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DilESDE ET VlTTORIA. -

AOUT

181.5.

141

reccvoir réponsc le 7, de faire parvcnir le 9

a

M. del\fotternichl'adhésíon définitive de la France

aux idées de l'Autriche, et de donner ainsi brus–

quement au congres,

la

veille meme de sa disso–

lution, un caractere inattendu de sérieux et d'ef–

ficacité.

Par malheur, en adressant enfin

a

l'Autriche

cette ouvcrture, tardive mais non pas sans es–

poir de succes, Napoléon y ajouta pour Ja négo–

ciation officielle une note tout

a

fait o:ffensante,

car on y disait tres-clairement que les difficultés

de forme soulevées par les représentants des

puissances helligérantes, révélaient leur inten–

tion véritable, et que cette intention n'était

autre que d'entrainer l'Autriche daos Ja guerre,

en se servant pour y réussir ou de sa mauvaise

foi, ou de sa dupcrie, toutes suppositions aussi

pcu flatteuses pour les uns que pour les autres.

MM. de Narhonne et de Caulaincourt devaient

remettre en commun ·cette étrange note

a

M. de

Metternich, puis apres l'avoir remise, l\L deCau–

Jaincourt, prenaht

a

part l\L de Metternich, et

s'ahouchant secretement avec lui, devait faire la

proposition que nous venons de rapporter.

Les dépeches contcnant ces ordres si contra–

dictoires, parties le 5 aout de Drcsdc, arriverent

le 6

a

Prague, surprirent fort M. de Caulain–

court, et le .remplirent d'une joie melée rnalheu–

reusement de beaucoup de tristesse, car avec le

peu dejours qui restaient,

il

désespérait de mener

a

bien cette négociation

in

extreniú,

et la note

officielle d'ailleurs luí faisait craindre un esclan–

dre qui nuirait beaucoup au succes de ses ef–

forts. Cette note dcstinée

a

etre publique of–

fensa l\L de l\fctternich, qui témoigna combien

il en redoutait l'effet, tant sur son maitre que

sur les cours de Prusse et de Russie; mais son

étonnement fut extreme lorsque, les deux négo–

ciateurs frani;ais I'ayant quitté,

il

rcvit peu d'in–

stants apres M. de Caulaincourt chez lui, appor–

tant en grand secret une communication aussi

importante que celle dont

il

s'agissait. Elle était

si tardive, et

il

s'était taot habitué

a

désespérer

des dispositions de Napoléon

a

l'égard de

la

paix,

qu'il eut de la peine

a

croire qu'elle fllt sincere,

et ce molif scul l'empecha de se livrer

a

une joie

qu'autrement

il

n'aurait pas manqué de rcssentir

et de manifester. 11 exprima ses regrets de ce

qu'on n'avait pas tenté cette démarche quelques

jours plus tót, car il eut été possible alors, sans

violer le secret qui était recommandé, de sonder

la Prussc et la Russie sur certains poiots délicats,

et d'arriver

a

une conciliation des difficuHés qui

vraisemblablement diviseraient les cours beliigé–

rantes. Toutefois, puisqu'on demandait

a

l'Au–

triche ses conditions

a

elle-mcme, celJes qu'elle

appuierait de toute son influence, et dont elle

était résolue

a

exiger l'adoption de la part de

la

Prusse et de la Russie, il allait consuller son

maitre, et répondre,

il

l'espérait, sous vingt–

quatre hcures.

M. de Metternich se rendit en effet

a

Brandciss,

résidence actuelle de l'empereur Frani;ois, le

trouva fort courroucé comme tout le monde I'a–

vait été

a

Prague de la note officielle du 6 aout,

et luí causa un étonnement égal

a

son courroux,

en luí faisant part de la démarche inattendue du

principal négociateur

frani;ai~.

Tout ce qui était

cxtraordinaire concordait bien avec le caractere

brusque et imprévu de Napoléon, mais une dé–

marche qui avait des apparences aussi pacifiques,

tentée ainsi

a

la derniere cxtrémité ' avait de

quoi exciter la méfiance. L'empereur Frani;ois

et son ministre se demanderent si c'était de la

part de Napoléon un acte de force ou de ruse,

si, dans des vues élevées, il savait enfin imposer

silence

a

son orgueil pour arriver

a

un accord

entre les puissances européennes, ou bien s'il

voulait provoquer quelque cxigencc excessive de

la part des coalisés, afin de s'en faire aupres du

puhlic frani;ais un argument qui le

j

ustifierait d'a–

voir préféré la guerre

a

une paix humiliante. lis

reconnurent que dans les deux cas

il

fallait ré–

pondre saos hésiter, car s'H souhaitait

la

paix,

on lui devait de s'expliquer franchement avec

lui; s'il cherchait

a

provoquer une proposition

inadmissible,

il

importait de le confondre en Iui

adressant les conditions auxquelles depuis long–

temps on s'était arreté, et que certainement la

France ne trouverait pas déshonorantes. Ces

conditioos étaient au fond tellement indiquées

Iorsqu'on voulait reconstituer l'Allemagoe, et

pour reconstituer l'Allemagne rendre quelque

force

a

la Prussc, que to ute variante était impos–

sible. C'étaient, comme nous l'avons déja répété

tant de fois, le partage du duché de Varsovie,

sur le sort duquel la fortune avait prononcé

a

l\foscou, et dont la plu·s grande partie devait re–

venir

a

la Prusse; l'aholition de la Confédération

du Rhin, que toute l'Allemagne réclamait pour

n'etre plus placée sous une autorité étrangere,

et le rétablissement des villes hanséatiques, qu'elle

réclamait également pour recouvrer son com–

merce; cnfin la restitution de l'lllyrie, consentie

depuis longtcmps par Napoléon, et vivement dé·

siréc par l'Autriche afin de se procurer quelques