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LIVRE
CINQUANTIE!'rf.E.
vant la lisíere des bois jusqu'a Gross-Beeren, et
Ja
s'arreterait pour prendre position. Quant
a
luí , au líeu de marcher avec le
12•
corps der–
riere le général Reyníer pour luí servir d'ap–
pui, íl imagina de passer par Arensdorf sur l'au–
tre versant des hauteurs que ce général devaít
parcourir, comme s'il etit craint d'importuner
ses Iieutenants par sa présence. 11 devait ensuite
déboucher sur Gross-Beeren, mais
a
deux Iieues
sur la gauche, distance
a
peu pres égale
a
celle
qui en devaj t séparer le général Bertrand sur la
droite.
Le 25 aout au matin ehacun se mit en mou–
vement selon la direction qui luí était assignée.
Sur la route de droíte , le général Bertrand
s'étant présenté devant la hauteur de Blanken–
felde,
y
trouva le général Tauenzien fortement
établi, et fut obligé d'engager aveo lui une vio–
lente canonnade. Sur la route de gauche, le
général Reyníer, avec
le
7e,
longea pendant
pres
de
trois lieues le flane des coteaux dont le
maréchal Oudinot paroourait le r evers, chemina
sans grande difficulté, et déboucha devant Gross–
Beeren. Sur-le-cbamp
il
attaqua ce village, et en
débusqua la division du général
de
Borstell.
Avec une impatience de succes, tr·es-mauvaise
conseillere, il s'avanc;a fort au dela de ce village
au lieu de s'y établir, et aperc;ut en positíon,
a
Ruhlsdorf, l'armée du prince de Suede tout en–
tícre. A droite devant lui il avait la division de
Borstell, repliée sur Je gros du corps prussien
de Bulow, au centre mais tirant un peu sur la
gauche l'armée suédoise, tout
a
fait
a
gauche
en.fin les Russes, c'est-a-dire, sans compter le
corps de Tauenzien, un rassemblement d'envi–
r on
1'JO
mille hommes, couverts par une nom–
breuse artillerie. II n'avait pour faire facc
a
cette
ligne formidable que 18 miIIe hommes , dont
6 mille Fran9ais, soldats cxcellents, et
12
mille
Saxons qui ne valaient plus ceux qui avaient
fait sous ses ordres la campagne de Russie. 11
n'éprouvait certes pas l'envie
de
se mesurer
avec une pareille masse d'ennemis; mais s'étant
assez avancé pour donner prise, il ne pouv:i it
manquer de les avoir bien tót sur les bras.
En cffet les Prussiens du général Bulow hru–
laient d'impatience de nous combattre, et de
couvrir de leurs corps la route par laquelle
nous prétendions arríver
u
Berlín. Bernadottc
hésitait. C'était la premiere
fois
qu'il allait r en–
contrer les Franc;ais, et il les craignait encore
plus que sa conscience. Il tremblait de voir dispa–
raitre
en
un jour le prcstige dont il avait
che~ché
a
s'entourer au milieu des éti•angers, en se don–
nant pour Je principal auteur des sucees de
Napoléon. Il craignait aussi de compromettre l'ar–
mée suédoise, qu'il savait ne pouvoir pas rem–
placer si elle était détruite.,11 s'agissait done pour
lui de jouer sa fortune , sa couronne en un
inslant, et
il
était saisi d'une hésitation qui fai–
sait douter de son courage de soldat. Le général
Bulow, comme tous les Prussiens, se défiant
encore plus de la loyauté de Bernadotte que de
sa valeur, n'attendit pas son commandement, et
avec les 30 mille hommes qu'il avait sous ses
ordres, marcha sur le général Reynier. U se
fit
précéder de beaucoup de bouches a feu, et,
pour l'ébranler plus surement, il porta sur le
flane de son adversaire la division de Borstcll.
Bernadotte ne pouvant plus reouler, mais ne
voulant pas engager toutes ses forces , se con–
tenta de détacher sa cavalerie avec une nom–
breuse artillerie contre la gauche de Reynier,
dont la division Borstell mena9ait la droite. Le
général Reynier, qui une fois au danger s'y
comportait avec la valeur d'un vieil officier de
l'armée du Hhin, tint bon, espérant etre bien–
tot secouru. II exécuta un mouvement rétro–
grade pour prendre une meilleure position, et
appuyant sa droite aux maisons deGross-Beeren,
sa gauche
a
une hauteur d'ou son artillerie
plongeait sur l'ennemi,
il
fit
tres-bonne conte–
nance. Les Prussiens, malgré une épaisse mi–
traille, s'avancerent réso'himent, animés par le
double désir de sauver Berlín et de saisir une
proie qu'ils croyaient assurée. La division Du–
rutle résista héroi:quement; mais les Saxons-,
pour la plupart conscrits de l'aimée, joignant
a
la faiblesse de leur age un tres-mauvais esprit,
travaillés par des officiers qui leur rappelaicnt
que Bernadotte les ayait commandés en 1809 et
traités comme un pere, ne résisterent pas Iong–
temps, et laisseren t sans appui la division Du–
rutte .
Celle.cifut obligée de se retirer, mais elle
le
fit
en bon ordre, et en ótant
a
l'ennemi le
gout de la poursuivre. De son c.óté la division
Guillemino t, du
12e
corps, s'avanc;ant sous la
conduite du mnréchal Oudinot sur le rcvers de
la position, s.e trouvait
a
Arensdorf au moment
de la plus violente canonnade. Elle se bata de
courir au feu, et se rabattit par sa droite
a
tra–
vers les bois, afin de secot1rir Reynier par le
plus court chemio. Arrivant trop tard pol'lr
faire changer la face du combat, elle serv-it tou–
tefois
a
contcnir l'ennem
i,
et
se
replia
cnsuj.le,·assaillie plusieurs fois par la cavalerie
~usse
sans