Table of Contents Table of Contents
Previous Page  148 / 616 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 148 / 616 Next Page
Page Background

i58

LIVHE QUARANTE-NEUVIÉl\lE.

nient tres-particl, auquel devaient se résigner

ceux qui avaient besoin d'Drgent.

Telle était l'argumentation fort spécieuse de

Napoléon contre le ministre des finances, argu–

mentation qui eut été a peu pres vr aie, si ]a

haisse de ces bons avait pu etre Jimitée

a

10,

a 12, meme a 1D pour cent. Mais qui pouvait

dirc ou elle s'arreterait, s i on se laissait entrai–

ner

a

une émission considérable? C'est ce que

craignait l\f. Mollien, et ce dont Napoléon ne

tint aucun compte, car il ordonna qu'on répan–

dit a París environ une trentaine de millions

des bons de la caisse d'amortissement par· le

payemeot des fournitures, et dans les départe–

ments environ dix-huit ou vingt par le payement

des réquisitions. C'étaient cinquante millions

introduits un peu forcérn ent dans la circula tion.

Afin de leur ouvrir plus tot le déboucbé des

acquisitions de biens eommunaux , Napoléon

prescrivit

a

l'archichancelicr Cambacéres de fa ire

acte d'autorité sur le Conseil d'État, d'enlever

au Comité du contentieux, dont les formes sont

celles de la justice elle-meme, les contestations

rclalives aux biens communaux , de les transpor–

ter au Comité chargé de l'administration com–

munale, de diriger lui-meme ce comité, et d'ex–

pédier rapidement ce genre d'aíTa ires au moyeo

d'un examen sommaire et non interrompu .

Apres ce secours un peu violeot apporté

a

ses

finances, Napoléon, toujours en travail d'esprit

pour la levée des hommes, inventa des conscrip–

tions d'un nouveau genre, qu'il espérait rendre

supportables en leur donnant un caractere d'ur–

gence et d'utiliLélocales. Parexemple la fron tiere

aes Pyréñées se trouvant mirnacée par suite des

derniers événements d'Espagne, Napoléon ima–

gina de lever 50 mille bommes sur les quatre

dernieres classes, dans tous les départemeots

situés dcpuis Bordeaux jusqu'a Montpellier, afio

de garantir de l'invasion celle partie du tcrri–

toire. Comme le sol que les nouveaux appelés

allaient défendre était le leur, Napoléon pensa

que c'était demander en quelque sorlc a des

paysans de défendre leurs chaumieres ,

a

des

citadins de défendre leurs propres villes, et que

l'urgence du besoin ferait tairc la plaintc, car

on ne pouvait pas dire, cornme de toutes les

autres levées de cette époque, que Nspoléon pre–

nait les hommes pour les faire mourir sur l'Elbe

et l'Oder au service de son ambition. V idée lui

nyant paru iogénieuse ,

il

voulut l'appliquer

;:iux dépaetemen ts du nord et de l'est, toujours

en s'adressant aux départements de l'ancienne

France, lesquels, depuis plus de vingt années,

supportaient Lout le poids de la guerre, et de

leur demander une soixantaine de mille hommes,

sous le meme prétexte de danger local et pr_es–

sant. Mais comme ces conscriptions devaient

bientót finir par ressembler

a

une conscription

générale, et en produire l'effet, Napoléon réso–

lut d'ajourner la seconde de deux ou trois mois.

Seulement

il

appela saos aucun retard les trente

mille hommes demandés aux départements voi–

sins des Pyrénées.

Ces mesures, les unes civiles, les autres mili–

taircs, pour la plupart con(}ues avant le voyage

de l\fayence, furent

a

Mayence meme, soit réso–

lues immédiatement, soit spécialement exami–

nées avec des agents venus de Paris, pour etre

défioitivement décrétées a Dresde. Napoléon

ajoutant

a

ce travail des revues incessantes de

troupes, de continuelles inspections de matériel,

n'eut pas grand temps

a

donner

a

l'Impératrice,

mais il la combla des témoignages les plus affec–

tu eux, témoignages a la fois sinceres et calculés,

afin que la nouvelle guerre avec l'Autriche ne

porlat dans l'opinion publique aucun torta un

mariage qu'il regardait toujours comme utile

a

sa politique, et afin de laisser I'empereur Fran–

(}Ois sous le poids de memes obligations envers

sa filie, car il le dispensait moins d'etre bon pere,

en restaot lui-mernc bon époux. 11 cédait, il faut

le clire aussi, au penchant de son propre creur,

car il était touché de J'attachcment qu'il semblait

inspirer

a

cette noble filie des Césars, et le lui

rendait autant que le permeLtaient les vastes et

fortes distractions de son ame. Voulant memela

ménager, il ne lui dit pas

a

quel point la

guerr~

était ccrlaine et serait sérieuse;

il

la laissa partir

avec des doutes

a

ce sujet, tandis qu'écrivant au

prince Eugene

a

l\'lilan , au général Rapp

a

Dantzig, au maréchal .pavoust

a

Hambourg, il leur

avoua ce qui en était, et leur enjoignit de se

tenir prets pour le 17 aout. Désirant en outre

préparer a l'Impér atrice une distraction agréa–

ble, et luí procurer autant que possible l'oubli

des cruelles inquiétudes du moment ,

i1

lui

prescrivit un voyage sur le Rhin, de Mayence

a

Colognc, qu'elle devait faire au milieu des hom–

mages des populations des deux rives, et puis

i1

décida qu'apres avoir passé quelques jours

a

París, elle entreprendrait un voyage en Nor–

mandie, afin d'aller

it

Cherbourg présider une

imposante cérémonie, l'introduction des eaux de

l'Océan dans Je célebre bassin commencé sous

le regne de Louis XVI, et terminé sous le sien.