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154

LIVRE

QUARANTE-~NEUV1EME .

nion avec la garde, avec la réscrvc de cavalcric,

avec Víctor, avec Poniatowski, avec Vandamrne.

On devait ainsi, sans meme toucher

a

Saint-Cyr,

Se retrOUVeF en force égale

U

celle de l'enncmi

da ns la troisieme supposition, la seule imngi–

nable apres les deux autres. Ajoutez l'avantage

da ns tous les cas de la présence de Napoléon, son

art de profiter des occurrences, la presque cer–

titude sous sa direction de gagner une grande

bataille a la premicre rencontre, et on

con~oit

qu'il se flattat d'avoir toutes les chances en sa

faveur. Quel capitaine, dans aucun temps, avait

calculé avec cettc précision, avec cctle universa–

lité de prévoyancc, les mouvemeots de si vastes

masses, opposées

a

d'autres masses plus vastes

encore

!

Restait une sculc hypothcsc pour laquellc,

tres-volontairement, nulJe précaution o'avait été

prisc: c'était eelle oú les coalisés voulant touroer

Napoléon d'une maniere encore plus audacieuse,

et au lieu de descendre irnmédiatement sur ses

derrieres par Peterswalde, y descendant plus

loin, c'est-a-dire par la route de Leipzig, es–

sayeraient hardiment de se placer entre la grande

armée et le Rhin. Ceei ioquiétait peu Napoléon,

et

il

souriait a cette supposition. -

Ce n'est pas

cln

Rhin, c'est de l'Elbe,

avait-il dit avec une rare

pl'ofondeur,

qu'il m,'importe

de

n'etre

pas

coupé.

L'ennemi qui oserait s'avancer entre moi et le

flhin n'en revicudrait pas, tandis que celui qui

réussirait a s'établir entre moi et l'Elbe, me cou–

perait de ma vraie base d'opération

! -

Qui au–

rait eu l'audace en effet de marcher sur le Rhin ,

laissant derriere lui Napoléon avec

400

mille

hommcs, Napoléon non vaincu? On pouvait loin

du champ de bataille former de pareils rcves,

et on les forma effectivement, mais

a

la premiere

marche on devait reculer d'épouvante, comme

les faits le prouverent bientót.

Tous les coups étant prévus et parés sur ses

derrieres, sur sa droite, sur son front, cootrc

les deux armées de Bobeme et de Silésie, Napo–

léon avait préparé sur sa gauche une opération

importante, en vue de tenir tete a l'armée du

Nord, et d'arnener un résultat éclatant auquel il

attachait un grand prix, celui d'occuper la cap1-

tale de la Prusse, d'y entrer triomphalement par

run de ses lieutenants, de tirer ainsi une ven–

geance, non pas cruelle, mais humiliante, des

passions germaniques. 11 avait chargé le maré–

chal Oudinot avec son corps, avec ceux des gé–

néraux Bertrand et Reynier, avec la cavalerie de

réserve du duc de Padoue, de marcher de Luckau

SUL' Ilcrlfo.

(V

oir les ca rtcs n°• 28 et 58 .) Ces

trois corps d'infanterie, en y joignant une por–

tion de la cavalerie de réserve, auraient dú

s'élever

a

70

mille hommes, mais n'cn

comp.re–

nai.ent en réalité que de 65 a

66

mille. lis eomp–

laient

a

la vérité sur des renforts considérablcs.

Ils étaient liés

a

notre principale armée agissant

en avant de Dresde, par le général Corbineau

a

la tete de 5 mille chevaux et de 2 mille hommes

d'infanterie légere. C'était la un líen et non un

appui; mais plus loin, sur la gauche, c'est-a–

dire

a

la hautcur de Magdebourg, devait se

trouver le général Girard (le meme qui a Lutzen

avait si noblement réparé une faute commise en

Espagne) avec un corps de

12

a

1

5 mille hdmmes,

formé de la division Dombrowski, et de la partie

disponible de la garnison de Magdebourg, dont

nous avons déja

faü

connaitre l'ingénieuse com–

positioo. Ce général posté en avant de Magde–

bourg avec 5 mille hommes de la division Dom–

browski, recrutée et rcposée en Hesse, avec

8 ou '10 mille de la garnison de Magdebourg, de–

vait étabJir la communication entre le maréchal

Oudinot et le maréchal Davoust, et suivre lema–

réchal Oudinot da ns son mouvement offensif, de

maniere a porter· l'armée de celui-ci

a

pres de

80

mille hommes. Une masse pareille semblait

n'avoir ríen a craindre , ni des talents, ai des

forces du prince royal de Suede, qui avait dans

ses troupes beaucoup de ramassis, qui ne pou –

vait pas réunir actuellemeot plus de

70

mille

hommes sur

UD

meme champ de bataille, qui

d'ailleurs aurait bientót

a

faire faee

a

un redou–

table ennemi de plus, et cet eonemi c'était le

maréchal Davous t pret a sortir de Hambourg

avec 25 mille Frarn¡ais, avec

10

mille Danois, et

a

meoacer Berlín par le Mecklemb0urg, tandis

que le ,maréchal Oudinot le menacerait par Ja

Lusace. 11 y avait done les plus grandes chances

pour que le maréchal Oudinot entrat sous peu de

jour dans Berlín, y fUt rejoint par le maréchal

Davoust avec 515 mille hommes, ce qui placerait

sous ce dernie'r, destiné

a

commander le tout,

une masse de

110

a

H 5

mille hommes, etsuffi–

rait pour déjouer les projets du prince royal de

Suede. Ai nsi Napoléoo, tandis qu'il tenait tete

a

droite et de front aux forces gigantesques de la

coalition, devait par sa gauche pénétrer dans

Berlín,

y

frapper le foyer des passions germani–

qu es,

y

punir la Prusse de son abandon, le prince

de Suede de sa traliison, et tendrc Ja main a ses

o-arnisons de I'Oder et de la Vistule! C'était la

~ans

doute un début éclatant, et qui avait du