Table of Contents Table of Contents
Previous Page  137 / 616 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 137 / 616 Next Page
Page Background

DRESDE ET VITTORIA. -

J ILLET

1815.

i27

un· refuge contre la gnerre perpétuelle. C'est

tout cela que plus ou moins clairement, plus ou

-moins adroitement, le ministre de la police, duc

de Rovigo, avait cssayé de faire entendre

a

Napo–

léon avc'c une hardiesse honorable, mais qui

eut été plus méritoire et plus utile, si Napoléon

avait attaché plus d'importance

a

ce qui venait

de luí. Le prince Cambacéres ne se serait pas

hasardé

a

en dire autant, bien qu'il en pensat

davantage, parce que de sa part Napoléon eut

pris la chose plus sérieusement, des lors moins

patiemmeot. Fatigué pourtant des lettres du duc

de Rovigo, Napoléon chargea le prince Camba–

céres de Jui dire qu'elles l'importunaient, qu'en

montrant tant d'amour pour la paix, on luí

nuisait plus qu'on ne le scrvait; que l'on contri–

buait

a

rendre les ennemis plus exigeants , en

accréditant l'idée que la France oc pouvait plus

fairc la gucrre; que lui, Napoléon, savait seul

comment il fallait s'y prendre pour donner la

paix

a

la France avec surcté et avec honneur ;

que le duc de Rovigo, en se mclant de cclte

affaire, se mclait de ce qu'il ignorait, bref qu'il

eut

a

se taire, car de pareilles indiscrétions ne

seraient pas

so~fiertes

plus Jongtcmps.

Cette dure réprimande n'était pas de nature

a

effrayer ni

a

décourager le duc de Rovigo,

Cl'll'

il

ne prenait pas plus au sérieux les coleres de

Napoléon, que Napoléon ne prenait au sérieux

sa politique, et il devait bientot se permettre

une autre tentative, pas plus heureuse

il

est

vrai, mais qui prouve

.a

quel point Je besoio de

la paix était universellement sentí, puisqu'il

per1tait

a

travers ce despotisme qui enveloppait

alors la France entiere, et pesait si lourdemcnt

sur elle.

Napoléon, apres avoir fermé la bouche au duc

de Rovigo, donna un emploi au duc d'Otrante.

11 en avait déja trouvé un en Espagne pour le

maréchal Soult, et il en trouva un pour le duc

d'Otrante par suite d'un accldent aussi triste que

singulier. L'infortuné Junot, depuis la blessure

qu'il avait en Portugal

re~ue

a

la tete, n'avait

jamais recouvré ses facultés physiques et mo–

rales. Dans la campngne de Russie, on ne luí avait

pas vu son ardeur accoutumée, bien qu'il cut

été moins blamable qu'on ne l'avait prétendu,

et

il

avait essuyé de Napoléon des reproches qui

avaient achevé d'altérer su raison. Envoyé

a

Laybach comme gouverneur de l'Illyrie, il y

avait donné tout

a

coup des signes de folie, au

point qu'il avait fallu Je saisir de force et le

transporter en Bourgogne, son pays natal

1

ou

il

était mort. Napoléon nomma M. Fouché gouver-'

ncur de l'Illyrie, poste peu assorti

a

la grande

siluation de cet ancien ministre, mais que

celui-ci accepta·, parce qu'il regardait comme

bonne toute maniere de rentrer en fonctions. 11

devait voir en passant

a

Prague l\L de l\fetternich,

et profiter d'anciennes relations pour soutenir

aupres de ce diplomate les prétentions de Ja

France. Le moyen était petit par rapport

a

l'objet, et ne pouvait compenser le mauvais effet

qu'allait produire en Autriche une nomination

qui prouvait de nolre part peu de disposition

a

renoncer

a

l'lllyrie.

Napoléon , inébraolable quoique parfois agité,

persista dans sa maniere de négocier, Jaquelle,

comme on l'a vu, consistait

a

gagner du temps,

soit pour obtenir, s'il était possible, une nouvelle

prolongation d'armistice, soit au moins pour

difiérer de quelques semaines l'entrée en action

de l'Aulriche, soit au ssi pour romprc le congres

sur une qucstion de forme, et n'avoir pas

a

dire

a

l'Europe, surtout

a

la Frunce, que c'était pour

Hambourg et Je protectorat du Rhin qu'on refu–

sait la paix. Afio de réussir dans cette tactique,

il

fit

concourir avec l'ouverture des négociations

un second voyage qu'il avait résolu d'exécuter

a

Ja fin de júillet pour aller voir l'Impéralrice

a

Maycnce, et qui ne pouvait qu'apporter de nou–

velles entraves

a

la marche des négociations. Il

avait en cffct assigné

a

l\forie-Louise un rcndez–

vous

a

l\fayence vers le 26 juillet, afin d'y demeu–

rer quelques jours avec elle, et surtout afin d'y

passer en revue les divisions destinées

a

formel'

les corps des maréchaux Saint-Cyr et Augereau.

11 laissa en parlant des pouvoirs pour M. de Cau–

laincourt, qui devait se rend1·c it Prague des

qu'on aurait

fCl(U

des commissaires réuois

a

Neumarkt une réponse satisfoisante relative–

ment au tcrme précis de l'armistice;

a

ces pou:–

voirs

il

ajouta des inst.ructions, concertées avec

M. de Bassano, pour que l\'I. de Caulainc.ourt,

une fois

a

Prague, put y employcr d'une maniere

spécieuse les six

a

huit jours qui allaient s'écou–

ler pendant le voyage projeté sur le Rhin.

On était an 24 juillet, et on ne supposait pas

que la réponse de Neumarkt pttt arrivcr avant

le 215 ou le 26. M. de Cau1aincourt devait se

meltre en routc le lendemain, perdre un jour

ou deux

a

licr connaissance avec les plénipoten–

tiaires, puis consacrer· cinq ou six jours

a

discu–

tcr sur la rcmise des pouvoirs, et sur la forme

des conférences. Si, dans son zele pacifique,

i\1,

de Caulaincourt <levcn1'it pressant, et deman·