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DRESDE ET VJT'l'ORIA. - -

AOU1'

!8'15.

réponse quelle qu'elle

füt,

en prenant toutes

ses dispositions pour .le renouvellement des

hostilités le

1

7.

La journée du

1O

s'écoula done

a

Prague sans

ríen apporter de Dresde,

a

la grande satisfaction

des négociateurs de la Prusse et de la Russie,

a

la grande douleur de M. de Caulaincourt, au

grand regret de M. de l\Ietternich, qui, bien

qu'il eut pris son parti, ne voyait pas saos eífroi

pour l'Autriche la terrible épreuve d'une nou–

vellc guerre avec la France. Plusieurs fois daos

cette journée

il

se rendit chez M. de Caulain–

court, afio de savoir si aucune réponse n'était

venue de Dresde, et chaque fois trouvant M. de

Caulaincourt triste et silcncieux parce qu'il

n'avait rien a dirc, ¡¡ répéta que passé minuit il

serait non plus arbitre, mais belligérant, r éduit.

par conséque1it

a

solliciter pour la paix aupres

de ses nouveaux alliés, au lieu de pou voir la leur

imposcr modérée et acceptable pour tout le

monde.

Apres avoir vainement attendu pendant toute

la journée du

10,

M.

de Metternich signa enfin

l'adhésion del'Autriche

a

la coalition , et annorn;a

le lendemain

11

au matin

ii

M. de Caulaincourt

et

a

l\'l. de Narbonne (celui-ci ignorant toujours

la

négociation secrete), annon<;a, disons-nous,

avec un chagrín qui frappa tous les yeux, qu e

le congres de Prague était dissous, que des Jors

l'Autriche, forcée par ses dcvoirs envers l'Alle–

magne et cnvers elle-meme, se voyait contrainte

a

déclarer la guerre

a

la Franee. Les négociateurs

prussien et russe annoncerent de leur coté qu'ils

se retiraient, en rcjetant sur la France la res–

ponsabilité de l'insucces des négociations, et

quittcrcnt Prague avec une joie non dissimu–

lée. Du reste cette joie fut universelle, et exceplé

M. de JUetternich, qui, tout en les bravant,

apercevait les con§équenees possibles d'une rup–

ture avecNapoléon, excepté l'empereur, qui avait

le creur serré en songeant a sa filie, les Autri–

chiens de toutes les classes manifesterent des

transpo_rts d'enthousiasme. Les passions gcrma–

niques qu'ils partageaient, et qu'on les avait

forcés de contenir, éclaterent sans mesure,

comme elles avaient éclaté

a

Breslau et

a

Berlin

quelques mois auparavant.

Dans le courant de cette journée du

11,

M. de

Caulaincourt ref(ut enfin le courrier tant sou–

haité la veille, et en voyant ce qu'H apportait

regrctta moins sa tardive arrivée. Bien qu'il ne

désespérat pas d'obtenir quelque concession de

la part de M. de Metternich, toutefois il ne se

CONSULAT,

a.

flattait pas d'en obtenir la translation de la

Prusse au dela de l'Oder, et meme cette con–

dition chimérique mise de coté, il ne croyait

pas pouvoir conserver

a

Napoléon Hambourg,

le protectorat de la Confédération du Rhin , et

surtout Triesle. Pourtant, en laissant Trieste

a

l'Autriche, en convenant pour ]es villes h anséa–

tiques d' un arrangement suspensif qui ferait

dépendre leur restitution de la paix avec l'An–

gleterre,

il

ne regardait pas commc impossible

d'amener M. de Metternich aux propositions de

la France. II courut done chez lui, le trouva

triste, ému, désolé de ce qu'on venait si tard,

étonné et mécontent de ce qu'on eut livré aM. de

Bubna le secret d'une négociation qu'on s'était

promis de tenir absolument cachée, ne jugeant

pas acceptables les conditions de Napoléon, mais

sur l'indication assez claire qu'elles n'étaient pas

irrévocables, donnant a entendre qu'en étant

absolu sur la restitution de Trieste

a

l'Autriche,

sur le rétablissement de la Prusse jusqu'a l'Elbe ,

sur .l'abolilion du protectorat du Rhin,

il

serait

possible d'ajourner la question des villes banséa–

tiques

a

la paix avec l'Angleterre, ce qui réd ui–

sait beaucoup le désagrément de ce sacrifice

pour Napoléon, en le .couvrant de l'immense

éclat de la paix maritime. Mais , EJjoutait

M.

de

i\tettcrnich, ces conditions ainsi modifiées que

nous aurions pu imposer aux parties belligéran–

tes

il

y a vingt-quatre h eures , ne dépendent

plus de nous, et nous sommes réduits

a

les pro–

poser, saos savoir si nous réussirons

a

)es faire

accueillir. M. de Metternich au surplus était

chagrín et agité, car si, avec sa rare portée

d'esprit,

il

voyait dans l'occasion présente de

fortes chances de relever sa patrie, il voyait

aussi de nombreuses chances de la perdre en la

jetant dans une guerre effroyable. Napol éon ,

quoique bien irnprudent aux yeux des hornmes

de seos, restait si grand dans I'imagination du

monde, qu'on le craignait encore profondé–

ment, tout en le jugeant égar é par la passioo,

et exposé

a

toutes les fautes que la passion fait

commettre.

Cependant la négociation offi cielle ne pouvait

pas durer, puisque le congres était rompu , et

que Ja guerre était officiellement déclarée par

l'Autriche

a

la France. Les plénipotentiaires

russe et prussien venaient de s'élojgner, et il

n'était pas séant que les plénipotentiaires fran–

<;ais demeurassent

a

Prague. Il fut convenu, si

Napoléon y conscntait, qu'on ferait partir lVI. de

Narhonne seul, en expliquant le mieux possible

10