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LIVRE
QUARANTE-~NEUV1EME .
nion avec la garde, avec la réscrvc de cavalcric,
avec Víctor, avec Poniatowski, avec Vandamrne.
On devait ainsi, sans meme toucher
a
Saint-Cyr,
Se retrOUVeF en force égale
U
celle de l'enncmi
da ns la troisieme supposition, la seule imngi–
nable apres les deux autres. Ajoutez l'avantage
da ns tous les cas de la présence de Napoléon, son
art de profiter des occurrences, la presque cer–
titude sous sa direction de gagner une grande
bataille a la premicre rencontre, et on
con~oit
qu'il se flattat d'avoir toutes les chances en sa
faveur. Quel capitaine, dans aucun temps, avait
calculé avec cettc précision, avec cctle universa–
lité de prévoyancc, les mouvemeots de si vastes
masses, opposées
a
d'autres masses plus vastes
encore
!
Restait une sculc hypothcsc pour laquellc,
tres-volontairement, nulJe précaution o'avait été
prisc: c'était eelle oú les coalisés voulant touroer
Napoléon d'une maniere encore plus audacieuse,
et au lieu de descendre irnmédiatement sur ses
derrieres par Peterswalde, y descendant plus
loin, c'est-a-dire par la route de Leipzig, es–
sayeraient hardiment de se placer entre la grande
armée et le Rhin. Ceei ioquiétait peu Napoléon,
et
il
souriait a cette supposition. -
Ce n'est pas
cln
Rhin, c'est de l'Elbe,
avait-il dit avec une rare
pl'ofondeur,
qu'il m,'importe
de
n'etre
pas
coupé.
L'ennemi qui oserait s'avancer entre moi et le
flhin n'en revicudrait pas, tandis que celui qui
réussirait a s'établir entre moi et l'Elbe, me cou–
perait de ma vraie base d'opération
! -
Qui au–
rait eu l'audace en effet de marcher sur le Rhin ,
laissant derriere lui Napoléon avec
400
mille
hommcs, Napoléon non vaincu? On pouvait loin
du champ de bataille former de pareils rcves,
et on les forma effectivement, mais
a
la premiere
marche on devait reculer d'épouvante, comme
les faits le prouverent bientót.
Tous les coups étant prévus et parés sur ses
derrieres, sur sa droite, sur son front, cootrc
les deux armées de Bobeme et de Silésie, Napo–
léon avait préparé sur sa gauche une opération
importante, en vue de tenir tete a l'armée du
Nord, et d'arnener un résultat éclatant auquel il
attachait un grand prix, celui d'occuper la cap1-
tale de la Prusse, d'y entrer triomphalement par
run de ses lieutenants, de tirer ainsi une ven–
geance, non pas cruelle, mais humiliante, des
passions germaniques. 11 avait chargé le maré–
chal Oudinot avec son corps, avec ceux des gé–
néraux Bertrand et Reynier, avec la cavalerie de
réserve du duc de Padoue, de marcher de Luckau
SUL' Ilcrlfo.
(V
oir les ca rtcs n°• 28 et 58 .) Ces
trois corps d'infanterie, en y joignant une por–
tion de la cavalerie de réserve, auraient dú
s'élever
a
70
mille hommes, mais n'cn
comp.re–nai.ent en réalité que de 65 a
66
mille. lis eomp–
laient
a
la vérité sur des renforts considérablcs.
Ils étaient liés
a
notre principale armée agissant
en avant de Dresde, par le général Corbineau
a
la tete de 5 mille chevaux et de 2 mille hommes
d'infanterie légere. C'était la un líen et non un
appui; mais plus loin, sur la gauche, c'est-a–
dire
a
la hautcur de Magdebourg, devait se
trouver le général Girard (le meme qui a Lutzen
avait si noblement réparé une faute commise en
Espagne) avec un corps de
12
a
1
5 mille hdmmes,
formé de la division Dombrowski, et de la partie
disponible de la garnison de Magdebourg, dont
nous avons déja
faü
connaitre l'ingénieuse com–
positioo. Ce général posté en avant de Magde–
bourg avec 5 mille hommes de la division Dom–
browski, recrutée et rcposée en Hesse, avec
8 ou '10 mille de la garnison de Magdebourg, de–
vait étabJir la communication entre le maréchal
Oudinot et le maréchal Davoust, et suivre lema–
réchal Oudinot da ns son mouvement offensif, de
maniere a porter· l'armée de celui-ci
a
pres de
80
mille hommes. Une masse pareille semblait
n'avoir ríen a craindre , ni des talents, ai des
forces du prince royal de Suede, qui avait dans
ses troupes beaucoup de ramassis, qui ne pou –
vait pas réunir actuellemeot plus de
70
mille
hommes sur
UD
meme champ de bataille, qui
d'ailleurs aurait bientót
a
faire faee
a
un redou–
table ennemi de plus, et cet eonemi c'était le
maréchal Davous t pret a sortir de Hambourg
avec 25 mille Frarn¡ais, avec
10
mille Danois, et
a
meoacer Berlín par le Mecklemb0urg, tandis
que le ,maréchal Oudinot le menacerait par Ja
Lusace. 11 y avait done les plus grandes chances
pour que le maréchal Oudinot entrat sous peu de
jour dans Berlín, y fUt rejoint par le maréchal
Davoust avec 515 mille hommes, ce qui placerait
sous ce dernie'r, destiné
a
commander le tout,
une masse de
110
a
H 5
mille hommes, etsuffi–
rait pour déjouer les projets du prince royal de
Suede. Ai nsi Napoléoo, tandis qu'il tenait tete
a
droite et de front aux forces gigantesques de la
coalition, devait par sa gauche pénétrer dans
Berlín,
y
frapper le foyer des passions germani–
qu es,
y
punir la Prusse de son abandon, le prince
de Suede de sa traliison, et tendrc Ja main a ses
o-arnisons de I'Oder et de la Vistule! C'était la
~ans
doute un début éclatant, et qui avait du