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DRESDE ET VITTORIA. -

AOUT

18·115.

-149

rance depuis la bataille de Vittoria, et surtout

depuis l'adhésion de l'Autriche. Pcut-etre meme

sans cette puissance il se serait flatté de pouvoir

soutenir la lutte, ayant re(}U dans les deux der–

niers mois de nombreux renforts, et la Prusse,

elle aussi, ayant fort augmenté ses armements.

Mais, avec l'Autriche de plus, avec les nouvel!es

que les Anglais mandaient de leurs progrcs en

Espagne, de leur prochaine entrée en France,

il ne doutait pas d'etre bientót vainqueur de Na–

poléon et de Je remplacer en Europe

!

La tete de

ce jeune monarque était dans un état d'incan–

descence extraordinaire , et pour atteindre au

terme de cette amhition,

il

n'était ni dangers

qu'il ne füt résolu

a

braver, ni caresses qu'il ne

füt disposé

a

prodiguer

a

ses associés anciens et

nouveaux. 11 était en effet plein de soius, de dé–

férence apparente pour tous, et, Join de se gran–

dir, il affectait au contraire de se montrer moins

grand, moins puissant qu'il n'était, de peur d'of–

fusquer et de déplaire. Avec beaucoup de rcspect

et de condescendance pour l'empereur Fran(}ois,

et saos afficher l'intention de détróner Napoléon,

c'est-a-dire l\1arie-Louise, il manifesta l'espérance

de conquérir bientót par la guerre des conditions

meiJieures, et une indépendance de l',Allemagne

infiniment mieux garantie. 11 avait d'ailleurs une

raison toute-puissante

a

faire V¡lJoir aupres de

l'Autriche, c'est que, sans l'abandon des villes

hanséatiques,

il

serait impossible d'obtenir l'ad–

hésion de l'Angleterre

a

laquelle on était étroite–

ment lié, et il avait de plus un appat bien sédui–

sant a faire briller a ses yeux' c'était Ja possibilité,

si on était victorieux, de lui restituer une partie

de l'Jtalie. En conséquence, sans attendre l'ar–

rivée du roi de Prusse, Alexandre fit répondre

par écrit, et par l'intermédiaire de lVI. <le l'vletter–

nich a

l\'1.

de Caulaincourt, que Leurs l'vlajestés

les souverains alliés, apres en avoir conféré entre

eux, pensant

que toute idée de paix véritable

était inséparable de la pacification générale que

Leurs lJtlajestés s'étaient flattées de préparer par

les négociations de Prague, elles n'avaient pas

trouvé dans les articles que proposait maintenant

Sa Majesté l'empereur Napoléon, des conditions

qui pussent

f

aire atteindre au grand but qu'elles

avaient en vue, et que par conséquent Leurs

Majestés jugeaient ces conditions inadmissibles.

C'était dire assez clairement qu'on regardait

~es

conditions comme tout

a

fait inacceptables par

l'Angleterre.

1\1.

de Bender, employé de la légation autri–

chienne, fut chargé de porter lui-meme cette

réponse ·a M. de Caulaincourt au chatean de Kre–

nigsal, et de la lui remettre par écrit. Quoique

s'y attendant, M. de Caulaincourt en fut cepen–

dant consterné, car dans son bon sens, dans son

noble patriotisme,

il

n'augurait que de grands

malheurs de la continuation de cette guerre. 11

fit

ses préparatifs de départ, vit une derniere

fois M. de Metternich, avec Jeque] il échangea de

nouveaux et inutiles regrets, convint avec lui

qu'on pourrait ouvrir un congres afin de négo–

cier en se battant, faible espérance qui laissait la

chance pour les uns ou pour les autres de signer

apres un affreux duel sa propre destruction, puis

il alla r ejoindre Napoléon en Lusoce. Le creur

plein d'une sorte de désespoir,

il

écrivit

a

1\1.

de

Bassano pour lui exprimer en un langage baut

et amcr le déplaisir d'avoir été employé

a

une

négociation illusoire, et, arrivé aupres de Napo–

léon,

il

lui témoigna, avec un respect grave, mais

avec une convietion ferme, la douleur qu'il

éprouvait d'avoir vu négliger cette occasion uni·

que de conclure la paix. Napoléon d'une fa(}on

assez légere essaya de le consoler de eette occa–

sion manquée, promattant de lui en fournir bicn–

tót une plus belle, et lui rendit ses fonctions, qui

nominalement étaient celles de grand écuyer,

mais qui devenaíent, depuis la mort du maréchal

Duroc, tantót celles de grand maréehal, tantót

meme celles de ministre des affaires étrangeres

et d'ambassadeur extraordinaire. Les honneurs

pouvaient toucher ce grand creur, sensible assu–

rément aux faveurs de cour, mais ne pouvaient

a aucun <legré lui faire oublier les infortuncs de

son pays.

Telle fut cctte célebre et malheureuse négo–

cia tion avec l'Autriche, commencée, conduite

sous l'empire des plus funestes illusions, et avec

une maladresse que les passions seules peuvent

expliquer chez un esprit aussi pénétrant que

celui de Napoléon. Comme nous l'avons dit,

eomme l'avaient soutenu MM. de Caulaincourt,

de Talleyrand, de Cambacéres, lors du conseil

tenu aux Tuileries, il fallait ou annuler l'Au–

triche daos cette occasion, l'essayer au moins en

la comblant d'égards, en affectant de ne pas vou–

loir l'engager daos une guerre qui lui était

étrangere, et surtout en ne lui demandant aucune

portion de ses forces pour ne pas luí fournir soi–

meme un prétexte d'armer ; ou bien' si on ]a

pressait d'entrer plus avant dans les événements,

si on lui fourni ssait par la un motif spécicux

d'augmenter ses forces , si on la conduisait pour

ainsi dire par la main an role de médiatrice, il