DRESDE ET Vll'TORIA. -
AOUT
'18f5.
rivée. On avait done r emis au Jendemain 26 le
parti
a
prendre.
Cctte aeeumulation sueecssive .des troupes
eoalisécs autour de Dresde s'apcrccvait de l'inté–
ricur de la ville, et y causait une sorle de ter–
r eur. On avait adressé
a
Napoléon mcssages sur
messages pour le presser d'accour ir en persoone
avec toutes ses r éser ves, afi n de r epousser l'atta–
qu-c formidable donl on était menacé. En r é–
ponse
a
ces inslan ccs il avait envoyé Murat qui ,
apres une r econnaissance de cavalerie dans Ja–
quelle
il
avait failli ctrc pris, ava it constaté Ja
pr ésence d'une armée fort nombreuse, manifcs–
tant l' intention d'attaquer Drcsde, etn'avait ríen
pu voir de plus , car
il
ne con naissait pas les d é–
fenscs de la ville, et n'était pas capable d'ailleurs
d'avoir un avis bien éclairé sur Icor valeur. Na–
poléon toujour s plus sollici té d'accourir, et s'y
r efusant pour n e pas abandonner un pla n d uque!
il
attendait des r ésultats immenses, avait écrit au
maréchal Saint-Cyr a fin de Jui détailler de nou–
veau ses moyens défensifs , qui consistaicnt dans
un camp r etranché composé de cinq redoutes et
de vastes abatís , dans la vieille encei nte de la
ville r efaite au moycn d'trn fossé plcin d'eau et de
forles palissades, et enfin dans d es barricndcs
é!ablies
a
la tele de tou tes les r oes, et
iI
lui avait
dit que, le camp r etraneh é pris, il restait l'en–
ceintc, apres l'enceinle les te les de r ues barrica–
dées, que trente mille soldats bien commandés
devaient se défcndre la six
a
b uitjours, et meme
quinze s'ils étaient bien r ésolus. - - Un h omme
moins h abile mais plus dévou é que le maréchal
Saint-Cy r aurait promis de faire tuer j usgu'au
dernier de ses soldats en défendan t la place, et
aurait tenu parole , car le salut de Ja France et sa
grandeur dépendaient, en celte occasion, d'un e
résistance opiniatre de quar ante-huit lieures.
' l\falheureusement Je maréch al, cr aign antdc pr en-
dre des engagements téméraires, se contenta
d'écrire qu'il ferait d e son micux, mais qu'il ne
pouvait répondre de ríen , en présencc d es masscs
ennemies dont
il
était envir on né
1
•
Cer les on
pouvait eompler, Jorsqu'il pr om ettait de faire de
son mieux, qu'il tiendrait sa promesse, et que ce
mieux serait une résistance aussi ferme qu'intel–
ligente. l\'lais l'intérct de la conservation de
Dresde était si grand, que Napoléon, mécontent
de !'extreme réscrve du mar échal, fit partir son
1
Ces événemenls ont été jusqu'ici ou incomplélcmen t ou
inexaclcment rapporlés, et avec une flatlel'Íe ou un dénigre–
ment posthumes pou 1· Napoléon, qui ont défiguré·la vérilé. Sa
grande conceplion, ccllc J e débouchcr pn r Kccnigslein, n'a
officier d'ordonnance Gourgaud pour cette ville,
avee mission de tout voir,
d~cnlendre
tou t ]e
monde, et de r evenir ensuite au galop, afin qu'il
put prendre sa r ésol ution en parfai te connais–
sance de cause.
Le chef d'cscadron Gour gaud, officier brave et
spiriluel , n'avoit pas u n jugement asscz froid
pour bien remplirune semblable mission. Quand
il arriva dans la journée d u 21:>
a
Drcsde, la po-·
pulalion, Ja cour, étaient dans les alarmes. Les
généraux eux-rnemes comme n<:aient
a
pcrdr e
leur sang-froid , et
il
régnait partou t l'anx iété la
plus vive . On aba ndonnait en fo ule la villc prin–
cipale, ditel-a ville vieille, laquelle étant sit uéc sur
la r ivc gauch e de l'Elbe se lro uvai t cxposée aux
allaqu cs de l'ennemi, p our se rcn drecl ans le fau –
bour g de Ja ri ve d roite, appelé ville neuve. On y
avait pr épar é Je
lo~ement
d u r oi et cclui de M. de
Bnssano; les magistrats eux-mcmcs s'y étaient
transportés, et la popula tion enticrc suivait leur
exemple, sans savo ir ou elle logerait. On com–
prend que devant une nltaque exécu tée par
200 mille hommes el
600
bouch cs
a
fe u, cette
malhcur euse population fU t épouvan lée,
et
que,
tout allem an de qu'elle étnit, désir ant par consé–
quent le su cccs des coalisés, elle ne le désirat plus
cette fois, et demandat
a
gra nds cris le sccours de
Na poléon . Le roi surto ut, facile
a
tro11ble1" en–
touré d'une n omhreuse fa rnille aussi tim ide que
l uí , était saisi de terreur. Le mar écbal S:rint-Cy r,
le gén éral Duro ne], chm·gés de la défense, l'un
comme commnn dantdu
11,,e
cor ps, l'a ulre comme
gouvern eur de Drcsde, prcssés de queslions par
l'officierd'ord onnance Gourga ud, ne lui parurent
pas convaincus
de
la force de la position , et luí
firen t un rapport peu r assuran t. Ce dernicr, dont
l'csprit s'échaufl'ait aisémerit, repar tit au galop
da ns In soir ée du 21:> , arriva vcrs onze heurcs du
soir
a
Stolpen,
fit
la peii'l ture Ja plus vive des
dangers qui mcn a<:air nt Dresde , au point d'é–
branlcr le jugement or dinaircmen t si forme de
Napoléon, et de lui fa ire oublier les considéra–
tions puissa ntcs qu'il avait présentécs lu i-meme
au mar échal Sain t-Cyr . Napoléon n'avai t besoin
en elfct que de dcux jours pou r dcscendre par
Krenigstein rnr les derr iercs de l'ennemi, et il
n'étai t pas possible apr es tou t que Drcsdc ne r é–
sisla t pas deux jours, car on avait a opposcr
a
l'ennemi le camp r etranch é, I'en ceinte de la ville,
jamais élé bien pl'ccisée, faule de connnitre sa corrcspondnncc.
C'est sur crlle co1Tespond ancc, su1· la lcelure al lentive des
ol'drcs et des réponscs, c¡ n'cst élabli le récit qu'on va Ji re, el
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pcnl compler sur sa parfaitc exaclilutle.