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LEIPZIG ET HANAU. -

SEPTEIUilRE

t8i5.

225

charges, le colonel Blucher., fils du général de ce

nom, lomba dans nos mains atteint de plusieurs

coups de lance. 11 fo t traité avec beaucoup d'é–

gards, et

a

son langage

0 0

put voir que la néces–

sité., mais non l'affection et la confiance, tenait

les coalisés unís. Peu importait au reste le scnti–

ment qui les r approchait, s'iÍ suffisai t pour les

faire marchcr ensemble encore une ou dcux

campagnes

1

Sur la fin du jour on arriva aux

environs de Kuhn, et on trouva toutc l'armée

de Boheme établie dans de fortes positions, ou il

était difficile de l'attaquer avec succes. Elle y

était au nombre d'au moins 120 mille hommes

depuis le r eto ur des Autrich iens, et Napoléon

n'en avait pas plus de 60 mille. Il aurait fallu

qu'il dégarnit les bords de l'Elbe pour en ame-

. ner davantagc, et l'occasion n'était vraiment pas

assez belle pour qu'il risquat de découvrir les

points importants de sa ligne.

Le Jendemain 17 il employa la matinée

a

ca–

nonner les Russes, et

a

leur tucr ai nsi q uelque

monde; mais un orage afJreux, mélé de pluie,

de grele, de neige, exposant Je soldat

a

de gr a–

ves souíirances, était une raison suffisante pour

se retirer. 11 repassa la chai oe des rnontagnes,

dit adieu

a

ces plaines de Boheme qu'il ne de–

vait plus revoir, et vint se poser

a

Pirna, pres

du pont qu'il avait fait établi r en secret, afinque

l'ennemi ne se doutat point de la masse de forces

qui pouvait en quelques heures déboucher sur

l'une ou l'autre ri vc. ll

y

réunit toute la gar de,

et se tint la aux aguets, pret

a

saisir l'occasion et

a

conduire quarante mille hommes au secours de

Macdonald ou de Saint-Cyr, si une tentati ve

sérieuse était faite sur Ja r ive droite ou sur la

rive gauche du haut Elbc. En ce moment le

maréchal Macdonald apercevait des mouvements

singuliers chez l'ennemi. 11 semblait que d'une

part des troupes nouvelles remon taient de gau–

che

a

droite pour entrer en Boheme par le dé–

bouché de Ziltau, et que de J'autre des troupes

allant

~e

droite

a

gauche quitlaient Blucher

pour rejoindre Bernadotte. Toutefois comme les

événements les plus graves paraissaient devoir

s'accomplir sur le front de Macdonald , Napoléon

jugea convenable de r ester

a

sa position de Pirna .

S'il fallait en effet fondre sur les assaillants qui

viendraientattaquer il'Iacdonald,

il

aimait mieux,

au lieu d'aller passer l'Elbe

a

Dresde, le passer

a

Pirna ou

a

Krenigslein, car outre le chemin

épargné

a

ses troupes ,

il

prendrait ainsi en flanc

'et

a

revers l'ennemi qui aurait abordé de front

la position de Dresde. De plus, en se tenant

a

Pirna avcc toute sa garde, il conservait la facilité

de se r abattre en arriere sur le flanc de la co–

lonne qui reviendrait encore tracasser le comte

de Lobau

a

Gicshübel. Enfi n par sa présence

il

accélérait et

d irige~i t

les t.ravaux or donnés sur

ces divel's points. On ne pouvait do ne mieux se

placer, ni combiner ses opérations d'une ma–

niere plus habil e. l\:lais ces manrouvrcs si sa–

vantes n'empechaient pas la guerrc de trainer

tristement en longueur, d'épuiser nos jeunes

soldats en fa tigues au-dcssus de leur age, d'éloi–

gner surtout ces événements décisifs auxquels

Napoléon avait habitué

la

France et l'Europe, et

don t il avait besoin pour soutenir le moral de

son arrnée et déconcerter la haine toujours crois–

sante de ses ennemís. Aussi était-il chagrín saos

elre découragé' et entendait-il de nombreuses

cr itiques meme parmi ses officiers qui , au lieu de

condamner hardiment son imprudente ambi–

tion, blamaient

a

tor t sa tactique admirable ,

laquelle ne laissait ríen

a

désirer, et quand elle

péchait en quelque chose, ne péchait que par la

faute de sa politique. L'idéc

Ja

plus r épandue

dans son état-major, c'est

q~1'il

aurait fallu se

reporter sur

la

Saale, ligne, comme nous l'avons

dit, impossible

a

défendre plus de huitjours, et

vers laquelle on ne pouvai t rétrograder que

pour se r eplier tout de sui te sur le Rhin, ce qui

était l'abandon instantané de toutes les préten–

tions pour lesquelles on avait continué la guerr e.

Cet abandon , il étai t

a

jamais regrettable de ne

l'avoir pas

fait

deux mois auparavant, mais au–

jourd'hui il étai t devenu presque impraticable.

Évacuer l'Elbe milita ircment eut été difficile,

cut entra1né

1:1

rctraite immédiate sur le Rhin ,

avec le sacrificc de tout ce qu'on laissait sur la

Vistule, sur l'Oder, et peut-etrc sur l'Elbe,

c'est-a-dire avec le sacr ificc de- cent vingt mille

hommes, et de trente mille malades, avec chance

de démoraliscr l'armée et de perdre quelque

grande bataiJle en se r eliran t. A l'évacuer , il eut

mieux valu l'évacuer poliliquement , en offrant

sur-le-champ de rouvrir les négociations sur

la

base de l'abandon de l'Allcmagne, mais les coali–

sés cnivrés d'cspér ance y auraient-ils consentí

dans le moment ? C'était peu probable. La

fa

ute

done <l'etre r esté sur i'Elbe, non

a

cause de

l'Elbc Ju i-merne, mais de tout ce qu'on avait la

prétention d'y défendre, condamnait presque

11

y demeurer jusqu'a périr. Au surplus Napoléon

était Ioin de se croire réduit

a

une pareille ex tré–

mité. 11 entrevoyait toujours ou une petite

guerre de va-et-vient, dans laquelle

il

se pro-