Table of Contents Table of Contents
Previous Page  208 / 616 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 208 / 616 Next Page
Page Background

i98

LIVRE

CINQUANTIE!'rf.E.

vant la lisíere des bois jusqu'a Gross-Beeren, et

Ja

s'arreterait pour prendre position. Quant

a

luí , au líeu de marcher avec le

12•

corps der–

riere le général Reyníer pour luí servir d'ap–

pui, íl imagina de passer par Arensdorf sur l'au–

tre versant des hauteurs que ce général devaít

parcourir, comme s'il etit craint d'importuner

ses Iieutenants par sa présence. 11 devait ensuite

déboucher sur Gross-Beeren, mais

a

deux Iieues

sur la gauche, distance

a

peu pres égale

a

celle

qui en devaj t séparer le général Bertrand sur la

droite.

Le 25 aout au matin ehacun se mit en mou–

vement selon la direction qui luí était assignée.

Sur la route de droíte , le général Bertrand

s'étant présenté devant la hauteur de Blanken–

felde,

y

trouva le général Tauenzien fortement

établi, et fut obligé d'engager aveo lui une vio–

lente canonnade. Sur la route de gauche, le

général Reyníer, avec

le

7e,

longea pendant

pres

de

trois lieues le flane des coteaux dont le

maréchal Oudinot paroourait le r evers, chemina

sans grande difficulté, et déboucha devant Gross–

Beeren. Sur-le-cbamp

il

attaqua ce village, et en

débusqua la division du général

de

Borstell.

Avec une impatience de succes, tr·es-mauvaise

conseillere, il s'avanc;a fort au dela de ce village

au lieu de s'y établir, et aperc;ut en positíon,

a

Ruhlsdorf, l'armée du prince de Suede tout en–

tícre. A droite devant lui il avait la division de

Borstell, repliée sur Je gros du corps prussien

de Bulow, au centre mais tirant un peu sur la

gauche l'armée suédoise, tout

a

fait

a

gauche

en.fin les Russes, c'est-a-dire, sans compter le

corps de Tauenzien, un rassemblement d'envi–

r on

1'JO

mille hommes, couverts par une nom–

breuse artillerie. II n'avait pour faire facc

a

cette

ligne formidable que 18 miIIe hommes , dont

6 mille Fran9ais, soldats cxcellents, et

12

mille

Saxons qui ne valaient plus ceux qui avaient

fait sous ses ordres la campagne de Russie. 11

n'éprouvait certes pas l'envie

de

se mesurer

avec une pareille masse d'ennemis; mais s'étant

assez avancé pour donner prise, il ne pouv:i it

manquer de les avoir bien tót sur les bras.

En cffet les Prussiens du général Bulow hru–

laient d'impatience de nous combattre, et de

couvrir de leurs corps la route par laquelle

nous prétendions arríver

u

Berlín. Bernadottc

hésitait. C'était la premiere

fois

qu'il allait r en–

contrer les Franc;ais, et il les craignait encore

plus que sa conscience. Il tremblait de voir dispa–

raitre

en

un jour le prcstige dont il avait

che~ché

a

s'entourer au milieu des éti•angers, en se don–

nant pour Je principal auteur des sucees de

Napoléon. Il craignait aussi de compromettre l'ar–

mée suédoise, qu'il savait ne pouvoir pas rem–

placer si elle était détruite.,11 s'agissait done pour

lui de jouer sa fortune , sa couronne en un

inslant, et

il

était saisi d'une hésitation qui fai–

sait douter de son courage de soldat. Le général

Bulow, comme tous les Prussiens, se défiant

encore plus de la loyauté de Bernadotte que de

sa valeur, n'attendit pas son commandement, et

avec les 30 mille hommes qu'il avait sous ses

ordres, marcha sur le général Reynier. U se

fit

précéder de beaucoup de bouches a feu, et,

pour l'ébranler plus surement, il porta sur le

flane de son adversaire la division de Borstcll.

Bernadotte ne pouvant plus reouler, mais ne

voulant pas engager toutes ses forces , se con–

tenta de détacher sa cavalerie avec une nom–

breuse artillerie contre la gauche de Reynier,

dont la division Borstell mena9ait la droite. Le

général Reynier, qui une fois au danger s'y

comportait avec la valeur d'un vieil officier de

l'armée du Hhin, tint bon, espérant etre bien–

tot secouru. II exécuta un mouvement rétro–

grade pour prendre une meilleure position, et

appuyant sa droite aux maisons deGross-Beeren,

sa gauche

a

une hauteur d'ou son artillerie

plongeait sur l'ennemi,

il

fit

tres-bonne conte–

nance. Les Prussiens, malgré une épaisse mi–

traille, s'avancerent réso'himent, animés par le

double désir de sauver Berlín et de saisir une

proie qu'ils croyaient assurée. La division Du–

rutle résista héroi:quement; mais les Saxons-,

pour la plupart conscrits de l'aimée, joignant

a

la faiblesse de leur age un tres-mauvais esprit,

travaillés par des officiers qui leur rappelaicnt

que Bernadotte les ayait commandés en 1809 et

traités comme un pere, ne résisterent pas Iong–

temps, et laisseren t sans appui la division Du–

rutte .

Celle.ci

fut obligée de se retirer, mais elle

le

fit

en bon ordre, et en ótant

a

l'ennemi le

gout de la poursuivre. De son c.óté la division

Guillemino t, du

12e

corps, s'avanc;ant sous la

conduite du mnréchal Oudinot sur le rcvers de

la position, s.e trouvait

a

Arensdorf au moment

de la plus violente canonnade. Elle se bata de

courir au feu, et se rabattit par sa droite

a

tra–

vers les bois, afin de secot1rir Reynier par le

plus court chemio. Arrivant trop tard pol'lr

faire changer la face du combat, elle serv-it tou–

tefois

a

contcnir l'ennem

i,

et

se

replia

cnsuj.le,

·assaillie plusieurs fois par la cavalerie

~usse

sans