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LIVRE QUARANTE-NEUVIEl\fE.
de la seconde moitié du corps de Klenau, pour
rendre
a
celte aile la force dont
il
la privait.
C'est dans ces dispositions si différen tes que
chacun altendit la journée du lendemain.
Ce lendemain,
27
aout,
il
pleuvait abondam–
ment, et dans les intervalles de pluie un brouil–
lard épais enveloppait le champ de bataille, cir–
constance péniblc pour les soldats des deux
armées, mais avantageuse pour les combinaisons
de Napoléon. Les premieres heures de la matinéc
se passerent en manreuvres. De notre coté, en
commen~ant
par la droite, le général Teste, mis
sous les ordres <lu maréchal Víctor, vint s'établir
avec les huit bataillons dont
il
disposait en face
dn village de Lobda et de l'entrée du vnllon de
Plauen, pour ern pecher les grena<liers au trichiens
de Bianchi d'en déboucher, ainsi qu'ils l'avaient
fait la vcille. (Yoir le plan des environs de
Drcsde.) Le maréchalVíctor avec ses trois divi–
sions ( dont une r éduite
a
une seule brigade) se
forma en colonne au pied des hauteurs, atten–
dant que l\furat cut exécuté son mouvcment
lournant sur la gauclie des Autrichiens, et l\'Iurat
lui-meme,
a
cheval des le matin, prenant avec la
grosse cavalerie de Latour-Maubourg le chemin
allongé de Priesnitz, se bata de gravir sans eLrc
aper~u
le plateau sur lequel
il
devait manreu–
vrcr. Au centre l\farmont ayant la vieillc garde
dcrriere lui, et sur son front une formidable ar–
tillerie, vint se ranger au pied des hauteurs de
Hacknitz, poul" recevoir des instructions que
Napoléon, placé a ses cótés, lui donnerait de
vive voix. Un pcu
a
gauche, mais toujours au
centre, Saint-Cyr ayant réuni ses trois divisions
répandues
la
veille tout autour de la ville, prit
position en avant du
Gross-Ga1·ten,
prét
a
atta–
quer les liauleurs de Strehlen. Enfin , a l'extreme
gauchc, Ney avec la jeune garde et la cavalerie
de Nansouly, défila en colonnes derrierele
Gross–
Gartcn,
pour le tourncr et venir ensuitc entre
Grun_a et Dobrilz se mesurer avcc les Husses.
Du cót.é des alliés la distribution était la meme
que la veille, sauf quelqu<'s rectifications de posi–
tion, et ils attendaient presque immobilcs l'atta–
que des
Fran~ais,
dont ils apercevaicnt les pré–
parati fs a travers le brouillard. Le com te de
Wittgenstein (en
commcn~ant
par lcur droite)
était avcc le gros des Russes opposé au maréchal
Ney entre Prohlis et Leubnitz : il avait ses
masses sur les bauleurs, ses avant-gardes dans
la
plaine. En arriere a droite, aulour de Prohlis ,
se trouvait la eavalerie de la garde sous le grand–
duc Constantia , en arriere
a
gauche, entre
Torna et Leubnitz,
le
corps des grenadiers sous
l\f
iloradovich. Barclay de Tolly commandait ces
réserves. Un peu
a
gnuehe
et
vers le centre, se
trouvaicnt les Prussiens de Kleist, entre Leub–
nitz et Racknilz, ayant la garde prussiennc en
arrierc et leurs avant-gardes dans Ja plaine, aux
environs de Strehlen, en face du maréchal Saint–
Cyr. Tout
a
fait au centre, les corps autrichiens
de CoIJoredo et de Chastcler étaient déployés de
Racknitz
a
Plaucn, faisant face au maréchal
Marmont et
a
la vieille garde.
La
était établi, a
Racknitz meme, l'empereur Alexandre avee le
général l\foreau , devenu son fidele eompagnon,
et pouvant presque apercevoir Napoléon placé
a
la barriere de Dohna. Agauche, conLre le vallon
áe Plauen, étaicnt rangés en colonnes les grena–
diers de Bianchi, détachés du corps de Giulay
pour renforcer le centre, et ayant derriere eux
vers Coschitz les réserves autrichienncs, sous le
prinee de Hesse-Homhourg. Enfin plus
a
gauche,
au dela de ce vallon de Plauen, si profond, si
difficile
a
traverser, se trouvaient
a
Toltschen
les restes du corps de Giulay, un peu plus loina
Rosthal et Corbitz la division d'infanterie d'Aloys
J,íchtenstein' et tout
a
fait
a
gauche, entre
Complitz et Altfranken,
lc1
division Meszko, fai–
sant partie du corps de Klenau qui était cncore
en marche en ce momcnt. Ce sont ces troupes
qui allaient avoir sm les bras Víctor et le roi de
Na ples.
Des que les positions furent prises, et qu'on
put discerner les objets
a
travers le brouillard,
la caoonnade
commen~a,
et bicntót elle devint
violente, car entre les deux armécs
il
n'y avait .
pas moin de douze cents pieccs de canon en bat–
terie. Napoléon
fit
surlout cntretcnir le feu d'ar–
tillerie au centre, ou il n'avai t que ce moyen
d'action. A la droite le _général Teste s'cmpara de
Lobda , dont
il
chassa les tirailleurs autrichiens,
et pénétra jusqu'a l'entréc du vallon de Plauen.
Le maréchal Victor qui avait marché une partie
de la nuit, aprcs u..n peu de rcpos donné a ses
troupes, se forma en plusieurs coloones, et en–
tr eprit de gravir les hauteurs, pour s'approcher
des villages de Toltscl1en, Rosthal, Corbitz, qu'_iJ
devait cnlever, et Murat ayant franchi par le
petit chemin de Priesnitz l'escarpemcnt du co–
teau, déploya ses soixanle
e~cadrons
sur la droite
de la chaussée de Freyberg, mena<;ant Ja gauche
des Autrichicns. (Voir le plan des envfrons de
Dresde.) A dix heures et dcmie du matin ce
mouvement était prcsque terminé.
Au centre, Saint-Cyr, rangé un peu
a
ga uchc