LEIPZIG ET HANAU. -
SEPTEMBRE
1815.
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facile de s'y porter en une ou deux marches, et
en meme temps
i1
n'était pas assez avancé pour
ne pouvoir pas rétrograder jusqu'a
la
position du
maréchal Saint-Cyr , si l'ennemi débouchait par
Treplitz sur Péterswalde ou sur Altenberg.
Qllant aux partisans dont on voyait déja un
bon nombre, non-seulement sur la grande route
de Commotau
a
Leipzig, mais meme sur celle de
Carlsbad
a
Zwickau, Napoléon s'occupa de mettre
a
Jeur poursuite une certaine quantité de cava–
lerie, afin de les pourchasser s'ils n'étaient que
des partisans lancés
a
}'aventure' et de décou–
vrir leur destination s'ils étaient l'avant-garde
d'une armée marcbant sur Leipzig. Ildétacha de
Dresde Lefebvre-Desnouettes, et le fit rétrograder
sur Leipzig avec trois mille hommes de cavalerie
légerc. Ce brave général devait recevoir
a
titre
de prct momentané la cavalerie légere du maré–
chal Victor qui était
a
Freyberg, celle du maré–
chal Ney qui s'était fort rapproché depuis la
bataille deDennewitz, emprunter2millehommes
d'infanterie au général Margaron, qui avait
a
Leipzig beaucoup de bataillons de marche, et
fondre avec ces forces réunies sur les partisans
qui infestaient la Saxe, et avaient intercepté
quelques-uns de nos convois. Ces partisans parais–
saient dirigés par le général saxon Thielmann,
le meme qui avait passé
a
l'ennemi quelques mois
auparavant, et qui avec de l'infanterie légere
autrichienne, avec les Cosaques de Platow,
venait
a
la fois couper nos communications, et
tacber d'insurge:r la Saxe sur nos derrieres.
Lefebvre-Desnouettes, avee 7 ou 8 mi lle cavaliers
et 2 mille fantassins, avait mission de le pour–
suivre sans reJache. Voici enfin ce que Napoléon
ordonna relativement au maréchal Ney actuel–
lement JJeplié sur Torgau. D'abord, pour donner
plus d'unité
a
son armée,
il
avait prononcé la
dissolution du
f
2e corps spécialement commandé
par le maréchal Oudinot , et rappelé ce mal'échal
aupres de lui. 11 avait ensu.ite réparti les deux
divisions
fran~aises
de ce corps entre les
4e
et
7°' pour proeurer
a
ceux-ci plus de consistaoee,
et eonsacré
a
l'escorte des grands pares ce qui
restait de la divisfon bavaroise, car on ne pou–
vait plus avec sil.reté employer cette division
devant l'ennemi. ll avait dédommagé le maré–
chal Ney des trois ou quatre mille hommes perdus
par cette nouvelle distribution, en lui accordant
l'excelle,nte division polonaise Dombro'Yski ,
laqµel s'était conduite et allait encore se conduire
héro1quem1mt. Elle avaH fait partie de la division
active de Magdebourg sortie de cette place sous
le général Girard , et condamnée maintenant
a
l'inaction pour un temps indéfini. Le maréchal
Ney renfor cé quelque peu en nombre, beaucoup
en qualité de troupes, n'ayant plus que des lieu- ·
tenants généraux sous ses ordres, fut établi
entre Torgau et Wittenberg, afin d'arreteJl ou
du moins de contrarier beaucoup le premier
corps ennemi qui essayerait de franchir l'Elbe.
Comptant environ 56 mille hommes, dans les–
quels i1 n'y avait plus en fait d'Allemands que
quelques mille Saxons bien entourés,
il
ne pou–
vait pas sans doute tenir tete a une grande armée
qui voudrait résohlment passer l'Elbe , mais il
pouvait disputer le passage jusqu'a ce qu'on vint
a
son secours, ce qui était devenu facile depuis
que Napoléon avait concentré si habilement,
quoique si tardivement, ses forces aulour de
Dresde. Napoléon adopta provisoiremcnt une
mesure pour assurer au maréchal Ney les secours
dont
iI
aurait besoin, mesure combinée, comme
toutes celles qu'il prenait, de maniere
a
pourvoir
a
plus d"un objet
a
la fois. Il
pla~a
le maréchal
Marmont avec 18 mille hommes d'infanterie, le
général Latour-Maubourg avec 6 mille hommes
de cavalerie a Grossenhayn , un peu au dela de
l'Elbe, et
a
mi·chemin de Dresde
a
Torgau. Ces
214'
rnille hommcs' outre qu'ils étaicnt prets
a
tendre
la
main au maréchal
Ney,
devaien t pro–
téger la navigation de Hambourg
a
Dresde,
laquelle ne Iaissait pas d'offrir des difficultés,
depuis que l'ennemi victorieux sur notre gauche
s'approchait des bords del'Elbe . Or, on doit se sou–
venir que nolre principale source d'alimentation
était
a
Hambourg. Cette ville s'était rachetée au
moyen d'une contribution de
oO
millions de
francs, acquittés en grande partie en blés, en riz,
en viandes salées, en spiritueux , en cuirs , en
chevaux. Une portion de cet approvisionncment
avait remonté jusqu'a Dresde , et avait été con–
sommée. ll en restait
a
Torgau une parlie dont
on avait déja besoin, car malgré les soil1s con–
stants de
l\f.
Daru, malgré l'habileté qu'il dé–
ployait pour l'entretien de l'armée, il avait peipe
a
y suffire, surtout depuis que les parLisans inter–
ceptaient les routes de Leipzig
a
Dresde et empc–
chaient l'exécution des marchés passés avec les
habitants. Le corps cantonné
a
Grossenhayn
devait done assurer les arrivages par l'Elbe, ainsi
que les évacuations de blessés et de malades que
Napoléon avait ordonnées sur Torgau, Witten–
berg et l\fagdebourg.
Telles furent les dispositions de Napoléon ren–
tré a Dresde vers le milieu de septembre.