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LEIPZIG ET JIANAU. -

SEPTEAIBRE

·1815.

207

occupaientces diverses posiLions. Un autrccorps,

sous le comte Pahlen , déboucbant par la route

de Furstenwald qu'avait suivie Kleist Jors des

événeinents de Kulm, était venu vers Borna, la

ou les montagnes moins abruptes commencent a

se cbanger en plaine. Une irnmense cavalerie lan–

cée daos cette direction avait fort inquiété celle

de Pajol, et saos la vigueur de ce dernier , sans

son savoir-faire, lui aurait causé de grands

dommages.

Saint-Cyr, se voyant ainsi pressé, avait replié

du camp de Pirna sur Pirna meme sa

4.2e

divi–

tion, laissant, comme de coutume, quelques ba–

taillons daos la forteresse de

Koonigste~ n

, avait

ramené la 45e et la 44° de Giesbübel sur Zehist,

et la 45e, qui soutenait Pajol, de Borna surDohna.

C'est dans cette position que Napoléon le

trouva, point déconcerté, beaucoup moins alarmé

surtout qu'il n'avait affecté de l'etre, et tout pr et

a

reprendre l'offensive. Que signifiait cette nou–

vclle apparition de l'ennemi? Était-ce une con–

tinuation de la tactique au moyen de laquelle on

semblaitvouloir épuiser l'arniée

fran~aise,

ou bien

une attaque véritable? 11 valait la peine de s'en–

tretenir de cette question obscure avec un offi–

cier aussi intelligent que le maréchal Saint-Cyr.

Napoléon le questionna sur ce sujet avec beau–

coup de confiance et de cordialité. Quoiqu'il eft t

peu de gout pour son caractere,

il

appréciait fort

ses lumieres, et d'ailleurs dans la situation pré–

sente

il

avait besoin de ménager tout le monde,

surtout les gens de guerre déja bien fatigu és.

Par toutes ces raisons

il

s'entretint longuement

avec le maréchal Saint-Cyr, et ne parut pas con–

vaincu que cette derniere attaque füt sérieuse, ni

qu'elJe

füt

autre chose qu'une des alternatives de

ce va-et-vient perpétuel qui semhlait constituer

en ce moment toute la tactique des coalisés. Au

surplus Napoléon ne demandait pas mieux, d'a–

pres ce qu'il dit, que de réparer au moycn d'une

action décisive tout le tort que lui avaien t causé

les journées de Kulm, de la Katzbach et de Gross–

Beeren, mais

il

doutait avec raison que les coali–

sés, apres la le<;on re<;ue

a

Drcsde,

songe~ssent

a

s'en attirer une seconde du

m~me

genre. Evidem–

ment ils ne voudraient point se présenter encore

une fois la tete

a

Dresde, la queue aux défilés de

l'Erzgebirge, et quant

a

lesallercherchcraudcla,

c'esf-a-dire en Boheme,c'était un jeu trop hasar–

deux, et qui consistait

a

prendre pour soi la mau–

vaiseposition dont ilsnevoulaientplus apres l'avoir

essayée. IJ était plus vraisemblableque s'ils recom–

men~aient

une entreprise sur nos derrieres, ce

serait plus en arriere encore, c'est-a-dire par la

grande route de Commotau sur Leipzig , et l'ap–

parition de quelques cour eurs dans cetle direc–

tion , si'gnalée depuis dcux ou trois jours, portait

déja Napoléon a le penser , ce q ui prouvait,

comme on le verr a bientót, sa profonde sagacité.

Du r este il répéta qu'il se réjouirait fort d'avoir

encore une fo is l'armée de Boheme sur les bras,

entre Dresde et Péterswalde, mais qu'il n'osait

s'en llatter, qu'il était venu pour cela , que ses

r éserves étaient en marche, qu'elles ser aient le

lendemain matin

a

Drcsdc, le lendemain soir

a

Mugeln , et qu'on agirait suivant les circon–

stances .

Le ma1·échal Saint-Cyr parut etre d'un autre

avis . Ucroyait, lui ,

a

une attaque déterminée du

prince de Schwarzenberg ,

a

en juger par la vi–

gueur avec laquelle les divisions du 14e corps

avaient été poussées depuis

d~ux

jours, et

il

était

étonné surlout de voir ce prince s'avancer si pres

de Drcsde, si c'était pour une simple démonstra–

tion . 11 soutenait, comme il l'avait dé

ja

fa it, que

c'était vers la Boheme que Na poléon devait

cher~

cber

a

gag ner une grande bataille, qu'elle serait

la

plus décisive

a

cause de la présence des sou–

ver ains, dont

il

importait d'ébranler le couragé ;

a

quoi Napoléon répondait avcc r aison qu'il la

trouverai t bonne partout, meilleure sans doute

contre les souverains réunis, mais qu'il ne

d é~

pendait pas de lui de l'avoir ou il la désirait , et

qu'il la livr er ait la ou la fortune voudrait bien la

lui offrir.

Le maréchal Saint-Cyr était encore for t préoc–

cupé d'une idée, celle-ci tres-juste quoiquc bien

peu vraisemblable, c'cst qu'cn ce moment les

Autrichiens s'étaient séparés des Prussiens et des

Russes , car on ne voyait devant soi que de ces

derniers, saos un seul détachement autricbien.

Dans cecas, au lieu de

140

ou HiO mille hom–

mcs , c'étaient tout au plus 80 ou 90 mille aux–

quels on aurait

a

faire, et l'occasion était belle

pour se jcter sur les coalisés et les accabler. 11

y

avait la cependa nt une contradiction singuliere,

car la séparation des coalisés excluai t l'idée d'unc

ten talive sérieuse sur Dresde, et Napoléon croyait

plutót que si les Autrichiens s'étaient éloignés,

c'était pour préparer une marche ultérieure sur

Lcipzig, en se portant vers les directions qui pou–

vaient y conduire. Ces raison ncments entre deux

militaircs si compétents , r évélant si bien au mi–

lieu de quelles obscurités un général en chef est

obligé de se dirigér , n'importaient nullement

quant a

Ja

conduite

a

tenir, puisqu'on était d'ac-