoléon s'était transporté
a
Pirna pour
voir ce qui s'y passait, et prescrire ce qu'on au–
rait a faire sur la route de Péterswalde.
Arrivé
a
Pirna vers le milicu du jour, Napo–
léon y prit un léger rcpas, et soudain fut saisi de
douleurs d'cnlrailles auxquelles
il
était sujet des
qu'i lavait enduré l'humidité, et, la veille en effet,
il avait supporté pendant toute la journée des
torrents de pluie. Tou tefois ces douleurs n'étaient
pas de nature
a
l'empechcr de donner des ordres,
et de
fai.rece qui était impérieusement exigé par
les circonstances
1 •
1\'Iais en ce moment
il
re9ut
des dépeches qu'il attendait avec impatience des
environs de Berlin, et des bords du Bober. Le
maréchal Oudinot, qui aurait
du
etre entré
a
Berlin depuis plusieurs jours, s'était arreté de–
vant les inondations, puis n'avait pas abordé
J'ennemi en masse, et avaiL eu !'un de ses corps
assez maltraité. Le maréchal Macdonald , sur le
Bober, venait d'etre surpris par Blucher, et
d'éprouver des pertes considérables. Ainsi la
ses nfl'aires, et de lémoins oculaires, le maréchal lllarmont
nolamment, affirment qu'il n'était poinl malade. Nous en rnp–
portant plus volontiers aux documents aulhentiques qu'aux
récits presque toujours contradictoires <les témoins oculaire ,
nous croyons avoir acquis la preuve, par les leUres memcs de
Napoléon, que cellc prélcndue indisposilion ne l'empeclta
nullement de faire ce qu'il devail, el nous nous sommes con-
.)
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)