DRESDE
ET VITTORIA. -
AOUT
1815.
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chez eux les coalisés, _les Russes surtout, les
avait presquc réconciliés avec les
Fran~ais,
qui
les traitaient beaucoup moins durement. Déja
quelques boulets tombant sur le pont et sur la
grande place, les avertissaient du péril, et Na–
poléon leur apparaissait en ce momcnt comme
un vrai libérateur.
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se renuit chez le roi de
Saxe pour le rassurer, l'engagea vivement a ne
pas etre inquiet pour le sort de celte journée,
puis se transporta sur le front du camp retran–
c11é, afin de rejoindre le m ar échal Saint-Cyr
qui était a la tete de ses troupes, et faisait ses
dispositions tactiques avec son babileté accou–
tun;iée.
Nous avons déja donné une premiere idée du
sile et de la configuration de Dresde. La villc
principale se trouve sur la gauche de l'Elbe, et
se montre par conséquent la premiere quand on
vient des bords du Rhin. (Voir la carle nº ?58, et
le plan de Dresde ajouté-
a
cette carte.) Une suite
de hauteurs , détachées des montag nes de la
Boheme, enveloppent la ville, et forment aulour
d'elle une sorte d'ampJ1ithéatre. C'est sur cet
amphithéatre que s'étaient raogés les coalisés,
descendus de la Boheme pour nous prendre
a
revers. lis avaient aiosi le dos tourné
a
la
France, comme s'ils en étaient venus, et nous
a
l'Allemagne, comme si nous avions été chargés
de combattre pour elle. Notre ligne de défeose,
adossée a la vieille ville, présentait un dcmi–
cercle dont les deux extrémités s'appuyaient
a
l'Elbe, l'extrémité gauche au faubourg de Pirna,
l'extrémité droite au faubourg de Fricdrichstadt.
Cette ligne coosistait d'abord, ainsi que nous
l'avons dit, dans cinq redoutes élevées au saillant
des faubourgs, et jointes entre elles par des
clci–
turcs et des abatis (c'est ce qu'on appelait le
carnp retranché), puis dans la vieille enceinte
composée d'un fossé et de palissades, et cnfin
dans Jes tetes de rues que l'on avait barricadées.
C'est
a
la ligne extérieure des redoutes que le
maréchal Saint-Cyr Avait placé ses tro upes. Sa
premiere division étant restée avec Vandamme,
il avait rangé la seconde (45° de l'armée) sur la
premiere moitié du pourtour de la ville, en par–
tant de la barriere de Pirna jusqu'a la barriere de
Dippoldiswalde. Il avait rangé sa quatrieme di–
vision
(MSe)
sur l'autremoitié du pourtour se ter–
rninant au faubourg de Friedrichstadt. E,n avant
du faubourg de Pirna se trouvait un vastejardin
puhUc, dit le
Gross-Garten,
large de quatre ou
cinq cents toises, long de mille ou douze cents ,
et qui présentait, par rapport aux dispositions
de cette journée, une forte saillie en avant de
notre gauche. Le maréchal Sain t-Cyr y avait
établi sa troisicme division (la 44°) , mais avec Ja
précaution de ne laisscr que de simples postes
daos la p11rtie avancée du jardin, et de mcttre le
gros de la division en arriere, pour qu'elle ne
fUt pas coupée de l'enceinle de la ville,
a
Jaq uellc
le
Gross-Garten
n'était pas immédiatement li.é.
Le
maréchal Saiot-Cyr avait dis tribu é ses postes
avec un art infini, de maniere qu'ils se soutins–
sent les uns les aulres,
et
entre les r edoutes,
dont quelques-unes ne se ílanquaico t pas assrz,
il
avait disposé de l'artillerie altelée pour ramplir
par des feux mobiles les
]a~unes
ent.reles fcux
fixes. Les Russes de Wittgenstein et de l\filorado–
vitch, sous Barclay de Tolly , dcsccndus de Pé–
lcrswalde, et faisant face
a
notre gauche, de–
vaient altaquer entre l' Elbe et le
Gross-Garfen,
par les barrieres de Pirna et de Píloitz. Les
Pr ussiens, sous le général Kleist, devaient atta–
quer le
Gross-Garten.
Les Autrichiens venus par
les débouchés les plus éloignés, et ramenés en–
suite sur Dresde par Ja r outc de Freybcrg, for–
maient la gauche des alliés, faisai ent par consé–
quent foce
a
notre droite, et devaient attaquer
entre les barrieres de Dippolciiswalde et de
Freyberg. C'était du moins ce qu'on pou vait sup–
poser d'apres la distribution apparente des forces
ennemies sur le demi-cercle des hauteurs.
Napoléon apres avoir parcouru celte ligne sous
un feu de tirailleurs assez vif, npprouva toutes
les dispositions du maréchal Saint-Cyr , et lui
fiL
connaitre ses intentions. Les cuirassiers venaient.
d'arriver, et la vieille garde les sui vait; mais Ja
jcuoe garde, forte de quatre bellcs divisions,
ne
pouvait etre rendue
a
Dresde que fort tard dans
la journée. Les maréchaux Marmont et Victor
se
trouvaicnt eocore plus loin. Le projet de Napo-·
léon était de placer une partie de la vieille garde
aux diversos barrieres, pour les garantir contre
tout succes imprévu de J'enncmi, et de ne foire
donner celle troupe de prédilection qu':i la der–
niere extrémité. Avcc Je reste de la vicille garde,
tenue en arriere sur la principalc place de la
ville, il devait attendre l'événemcnt. Des qu'il
aurait la jeune garde sous la main , Napoléon se
réservait de l'employcr lui-meme selon les be–
soins.
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rangea Mural avec toute la ca\'alerie
de Latour-Maubourg dans la plaine de Frie–
drichstadt, qui s'étend en avant du fa ubourg de
ce nom, et qui formait !'extr eme droile de notre
ligne de défense, pour occuper l'espacc que la
quatrieme division du maréchal Saint-Cyr ne