DRESDE ET VITTORJA.
~
A.OUT
18!5.
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de la droite
a
la gaucbe, il n'était plus possible
de l'arreter, et l'attaque se trouva engagée sur
tout le pourtom• de la ville de Drcsde.
le corps de '\Vitlgenslein formant Ja droite
des coalisés , opposé par conséquent
a
notre
gauche, s'avanc;a entre l'Elbe et le
Gross-Garlen
en face du faubourg de Pirna. Il fallait franchir
un gros ruisseau canalisé, appelé le
Land-Gra–
ben,
et mcnant daos l'Elbc les eaux des hauteurs
environnantes. Les soldats de la
45°
division
(seconde de Saint-Cyr) disputerent vivcment le
terrain. Les Russes, indépendamment d'nne bat–
terie franc;aise placée sur l'autre i·ive de l'E!be,
avaieot a lcur droite notrc premicre rcdoute
construite en avant de la barriere de Zícgel, a
leur gauche notre scconde redoute, construite
en avant de la barriere de Pirn a, et en face des
batteries attelées, dont les feux mobiles les atteu–
daient
a
chaque pa rtie découverte du terrain.
lls eurent done une 'grande peine
a
s'avancer;
ils franchirent n éanmoins le
Land-Graben,
puis
cheminerent entre l'Elbe elle
G1·oss-Garlen,
ai<lés
par les progres des Prussiens dans le
Gross-Gar–
ten.
Ceux-ci en effet, apres de v iolents efforts,
avaient fini par s'emparer de ce jardín, griice
a
leur nombre. lis étaient plus de 25 mille contre
une simple division (la
45c),
qui était de 6
a
7 mille bommes, et qui ne voulait pas s'obstiner
a
cette défense jusqu'a courir la chance d'etre
eoupée de Ja ville. Elle rétrograda peu a peu, de
maniere a couvrir le plus longtemps possible les
partics de notre ligne qui s'étendaient
a
gauche
et
a
droite, et se replia entre les barrieres de
Pirna et de Dohna, disputant opiniatrément le
jardín du prince Antoine, qui était situé en ar–
riere du
Gross -Garten,
et formait le saillant du
faubourg de Pirna. E!le vint s'y lier
a
la 45e di–
vision (quatricme de Saint-Cyr), chargéc de dé–
fcndre le reste de l'enceinte.
Tel était vers cinq beures du soir l'état des
choscs dans cette partie de nntre ligne. L'ennemi
sur ce point avait fort approcbé des redoutes,
mais n'en avait enlevé aucune. Au centre, l'at–
taque avait fait plus de progres. Les Autriehiens,
apercevant une masse immense de cavalerie qui
couvrait déja la plaine de Friedrichstadt sur leur
gauche, avaicnt porté tous leurs efforts sur notre
centre, et avaient abordé deux des redoutes, la
troisicme et la quatricme, construites dans cette
partie, l'une située en avant du jardin Moczinski
pres de la porte de· Dolma, l'autre en avant de
la porte de Freyberg. Attaquant avec cinquante
pieces de canon chacune de ces redoutes, ils
'
avaient fini par en éteindre le feu, et profitant
ensuite de quelqucs plis de terrain ils avaiént
ouvert une fusilla de tellement meurtriere, no–
tamment sur celle du j ardí n Moczinski, qu'ils
avaient forcé nos soldats
a
l'évaeuer. Ils l'avaient
alors occupée . C'était la seule de nos redoutes
qu'ils eussent prise, mais un effort énergique
SL1r Ja quatrierne, et sur la cinquicme qu i venait
aprcs, pouvait les en rendre rnaitres, et
a
leur
droite les Russes se trouvaient déja au pied de Ja
premicre et de la seconde, tout prets
a
donner
l'assaut.
·
Quoiqu'il fut tard et qu'il reslat peu de jour
a
l'ennemi pour agir, le péril était grave. Malgré
l'ordre de ménager la vieille garde, Friant qui
commandait les grenadiers de ce corps, et qui
était pincé en réserve au faubourg de Pirna,
n'avait pas craint d 'engager quelques compagnies
de ces braves gens . Ces vieux soldats ouvrant
hardiment les barrieres de Pilnitz et de Pirna,
avnient tiré
a
bout portant sur les tetes de co–
Ionnes russcs, puis repoussé
a
la ba!onnette les
délachemenls qui s'éLnient trop approchés. A
l'exlrémjté opposéc' c'est-a-dÍI'e
a
la porte de
Frcybcrg, les fu silicrs avaient agi de meme, et
culbuté les Autrichiens. Ces aetes d'énergie
n'avaient heureusement pas coüté beaucoup de
monde
a
la
vieille garde que Napoléon tenait
a
ménager, réscrvant
a
la jeune l'honneur et l'édu–
cation des grands dangers.
Mais les colonnes de celte jeune garde arri–
vaient eu ce moment, impalientes de se mesurer
avec l'ennemi, et remplissant Dresde des cris de
Vive
l'
Ernpereur
!
Elles présentaient quatre belles
divisions de huit
a
neuf mille hommes chacune,
deux sous le rnaréchal l.\fortier, et deux sous le
rnarécha1 Ney . En les voyant, Napoléon accourt
et les dispose lui-meme. Il cnvoie les divisions
Decouz et Roguet a la barriere de Pilnitz pour
refouler les Russes, qui ne cessaient de gagncr
du terrain, les divisions Barrois et Parmentier
a
la barriere de Pirna pour refouler les Prussiens,
qui apres avoir enlevé le
Gross-Garten,
don–
naient déja la main aux Autrichiens pres _de la
redoute du jardin 1\foczinski. En meme temps
Napoléon fait ordonncr
a
Murat, que l'infanterie
du général Teste venait de rejoindre, de charger
avec toute sa eavalcrie dans Ja plaine de Frie–
drichstadt.
En un instant la scene cbange. Les barrieres
de Ziegcl et de Pilnitz s'ouvrcnt, et dcux divi–
sions de la jeune garde sortent comme des tor–
rents pour se jeter sur les Russes et les P_rus-
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