LEIPZIG ET HANAU. -
SEPTEIUilRE
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charges, le colonel Blucher., fils du général de ce
nom, lomba dans nos mains atteint de plusieurs
coups de lance. 11 fo t traité avec beaucoup d'é–
gards, et
a
son langage
0 0
put voir que la néces–
sité., mais non l'affection et la confiance, tenait
les coalisés unís. Peu importait au reste le scnti–
ment qui les r approchait, s'iÍ suffisai t pour les
faire marchcr ensemble encore une ou dcux
campagnes
1
Sur la fin du jour on arriva aux
environs de Kuhn, et on trouva toutc l'armée
de Boheme établie dans de fortes positions, ou il
était difficile de l'attaquer avec succes. Elle y
était au nombre d'au moins 120 mille hommes
depuis le r eto ur des Autrich iens, et Napoléon
n'en avait pas plus de 60 mille. Il aurait fallu
qu'il dégarnit les bords de l'Elbe pour en ame-
. ner davantagc, et l'occasion n'était vraiment pas
assez belle pour qu'il risquat de découvrir les
points importants de sa ligne.
Le Jendemain 17 il employa la matinée
a
ca–
nonner les Russes, et
a
leur tucr ai nsi q uelque
monde; mais un orage afJreux, mélé de pluie,
de grele, de neige, exposant Je soldat
a
de gr a–
ves souíirances, était une raison suffisante pour
se retirer. 11 repassa la chai oe des rnontagnes,
dit adieu
a
ces plaines de Boheme qu'il ne de–
vait plus revoir, et vint se poser
a
Pirna, pres
du pont qu'il avait fait établi r en secret, afinque
l'ennemi ne se doutat point de la masse de forces
qui pouvait en quelques heures déboucher sur
l'une ou l'autre ri vc. ll
y
réunit toute la gar de,
et se tint la aux aguets, pret
a
saisir l'occasion et
a
conduire quarante mille hommes au secours de
Macdonald ou de Saint-Cyr, si une tentati ve
sérieuse était faite sur Ja r ive droite ou sur la
rive gauche du haut Elbc. En ce moment le
maréchal Macdonald apercevait des mouvements
singuliers chez l'ennemi. 11 semblait que d'une
part des troupes nouvelles remon taient de gau–
che
a
droite pour entrer en Boheme par le dé–
bouché de Ziltau, et que de J'autre des troupes
allant
~e
droite
a
gauche quitlaient Blucher
pour rejoindre Bernadotte. Toutefois comme les
événements les plus graves paraissaient devoir
s'accomplir sur le front de Macdonald , Napoléon
jugea convenable de r ester
a
sa position de Pirna .
S'il fallait en effet fondre sur les assaillants qui
viendraientattaquer il'Iacdonald,
il
aimait mieux,
au lieu d'aller passer l'Elbe
a
Dresde, le passer
a
Pirna ou
a
Krenigslein, car outre le chemin
épargné
a
ses troupes ,
il
prendrait ainsi en flanc
'et
a
revers l'ennemi qui aurait abordé de front
la position de Dresde. De plus, en se tenant
a
Pirna avcc toute sa garde, il conservait la facilité
de se r abattre en arriere sur le flanc de la co–
lonne qui reviendrait encore tracasser le comte
de Lobau
a
Gicshübel. Enfi n par sa présence
il
accélérait et
d irige~i t
les t.ravaux or donnés sur
ces divel's points. On ne pouvait do ne mieux se
placer, ni combiner ses opérations d'une ma–
niere plus habil e. l\:lais ces manrouvrcs si sa–
vantes n'empechaient pas la guerrc de trainer
tristement en longueur, d'épuiser nos jeunes
soldats en fa tigues au-dcssus de leur age, d'éloi–
gner surtout ces événements décisifs auxquels
Napoléon avait habitué
la
France et l'Europe, et
don t il avait besoin pour soutenir le moral de
son arrnée et déconcerter la haine toujours crois–
sante de ses ennemís. Aussi était-il chagrín saos
elre découragé' et entendait-il de nombreuses
cr itiques meme parmi ses officiers qui , au lieu de
condamner hardiment son imprudente ambi–
tion, blamaient
a
tor t sa tactique admirable ,
laquelle ne laissait ríen
a
désirer, et quand elle
péchait en quelque chose, ne péchait que par la
faute de sa politique. L'idéc
Ja
plus r épandue
dans son état-major, c'est
q~1'il
aurait fallu se
reporter sur
la
Saale, ligne, comme nous l'avons
dit, impossible
a
défendre plus de huitjours, et
vers laquelle on ne pouvai t rétrograder que
pour se r eplier tout de sui te sur le Rhin, ce qui
était l'abandon instantané de toutes les préten–
tions pour lesquelles on avait continué la guerr e.
Cet abandon , il étai t
a
jamais regrettable de ne
l'avoir pas
fait
deux mois auparavant, mais au–
jourd'hui il étai t devenu presque impraticable.
Évacuer l'Elbe milita ircment eut été difficile,
cut entra1né
1:1
rctraite immédiate sur le Rhin ,
avec le sacrificc de tout ce qu'on laissait sur la
Vistule, sur l'Oder, et peut-etrc sur l'Elbe,
c'est-a-dire avec le sacr ificc de- cent vingt mille
hommes, et de trente mille malades, avec chance
de démoraliscr l'armée et de perdre quelque
grande bataiJle en se r eliran t. A l'évacuer , il eut
mieux valu l'évacuer poliliquement , en offrant
sur-le-champ de rouvrir les négociations sur
la
base de l'abandon de l'Allcmagne, mais les coali–
sés cnivrés d'cspér ance y auraient-ils consentí
dans le moment ? C'était peu probable. La
fa
ute
done <l'etre r esté sur i'Elbe, non
a
cause de
l'Elbc Ju i-merne, mais de tout ce qu'on avait la
prétention d'y défendre, condamnait presque
11
y demeurer jusqu'a périr. Au surplus Napoléon
était Ioin de se croire réduit
a
une pareille ex tré–
mité. 11 entrevoyait toujours ou une petite
guerre de va-et-vient, dans laquelle
il
se pro-