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LIVHE QUARANTE-NEUVIÉl\lE.
nient tres-particl, auquel devaient se résigner
ceux qui avaient besoin d'Drgent.
Telle était l'argumentation fort spécieuse de
Napoléon contre le ministre des finances, argu–
mentation qui eut été a peu pres vr aie, si ]a
haisse de ces bons avait pu etre Jimitée
a
10,
a 12, meme a 1D pour cent. Mais qui pouvait
dirc ou elle s'arreterait, s i on se laissait entrai–
ner
a
une émission considérable? C'est ce que
craignait l\f. Mollien, et ce dont Napoléon ne
tint aucun compte, car il ordonna qu'on répan–
dit a París environ une trentaine de millions
des bons de la caisse d'amortissement par· le
payemeot des fournitures, et dans les départe–
ments environ dix-huit ou vingt par le payement
des réquisitions. C'étaient cinquante millions
introduits un peu forcérn ent dans la circula tion.
Afin de leur ouvrir plus tot le déboucbé des
acquisitions de biens eommunaux , Napoléon
prescrivit
a
l'archichancelicr Cambacéres de fa ire
acte d'autorité sur le Conseil d'État, d'enlever
au Comité du contentieux, dont les formes sont
celles de la justice elle-meme, les contestations
rclalives aux biens communaux , de les transpor–
ter au Comité chargé de l'administration com–
munale, de diriger lui-meme ce comité, et d'ex–
pédier rapidement ce genre d'aíTa ires au moyeo
d'un examen sommaire et non interrompu .
Apres ce secours un peu violeot apporté
a
ses
finances, Napoléon, toujours en travail d'esprit
pour la levée des hommes, inventa des conscrip–
tions d'un nouveau genre, qu'il espérait rendre
supportables en leur donnant un caractere d'ur–
gence et d'utiliLélocales. Parexemple la fron tiere
aes Pyréñées se trouvant mirnacée par suite des
derniers événements d'Espagne, Napoléon ima–
gina de lever 50 mille bommes sur les quatre
dernieres classes, dans tous les départemeots
situés dcpuis Bordeaux jusqu'a Montpellier, afio
de garantir de l'invasion celle partie du tcrri–
toire. Comme le sol que les nouveaux appelés
allaient défendre était le leur, Napoléon pensa
que c'était demander en quelque sorlc a des
paysans de défendre leurs chaumieres ,
a
des
citadins de défendre leurs propres villes, et que
l'urgence du besoin ferait tairc la plaintc, car
on ne pouvait pas dire, cornme de toutes les
autres levées de cette époque, que Nspoléon pre–
nait les hommes pour les faire mourir sur l'Elbe
et l'Oder au service de son ambition. V idée lui
nyant paru iogénieuse ,
il
voulut l'appliquer
;:iux dépaetemen ts du nord et de l'est, toujours
en s'adressant aux départements de l'ancienne
France, lesquels, depuis plus de vingt années,
supportaient Lout le poids de la guerre, et de
leur demander une soixantaine de mille hommes,
sous le meme prétexte de danger local et pr_es–
sant. Mais comme ces conscriptions devaient
bientót finir par ressembler
a
une conscription
générale, et en produire l'effet, Napoléon réso–
lut d'ajourner la seconde de deux ou trois mois.
Seulement
il
appela saos aucun retard les trente
mille hommes demandés aux départements voi–
sins des Pyrénées.
Ces mesures, les unes civiles, les autres mili–
taircs, pour la plupart con(}ues avant le voyage
de l\fayence, furent
a
Mayence meme, soit réso–
lues immédiatement, soit spécialement exami–
nées avec des agents venus de Paris, pour etre
défioitivement décrétées a Dresde. Napoléon
ajoutant
a
ce travail des revues incessantes de
troupes, de continuelles inspections de matériel,
n'eut pas grand temps
a
donner
a
l'Impératrice,
mais il la combla des témoignages les plus affec–
tu eux, témoignages a la fois sinceres et calculés,
afin que la nouvelle guerre avec l'Autriche ne
porlat dans l'opinion publique aucun torta un
mariage qu'il regardait toujours comme utile
a
sa politique, et afin de laisser I'empereur Fran–
(}Ois sous le poids de memes obligations envers
sa filie, car il le dispensait moins d'etre bon pere,
en restaot lui-mernc bon époux. 11 cédait, il faut
le clire aussi, au penchant de son propre creur,
car il était touché de J'attachcment qu'il semblait
inspirer
a
cette noble filie des Césars, et le lui
rendait autant que le permeLtaient les vastes et
fortes distractions de son ame. Voulant memela
ménager, il ne lui dit pas
a
quel point la
guerr~
était ccrlaine et serait sérieuse;
il
la laissa partir
avec des doutes
a
ce sujet, tandis qu'écrivant au
prince Eugene
a
l\'lilan , au général Rapp
a
Dantzig, au maréchal .pavoust
a
Hambourg, il leur
avoua ce qui en était, et leur enjoignit de se
tenir prets pour le 17 aout. Désirant en outre
préparer a l'Impér atrice une distraction agréa–
ble, et luí procurer autant que possible l'oubli
des cruelles inquiétudes du moment ,
i1
lui
prescrivit un voyage sur le Rhin, de Mayence
a
Colognc, qu'elle devait faire au milieu des hom–
mages des populations des deux rives, et puis
i1
décida qu'apres avoir passé quelques jours
a
París, elle entreprendrait un voyage en Nor–
mandie, afin d'aller
it
Cherbourg présider une
imposante cérémonie, l'introduction des eaux de
l'Océan dans Je célebre bassin commencé sous
le regne de Louis XVI, et terminé sous le sien.