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LIVRE QUARANTE-NEUVIEl'tlE.
la difficulté qu'on avait eue pour faire prolonger
l'armistice une premiere foi s, obtenir une nou–
velle prolongalion ; d'ailleurs il se sentait pret.
Le temps désormais devai t profiter
a
ses adver–
saires plus qu'a lui, etil tenai t
a
les frapper avant
l'hiver. Un seul désir lui r estait en fait d'ajour–
nement , c'itait de
~ifférer
l'entrée en action de
l'Autrichc, ce qui Jui eut for t convenu, car il
auraiteu ainsi la possibilité d'écraser séparément
les Russes et les Prussiens, et de r evenir en –
suite sur les Autrichiens, pour les intimider, les
empecher de prendre parti , ou les accablcr a
leur tour. Mais il n'y avai t qu'une manier e de
disposer l'Autriche
a
une cond uite pareille, c'était
J'apparcnce d'une négociation sincere, et meme
de fortes espérances d'une conclusion pacifi que.
Napoléon prit done Ja r ésolution de r éaliser le
pronostic de M. de l\fetternich , qui avai t dit
qu'avec un caractere extraordinaire comme le
sien,
il
ne fallaü jamais désespérer de rien, et
que peut-etre le dernierjour,
a
la derniere heurc,
une heureuse conclusion sortirait de cctte né–
gociation, illusoire dans le moment jusqu'a en
etre offensante. Il se décida, tandis que les plé–
nipotentiaires continueraient
a
perdre leur tcmps
en discussions puériles sur la forme des négo–
ciations,
a
charger secretement et exclusivcment
1" .
de Caulaincourt d'une communication sé–
rieuse
a
l'Autriche, la seuJe des pui sanees av e
Jaquelle une négociation directe füt alors possi–
ble. Si la paix résultait d'une semblable dém:ir–
che, Napoléon n'cn était pas fa ché, pourvu tou–
tefois que les conditions dont il ne voulait pas
fussent écartées, et il se flattait qu'il obtiendrai t
peut-etre de l'Autriche qu'elles le fussent, mais
i1
l'instant supreme, quand cette puissance se
verrait définitivement placée entre la paix et la
guerre. En conséquence,
il
arreta de Ja maniere
suivante les conditions
a
présenter confidentiel–
lcment
a
M. de Metternich. Le sacrifice du grand–
duché de Varsovic, comme ceJui de l'Espagnc,
comme celui de l'Illyrie, étaient faits daos son
esprit et dans l'opinion géoérale, et n'avaicnt
plus aucune nouveauté poignante pour son or–
gueil; d'ailleurs il n'en devait ríen couter au
tcrritoire de l'Empire, car l'lllyrie elle-mem
n'était dcmeurée qu'a titre d'en cas dans nos
rnains, et elle n'avait jamais été jointe au terri–
toire constilu tionnel de la France. Ce qui cou–
tait
a
1Napoléon, c'était, ainsi que nous l'avons
dit, de refaire Ja Prusse plus grande aprcs sa
défection , de sacri fi cr le titrc de protecteur de
la Confédération du llhin porté avec ostentation
depuis plusieurs années, et enfin d'abandonner
Lubeck, Hambourg, Breme, qui avaient été
ajoutées par sénatus-consultes au territoire fran–
¡;ais. ScJon lui chacun de ces sacriflccs le mon–
trait vaincu aux yeu x du monde, car il fallait
qu'il Je fUt pour récompenser une défection, pour
permcltre qu'on reconstituat une Allemagne en
dehors de son influence, pour se Jaisser arracher
un e partic de ce qu'il appeJait le territoire con–
stitutionn el de l'Empire. D'apres certaincs paro–
lcs de M. de Bubna, qui dans son désir d'ame–
ncr la paix amoindrissait toujours la difficulté,
Napoléon avait pensé que peut-etre au dernier
moment il déciderait l'Autrichc a lui concéder
ces points importants, ou qu'au moins en luí fai–
sant entrevoir une négociation sincere, on pour–
r ait négocier en se battant, ce qui entrainerait
une r eprise d'hostilités avee les Prussiens et les
Russes, et une nouvelle remise avec les Autri–
chiens.
C'est d'apre ces données qu'il enjoignit
a
M. de Caulaincourt (le sccret devant etre gardé
envers
l\f.
de Narhonnc, pour que la négociation
cut un caracter e encore plus intime) de serendre
aupres de M. de Metternich, de l'aborder hrus–
quement,
a
brllle-pourpoint, de lui dire qu'on
voulait profiter des cinq jours qui restaient pour
s'assurer du fond des choses, particulierement
en ce qui concernait l'Autriche, qu'on deman–
dait franchement
a
cellc-ci les conditions aux–
quelles elle entrerait avec la France en négocia–
tion ou en guerre, qu'on Ja pressait instamment
de déclar er ces conditions sans surfaire inutile–
ment, que le temps qu'on avait encore était trop
court pour Je perdre en vulgaircs finesses, qu'il
fallait done énoncer avec la dernicre précision
ce qu'on voulait, pour qu'on put répondre avec
une précision égale et sur-le-champ, c'est-a-dire
par
oui
ou par
non,
Le duc de Vicence devait
fa ire r emarquer a M. de Metternich
a
que] point
cetlc communication était secrete, puisqu'on la
Jaissait ignorer
a
M. de Narbonnc ;
il
devait in–
sister pour qu'elle demeurat inconnue des négo–
ciateurs prussien et russe, dans le cas meme ou
l'on tomberait d'accord. 11 suffirait en effet de
reproduire dans la négociation officielle les pro–
positions secretement convenues avec l'Autrichc
dans la négociation occulte, pour les faire adop–
ter, et comme apres tout
il
restait pour négocier
no n - seuJement jusqu'áu
10
aollt , mais jus–
qu'au
17,
il était possible, si ou répondait tout
<le suite a la proposition actuelle partant de
Drcsde le
1.> ,
arrivant le 6
a
Prague, et pouvant