Table of Contents Table of Contents
Previous Page  150 / 616 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 150 / 616 Next Page
Page Background

140

LIVRE QUARANTE-NEUVIEl'tlE.

la difficulté qu'on avait eue pour faire prolonger

l'armistice une premiere foi s, obtenir une nou–

velle prolongalion ; d'ailleurs il se sentait pret.

Le temps désormais devai t profiter

a

ses adver–

saires plus qu'a lui, etil tenai t

a

les frapper avant

l'hiver. Un seul désir lui r estait en fait d'ajour–

nement , c'itait de

~ifférer

l'entrée en action de

l'Autrichc, ce qui Jui eut for t convenu, car il

auraiteu ainsi la possibilité d'écraser séparément

les Russes et les Prussiens, et de r evenir en –

suite sur les Autrichiens, pour les intimider, les

empecher de prendre parti , ou les accablcr a

leur tour. Mais il n'y avai t qu'une manier e de

disposer l'Autriche

a

une cond uite pareille, c'était

J'apparcnce d'une négociation sincere, et meme

de fortes espérances d'une conclusion pacifi que.

Napoléon prit done Ja r ésolution de r éaliser le

pronostic de M. de l\fetternich , qui avai t dit

qu'avec un caractere extraordinaire comme le

sien,

il

ne fallaü jamais désespérer de rien, et

que peut-etre le dernierjour,

a

la derniere heurc,

une heureuse conclusion sortirait de cctte né–

gociation, illusoire dans le moment jusqu'a en

etre offensante. Il se décida, tandis que les plé–

nipotentiaires continueraient

a

perdre leur tcmps

en discussions puériles sur la forme des négo–

ciations,

a

charger secretement et exclusivcment

1" .

de Caulaincourt d'une communication sé–

rieuse

a

l'Autriche, la seuJe des pui sanees av e

Jaquelle une négociation directe füt alors possi–

ble. Si la paix résultait d'une semblable dém:ir–

che, Napoléon n'cn était pas fa ché, pourvu tou–

tefois que les conditions dont il ne voulait pas

fussent écartées, et il se flattait qu'il obtiendrai t

peut-etre de l'Autriche qu'elles le fussent, mais

i1

l'instant supreme, quand cette puissance se

verrait définitivement placée entre la paix et la

guerre. En conséquence,

il

arreta de Ja maniere

suivante les conditions

a

présenter confidentiel–

lcment

a

M. de Metternich. Le sacrifice du grand–

duché de Varsovic, comme ceJui de l'Espagnc,

comme celui de l'Illyrie, étaient faits daos son

esprit et dans l'opinion géoérale, et n'avaicnt

plus aucune nouveauté poignante pour son or–

gueil; d'ailleurs il n'en devait ríen couter au

tcrritoire de l'Empire, car l'lllyrie elle-mem

n'était dcmeurée qu'a titre d'en cas dans nos

rnains, et elle n'avait jamais été jointe au terri–

toire constilu tionnel de la France. Ce qui cou–

tait

a

1Napoléon, c'était, ainsi que nous l'avons

dit, de refaire Ja Prusse plus grande aprcs sa

défection , de sacri fi cr le titrc de protecteur de

la Confédération du llhin porté avec ostentation

depuis plusieurs années, et enfin d'abandonner

Lubeck, Hambourg, Breme, qui avaient été

ajoutées par sénatus-consultes au territoire fran–

¡;ais. ScJon lui chacun de ces sacriflccs le mon–

trait vaincu aux yeu x du monde, car il fallait

qu'il Je fUt pour récompenser une défection, pour

permcltre qu'on reconstituat une Allemagne en

dehors de son influence, pour se Jaisser arracher

un e partic de ce qu'il appeJait le territoire con–

stitutionn el de l'Empire. D'apres certaincs paro–

lcs de M. de Bubna, qui dans son désir d'ame–

ncr la paix amoindrissait toujours la difficulté,

Napoléon avait pensé que peut-etre au dernier

moment il déciderait l'Autrichc a lui concéder

ces points importants, ou qu'au moins en luí fai–

sant entrevoir une négociation sincere, on pour–

r ait négocier en se battant, ce qui entrainerait

une r eprise d'hostilités avee les Prussiens et les

Russes, et une nouvelle remise avec les Autri–

chiens.

C'est d'apre ces données qu'il enjoignit

a

M. de Caulaincourt (le sccret devant etre gardé

envers

l\f.

de Narhonnc, pour que la négociation

cut un caracter e encore plus intime) de serendre

aupres de M. de Metternich, de l'aborder hrus–

quement,

a

brllle-pourpoint, de lui dire qu'on

voulait profiter des cinq jours qui restaient pour

s'assurer du fond des choses, particulierement

en ce qui concernait l'Autriche, qu'on deman–

dait franchement

a

cellc-ci les conditions aux–

quelles elle entrerait avec la France en négocia–

tion ou en guerre, qu'on Ja pressait instamment

de déclar er ces conditions sans surfaire inutile–

ment, que le temps qu'on avait encore était trop

court pour Je perdre en vulgaircs finesses, qu'il

fallait done énoncer avec la dernicre précision

ce qu'on voulait, pour qu'on put répondre avec

une précision égale et sur-le-champ, c'est-a-dire

par

oui

ou par

non,

Le duc de Vicence devait

fa ire r emarquer a M. de Metternich

a

que] point

cetlc communication était secrete, puisqu'on la

Jaissait ignorer

a

M. de Narbonnc ;

il

devait in–

sister pour qu'elle demeurat inconnue des négo–

ciateurs prussien et russe, dans le cas meme ou

l'on tomberait d'accord. 11 suffirait en effet de

reproduire dans la négociation officielle les pro–

positions secretement convenues avec l'Autrichc

dans la négociation occulte, pour les faire adop–

ter, et comme apres tout

il

restait pour négocier

no n - seuJement jusqu'áu

10

aollt , mais jus–

qu'au

17,

il était possible, si ou répondait tout

<le suite a la proposition actuelle partant de

Drcsde le

1.> ,

arrivant le 6

a

Prague, et pouvant