142
LIVRE QUARANTE-NlfüVIEl\fE.
aboutissants vers Ja mer. Tout cela était si né–
cessaire pour que l'Allemagne retrouvat quelque
indépendance, en restant d'ailleurs fort exposée
encore
a
l'influence de Napoléon, qui conservait
l\fayence, Cologne, Wesel, Gorcum, le Texel et
Ja Westphalie, qu'il n'y avait pas autre chose
a
imaginer et
a
proposer. On avait assez commu–
niqué avec la Prusse et Ja Russie pour s'etre as–
suré de leur adhésion
a
ces bases, et quaot
a
l'Angleterre, les villes h.anséatiques étant réta–
blies, Napoléon paraissant décidé au sacrifice de
l'Espagne, on'était certain de l'amener
a
la paix,
car elle ne voudrait pas restcr seule en guerrc
avec la France. On résolut done de faire con–
naitre
a
Napoléon les conditions dont il s'agit,
et qui au surplus n'étaient pas nouvelles pour
lui, en exigeant le seol'et qu'il avait exigé Iui–
meme, et en demandant une r éponse sous qua–
rante-huit heures, car apres le
4
O aout au soir
il
ne serait plus temps:-
M.
de Metternich , revenu le 7
a
Prague, fut
tout
a
coup rappelé
a
Brandeiss par son maitre,
qui, avant de se preter
a
ces communications
particulieres, avait été saisi d'une subite hésita–
tíon. Mais tout examiné, l'empereur et son mi–
nistre persisterent, et apres unejournée malheu–
reusement perdue, la réponse fut apportée
a
l\f. de Caulaincourt, toujoúrs
a
l'insu de
1\1.
de
Narbonne . M. de l\ietternich lui dit que son
maitre s'était demandé si cette comrnunication
si imprévue et si tardive de Napoléon
étai~
une
dérnarche de force ou de
rus
e;
que si elle était
une démarche de force cornme il aimait
a
le
penser de la part de son gendre, on 'Jui devait
une franche réponse; que si elle était une dé–
marche de ruse,
il
croyait devoir
y
répondre
encore, car les conditions qu'il apportait pou–
vaient s'aivouer au ·monde entier, et surtout
a
Ja
France. Il lui
fit
done verbalement Ja déclaration
suivante, qu'il l'autorisa
a
t.ranscrire sur-le–
champ, sous sa dictée, et qui a une telle impor–
tance que nous allons la reproduire textuelle–
ment.
INSTRUCTIONS POUR LE C031TE
DE
JUETTERNICH ,
SIGNÉES PAR L'EDIPEREUR D'AUTRICHE.
" M. de Metternich demandera au duc de
" Vicence, sbus sa parole d'honneur, Fengage–
" ment que soo gouvernemeat gardera le sccret ·
ce
le plus ausolu sur l'objet dont il est ques–
" tion.
" Connaissant ,par des explications confiden-
" tielles préalables les conditions que les cours
" de Russie et de Prusse paraissent inettre
a
des .
(( arrangements pacifiques, et me réunissant
a
" leurs points de vue, parce que je regarde ces
ce
conditions comme nécessaires au bien-etre de
" mes États et des autres puissances, et comme
«
les seules qui puissent réellement mener
a
la
1(
paix générale, je ne balance point
a
énoncer
" les articlcs qui renferment mon
ultimaturn.
" J'attends un
oui
ou
non
dans la journée
«
du 10.
(( Je suis décidé
a
déclarer daos la journée
" du 11, ainsi que cela se fera de la part de la
-------;, Russie et de la Prusse, que le congres est dis–
" sous, et que je joins mes forces
a
celles des
'' alliés pour conquérir une paix compatible
" avec les intérets de toutes les puissances, et
" que je ferai des lors abstraction des conditions
ce
actuelles, dont lesort des armes décidera pour
" l'aveoir.
'' Toutcs propositions faites apres le 11 ne
(( pourront plus se licr avcc la présente négo–
cc
ciation.
n
Conditions auxquelles l'Autriche regarde la paix
comme faisable.
u
Dissolution du duché de Varsovie et sa
" répartition entre l'Aut.ricbe,
la
Russie et la
" Prusse; par conséquent Dantzig
a
Ja Prusse.
" Rétablissement de Hambourg et de Lubeck
u
comme villes libres baoséa tiques, et arrange–
«
ment éventuel et lié
a
la paix générale sur les
" autres parties de la
52c
division militaire, et
" sur la renonciation au protectorat de Ja Con- ·
u
fédération du Rhin, afin que l'indépcndance
" de tous les souverains actuels de l'Allemagne
«
se trouve placée sous la garantie de toutes les
" grandes puissances. ·
•<
Reconstruction de la Prusse avec une fron–
u
tiere tenable sur l'Elbe.
" Ccssion des provinccs illyricnnes
a
l'Au-
1c
triche.
" Garantie réciproque que l'état de possession
1c
des puissances grandes et petites, tel qu'il se
1(
trouvera fixé par la paix, ne pourra etre
" changé ni lésé par aucune d'elles.
n
Apres cette communication si importante, et
qui confond tous les mensonges que certains nar–
r ateurs ont avancés sur ce sujet, M. de Metter–
nich ajouta quelques
explic~tions
d'une extreme
gravité. Il dit que jusqu'au '10 aoftt au soir l'Au–
triche serait saos engagement avec les puissanccs