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-128

LJVRE QUARANTE-NEUVIEi\IE,

dait

a

l\f.

de Bassano l'autorisation de passer

oulre, M. de Bassano devait lui permcltre de faire

quelques concessions relaLivement

a

l'échange

des pouvoirs et

a

la forme des négociations, mais

en lui défendant expressément d'abordcr le fond

des choses. 11 serait aisé de gagner ainsí jusqu'au

5 ou 4 aout, jour probable du retour de Napo–

léon

a

Dresde, et alors

iI

tracerait lui-memc la

conduitc qu'on devrait tenir ultérieurcment.

Apres avoir arreté d'aprcs ces donnécs les

instructions de M. de Caulaincourt, Napoléon

fit

ses dispositions pour partir le

2'"

juillet au

soir. 11 expédia en meme temps quclques ordrcs

relatifs

a

l'armée. Les deux mois perdus pou-t·

les négociations ne l'avaient pas été, comrne on

le pense bien, pour

les

préparatifs militail'es.

L'infanterie bien campée, bien nourrie, bien

exercée, avait singulierernent gagné sous tous

les rapports, et particulierement sous celui de

la force numérique. La cavalcrie avait complétc–

ment ehangé d'aspect ; elle était nombreuse et

assez bien rnontée. Les jeunes ehcvaux, presquc

tous blessés

a

l'eotrée en campagne, étaient en

meilleur état. Nos cavalicrs, si prompts

a

se

former, savaient déja se servir de lcurs mon–

tures et les soigner. Napoléon avait , outre la

cavalerie légere attachée

a

ehaque armée, quatre

beaux corps de eavalerie de réserve sous les

généraux Latour-1\faubourg, Sébastiani, de Pa–

doue, de Valmy. La garde, formée

a

cinq divi–

sions d'infanterie, compreoait en outre douze

mille cavaliers avee dcux een ts bouches

a

feu

bien servies. Quinze ccnts gardes d'honneur sous

le général Dejean étaient ar·rivés

it

Dresde. Celte

brave jeunesse, qui n'était pas d'abord partie

dans de tres-bonnes dispositions, parvcnue

maintenant en ligne, n'aspirait qu'a s'illustrer

sous les yeux de la grande armée. Le corps du

général Vandamme, que Napoléon avait vu a

Magdehourg, composé d'hommes jeunes, mais

de vieux cadres revenus de l\Ioscou, était fort

bcau. Les quatre divisions organisées

a

l\Iayence,

et destinées

a

venil' par Wurzbourg, Hof,

Frcyberg, Dresde, s'établir

a

Krenigstein , s'ache–

rninaient vers ce point, et présentaient un aspect

satisfaisant, quoique remplies de jeunes soldats

comme tout le reste de I'armée. Les approvision–

nements, commandés de toutes parts, arrivaient

par l'Elbe

a

Dresde, ou plus de cinquante mille

quintaux de gl'ains et farincs étaient actuellement

réunis. Grace

a

I'activité :au maréchal Davoust,

les défenses de Hambourg étaient pour ainsi

dire sorties de dessous tcrre. Elles portaient

déja deux cenls bouches

a

feu en batterie, et

~dlaient

bientót en recevoir trois ccnts. 'Iout

s'achevait done suivant les vues de Napoléon, et

le progres de ses desseins ne le disposait guere

tl

la paix, ce qui autorisait i'\L de Bassano

a

répéler partout que les forces de l'Empereur

étaient immenses et son génie toujours plus

grand, que l'E urope en devait trembler, et que

ce n'était pas au plu s fort

a

fairc des sacrifices

au plus faihle.

Napoléon cherchant

a

répandrc un peu d'ani–

mation dans ses camps, ou ses jeuncs troupes,

sauf les beures consacrées aux manreuvres,

avaient été oisivcs pendant deux mois, imagina

pour les occuper un genre d'cxercice

la fois

attrayant et utile. 11 avait ordonné de les faire

tirer

a

la cible, et pour les intéresser davantage

a

cet cxcrcice si important,

il

voulut qu'on leur

distribuat des prix proporlioonés

a

leur ad1·esse.

Les meilleurs tireurs de chaque compagnie, au

nombre de six, devaient recevoir un prix de

quatre francs, puis se réunir

a

tous ccux du

meme bataillon, se mesurer ensemble, et con–

courir pour un nouveau prix triple du précé–

dent. Ceux des bataillons devaicnt se réunir par

régiments, ceux des régiments par divisions,

ceux des divisions par corps d'armée, et cou–

courir de nouveau pour des prix succcssivement

plus élevés , de telle fac;on que les meilleurs

tireurs d'un corps d'armée pouvaient remporter

des prix qui allaient jusqu'a cent francs. Tous

ces prix rcprésentaient une dépense <l'une cen–

taioe de mille frnn cs , ce qui était peu de chose,

et avait, outre l'avantage inappréciable d'amélio–

rer le

tir,

celui d'occuper, d'amuser les

hommcs~

de lcur fournir l'occasion et le moyen de régalcr

leurs camarades. Napoléon

fit

aussi payer la

solde aux officiers pour qu'ils pussent jouir des

quelques jours de repos qui leur restaient, et

qui, pour le plus grand nombre, étaient, hélas !

les derniers de leur vie

!

La fete de Napoléon

approchait, puisqu'elle se célébrait le

11:)

aoti.t. 11

voul ut que la célébration en fltt fixée nu

10,

afin que les hostilités étant reprises le '17, les

réjouissances ne fussent pas trop voisines des

nouvellcs sccnes de carnage qu'il prévoyait. Ce

jour d u

1

O il devait y avoir dans tous les camps

des r epas

a

ses frais et en son honneur. Les

officiers devaient diner chcz les maréchaux, les

soldats entre eux sur des tables servies .en plein

air. Le vin devait etre prodigué, et bu soit

a

la

santé de Napoléon, soit au triomphe des armes

de la France. Ainsi Napoléon cherchait en quel-