DRESDE ET VITTORJA. -
AoUT
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magne, ni un batealJ s11r l'Elbe, afin que les
Cosaques ne trouvassent· rien
a
eµlever, et ne
pusse.ntpiller que
le
pays,
ainsi que Napoléon
l'écrivait au maréchal Davoust. Lui-méme se di.s–
posait
a
partir le 15 ou le 16 aout pour se ren–
drc en Silésie et sur la frontiere de Bohcme, ou
il
s'attendait
a
voir commencer les hostilités. Du
reste, il ne laissa de doute
n
personne sur le
renouvellemcnt de la guerre. Il écrivit
a
Dantzig
au général Rapp pour l'encourager, le rassurer
sur l'issue de cettc nouvelle lutte, luí conférer
des pouvoirs extraordinaires, luí recommandcr
de ne jamais rendre la place , ·et lui promettre de
le débloquer prochainemcnt : ll en fit autant
a
J'égard des commandants de Glogau , de Custrin
et de Stettin.
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écrivit au maréchal Davoust
a
Hambourg, au génér;il Lemarois a Magdebourg,
qu'iJs eussent
a
se tenir sur leurs gardes, que la
guerre allait rccommencer, qu'elle serait terri–
ble, mais qu'il était en mesure de faire face
a
tous ses ennemis, l'Autrfohe comprise, et qu'il
espérait avant lrois mois les punir de lcurs indi–
gnes propositions. A personoe
il
ne dit, parce
qu'il ne l'aurait pas osé,
a
quoi avait tenu la
paix;
il
n'en informa pas meme le chef véri table
du gouvernement de la régence, l'ar.chichance–
lier Cambacéres, et se contenta de lui mander
que bientót on .lui fcr.aít éonnaitre les exigcnces
de l'Autriche; que pour te moment on était
obigé d'en garder le secret, mais qu'elles avaient
été excessives jusqu'a en devenir offensantes.
Respcctant un peu moins le duc de Rovjgo,
Napoléon hasarda un véritable mensonge avec
lui, et osa lui écrire qu'on avait voulu nous &ter
Venise, se fondant apparemment sur son theme
ordinairc, que demander Trieste c'était deman–
dcr Venise, comme si on prétendait que deman–
der Magdeb<!mrg , c'est demander Mayenee ,
parce que l'une est suF le chemin de l'autre. Ne
voulant pas qu'on inquiétat l'lmpératrice , il
presorivit
a
I'aréhichancelier de la faire partir
pour Cherbourg, afin qu'elle n'apprit la rupture et
la repPisc des hostilités .qu'a.pres quelque grande
batailíe gagnée, et les plus gros dangers passés.
En ee moment par1:1t
a
Dresde l'un des lieule–
nants de Napoléon les plus utiles un jour deba–
taille, et doublement désirablc dans les circon–
stances préscntes, sous le rapport de la guerre et
de la politíq1:1e; c'était le roi de Naples. Outre
que la cavalerie de réservc, pouvant présentcr
trente Illl'lle caval-iers en ligne , avnit besoin
d'etre commandée par un chef d'un mérite supé–
rieur, c'était un vrai soulagement pour Napoléon,
un grand motif de sécurité, que d'avoir tiré
Murat d'Italie. On a vu que., fatigu é du joug de
Napoléon, biless·é de ses traitements offensants,
alarmé sur le sort de la dynastic impériale,
:Murat avait songé
a
se rattacher
a
l'Autriche et
a la politique médiatrice de cette puissance, afin
de sauver son trone d'un désastre
gén~ral,
et que
se défiant meme de sa femme, il avait fini
par se cacher d'elle, et par tombet• dans des
egitations maladives. On a vu encore que Napo–
léon pour compléter I'armée d'Italie, et pour
mettre la cour de Naples
a
l'épreuve, 1ui avait
demandé une divisioo de ses troupes, et que
Murat, en intrigue avec l'Autricbe , voulant gar–
der d'ai11eurs son armée tout entiere sous sa
main, s'était refusé aux désirs de son beau-frere.
J\fais avec ses manieres accoutumées, Napoléon
avait fait sommer Murat par le ministre de
France, M. Durand de Mareuil, d'obtempérer
i1
ses réquisitions sous peine de la guerre. Murat.
alors, ne sachant plus
a
quel partí s'ar1'eter, tan–
tót voyant Napoléon battu, détruit, tous les trónes
des Booaparte renvcrsés, excepté peut-etrc les
trónes de ceux qui auraient opéré leur défection
a
temps, tantot le voyant vainqueur a Lutzen,
a
Bautzen et ailleurs, désarmantl'Europe par la vic–
toire et par les concessions, sacrifiant
a
la paix
l'Espagne etNaples au besoin, était tombé daos un
véritable état de folie, lorsque les conseils de sa
femme, et ies lettres du duc d'Otrante, avec lequel
il
avait été plus d'une fois en intrigue secrete ,
l'avaíent déterminé
a
ohéir. :M:ais ne voulant pas
que la réconciliation, une fois qu'il s'y décidait,
eut lieu
a
moitié, il était venu se mettre
a
la
tete de la cavalerie de la grande armée, et était.
arrivé
a
Dresde la veille de l'entrée en campa–
gne. Napoléon l'accueillit avec bonne grace ,
feignant de ne pas s'apercevoir de ce qui s'était
passé, paraissant n'attacher aucune importance
aux variations d'un beau-frere aussi brnve qu'in ·
conséquent, pardonnant en un mot, mais a'\
1
ec
une certaine marque de dédain que Murat dis–
cernait bien, el sentait saos le dire.
11
l'emmena done aveclui, et partit dans la nuit.
du
1
D
au
'16
aout pour Bautzen, afin d'étre aux.
ava11t-postes vingt-quatre heures avant la reprise
des hostilítés, et ne conservant évídemment au–
cunc espérance de voir la paix résulter des
cf–
forts réunis de MM. de Caulaincourt et de
~Iet
ternich. L'espérance était bien faible en effet,
tant
a
cause des conditions elles-memes que du
tcmps si t-ristement perdu.
NI.
de Caulaincourt,
immédiatement aprcs avoir reitu les dernieres
..