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DRESDE ET VITTORJA. -

AoUT

i8i5.

147

magne, ni un batealJ s11r l'Elbe, afin que les

Cosaques ne trouvassent· rien

a

eµlever, et ne

pusse.nt

piller que

le

pays,

ainsi que Napoléon

l'écrivait au maréchal Davoust. Lui-méme se di.s–

posait

a

partir le 15 ou le 16 aout pour se ren–

drc en Silésie et sur la frontiere de Bohcme, ou

il

s'attendait

a

voir commencer les hostilités. Du

reste, il ne laissa de doute

n

personne sur le

renouvellemcnt de la guerre. Il écrivit

a

Dantzig

au général Rapp pour l'encourager, le rassurer

sur l'issue de cettc nouvelle lutte, luí conférer

des pouvoirs extraordinaires, luí recommandcr

de ne jamais rendre la place , ·et lui promettre de

le débloquer prochainemcnt : ll en fit autant

a

J'égard des commandants de Glogau , de Custrin

et de Stettin.

11

écrivit au maréchal Davoust

a

Hambourg, au génér;il Lemarois a Magdebourg,

qu'iJs eussent

a

se tenir sur leurs gardes, que la

guerre allait rccommencer, qu'elle serait terri–

ble, mais qu'il était en mesure de faire face

a

tous ses ennemis, l'Autrfohe comprise, et qu'il

espérait avant lrois mois les punir de lcurs indi–

gnes propositions. A personoe

il

ne dit, parce

qu'il ne l'aurait pas osé,

a

quoi avait tenu la

paix;

il

n'en informa pas meme le chef véri table

du gouvernement de la régence, l'ar.chichance–

lier Cambacéres, et se contenta de lui mander

que bientót on .lui fcr.aít éonnaitre les exigcnces

de l'Autriche; que pour te moment on était

obigé d'en garder le secret, mais qu'elles avaient

été excessives jusqu'a en devenir offensantes.

Respcctant un peu moins le duc de Rovjgo,

Napoléon hasarda un véritable mensonge avec

lui, et osa lui écrire qu'on avait voulu nous &ter

Venise, se fondant apparemment sur son theme

ordinairc, que demander Trieste c'était deman–

dcr Venise, comme si on prétendait que deman–

der Magdeb<!mrg , c'est demander Mayenee ,

parce que l'une est suF le chemin de l'autre. Ne

voulant pas qu'on inquiétat l'lmpératrice , il

presorivit

a

I'aréhichancelier de la faire partir

pour Cherbourg, afin qu'elle n'apprit la rupture et

la repPisc des hostilités .qu'a.pres quelque grande

batailíe gagnée, et les plus gros dangers passés.

En ee moment par1:1t

a

Dresde l'un des lieule–

nants de Napoléon les plus utiles un jour deba–

taille, et doublement désirablc dans les circon–

stances préscntes, sous le rapport de la guerre et

de la politíq1:1e; c'était le roi de Naples. Outre

que la cavalerie de réservc, pouvant présentcr

trente Illl'lle caval-iers en ligne , avnit besoin

d'etre commandée par un chef d'un mérite supé–

rieur, c'était un vrai soulagement pour Napoléon,

un grand motif de sécurité, que d'avoir tiré

Murat d'Italie. On a vu que., fatigu é du joug de

Napoléon, biless·é de ses traitements offensants,

alarmé sur le sort de la dynastic impériale,

:Murat avait songé

a

se rattacher

a

l'Autriche et

a la politique médiatrice de cette puissance, afin

de sauver son trone d'un désastre

gén~ral,

et que

se défiant meme de sa femme, il avait fini

par se cacher d'elle, et par tombet• dans des

egitations maladives. On a vu encore que Napo–

léon pour compléter I'armée d'Italie, et pour

mettre la cour de Naples

a

l'épreuve, 1ui avait

demandé une divisioo de ses troupes, et que

Murat, en intrigue avec l'Autricbe , voulant gar–

der d'ai11eurs son armée tout entiere sous sa

main, s'était refusé aux désirs de son beau-frere.

J\fais avec ses manieres accoutumées, Napoléon

avait fait sommer Murat par le ministre de

France, M. Durand de Mareuil, d'obtempérer

i1

ses réquisitions sous peine de la guerre. Murat.

alors, ne sachant plus

a

quel partí s'ar1'eter, tan–

tót voyant Napoléon battu, détruit, tous les trónes

des Booaparte renvcrsés, excepté peut-etrc les

trónes de ceux qui auraient opéré leur défection

a

temps, tantot le voyant vainqueur a Lutzen,

a

Bautzen et ailleurs, désarmantl'Europe par la vic–

toire et par les concessions, sacrifiant

a

la paix

l'Espagne etNaples au besoin, était tombé daos un

véritable état de folie, lorsque les conseils de sa

femme, et ies lettres du duc d'Otrante, avec lequel

il

avait été plus d'une fois en intrigue secrete ,

l'avaíent déterminé

a

ohéir. :M:ais ne voulant pas

que la réconciliation, une fois qu'il s'y décidait,

eut lieu

a

moitié, il était venu se mettre

a

la

tete de la cavalerie de la grande armée, et était.

arrivé

a

Dresde la veille de l'entrée en campa–

gne. Napoléon l'accueillit avec bonne grace ,

feignant de ne pas s'apercevoir de ce qui s'était

passé, paraissant n'attacher aucune importance

aux variations d'un beau-frere aussi brnve qu'in ·

conséquent, pardonnant en un mot, mais a'\

1

ec

une certaine marque de dédain que Murat dis–

cernait bien, el sentait saos le dire.

11

l'emmena done aveclui, et partit dans la nuit.

du

1

D

au

'16

aout pour Bautzen, afin d'étre aux.

ava11t-postes vingt-quatre heures avant la reprise

des hostilítés, et ne conservant évídemment au–

cunc espérance de voir la paix résulter des

cf–

forts réunis de MM. de Caulaincourt et de

~Iet­

ternich. L'espérance était bien faible en effet,

tant

a

cause des conditions elles-memes que du

tcmps si t-ristement perdu.

NI.

de Caulaincourt,

immédiatement aprcs avoir reitu les dernieres

..