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DHESDE ET VlTTOlHA. -

JOILLET

1815.

apres l'-événement nous dire que nous vous avons

trompés

!

Jusqu'au 1O·aout

a

minuit tout est

possible, meme

a

la derniere heure; le 10 aout

passé, pas un jour, pas un instant de répit, la

gucrre, la guerre avcc tout le monde, mcme

avec nous

! -

M. de Narbonne, saisi de ce lan–

gage, calme, triste et grand, dit

a

1\1.

de Metter–

nich: Quoi, pas un instant de répit, memc si la

uégociation était commencée

! -

A une condi–

tion seulement, répondit M. de Mctternich, c'est

que les bases de la paix seraient admises en

cntier, et qu'il n'y aurait plus

a

régler que les

détails. -

M. de Narbonne, qui avait parfaitement appré–

cié cette situation, et qui voyait bien qu'il n'y

avait plus

a

jouer avec le temps et avec les

hommes, qu'en agissant ainsi on n'abuserait plus

personne, et qu'on ne tromperait que soi , écrivit

a

M. de Hassano qu'il fallaít ou se décider

a

la

guerre·,

i1

la guerre certaine, universelle avec

l'Europe, ou que si on n'avait pas pris ce parti,

si on souhaitait la paix, sauf

a

en modifier les

conditions,

i1

fallait négocier séricus·emcnt, et

mcme, ne voulut-on qu'une nouvelle prolonga–

tion d'armistice, ne pas paraitre se moquer de

ceux avec lcsqucls on traitait. Il demandait done

qu'on

fit

partir l\L de Caulaincourt, car les né–

gociateurs prussien et rmse menai;aient tous

les jours de se retirer (cedont ils avaient le droit,

puisqu'on était au 20 juillet, et qu'ils atlcndaicnt

depuis le

'11 ),

et s'ils quittaient Prague tout

serait fini, A peine obtiendrait-on de la bonne

foi des coalisés quc l'armistice

fU

t respecté j us–

qu'au 17 a011t, et si méme on l'obtcnait , on ne

le devrait qu'a la prudence et

a

la modération

de l'Autrichc.

Ces conseils si sages, dictés par la plus par–

faite connaissance des choses, n'affecterent pas

beaucoup M. de Bassano, et encore moins Napo–

léon. Ce dcrnier toutefois, bien que décidé

a

la

guerre plutót qu'aux conditions apportées par

l\'I.

de Bubna, bien que se fkttant avec ses nou–

veaux pré¡.iaratifs de battre tous les coalisés,

l'Autriche fUt-elle du nombre, n'était pas indiffé–

rcnt

a

l'espérance d'une nouvelle prolongation

d'armistice, et, a force de la <lésirer' se faisait

l'illusion étrangc que peut-etre il l'obtiendrait.

11 doutait

a

la vérité d'amcner la Prussc et la

Russie

a

cette prolongation, animées comme

elles paraissaient l'etre; mais il y avait une

combinaison meilleure pour lui que celle · de

retarder les hostilités avec toutes les puissances,

c'était, en les laissant commencer avec la Prusse

et la Russie, de les différcr cncore quelques

jours avec l'Autrichc scule, ce qui lui aurait

donné Je temps d'accabler les deux premieres,

puis de se rejeter sur l'Autriche elle-meme,

qui

aurait son tour,

comme avait tres-bien dit l\f. de

l\Ietternich. Pour y réussir

il

y

avait un rnoyen,

c'était en ouvrant la négociation vers la fin de

l'armistice, de maniere

a

inspirer quclqties espé–

ranccs

a

l\I.

de Metternich et

a

l'empcrcur Fran–

i;ois , d'obtenir qu'on négociat en se battant, ce

qui était possible, ce qui s'était vu en plus d'une

occasion , et ce qui retarderait probablement

l'entrée en action de l'Autriche, car tant que

ces conditions auraient chance d'etre acceptées,

il

était vraisemblable qu'elle ne voudrait pas se

mettre en guerre avec la France. Ainsi, arrivcr

non pas

a

une nouvelle suspension d'armes qui

arreterait le bras de tout le monde, mais

a

une

négociation continuée durant les hostilités, qui

retiendrait quelques jours encore le bras de

l'Autriche, était sa pensée actuelle. l\fais pour

cela il fallait faire quelque chose, et Napo–

léon, malgré le doute subsistant

a

Neumarkt,

doute qui n'en était pas un pour lui,

fil

expédicr

a

l\L de Narbonne ses pouvoirs et ses instructions

qui avaient été retenues jusque-la, avec Ja faculté

accordée aux deux plénipotcntiaires

fran~ais

de

traitcr l'un en l'absence de l'autre. Des lors on

n'était plus fondé

a

dire que la négociation était

suspeodue, puisque M. de Narbonne,

a

lui tout

seul, pouvait la commencer, et la conduire memc

a son terme. l\lais bien qu'on appréciat le méritc

de M. de Narbonne en Autriche et en Europe, le

duc de Viccnce

(M.

de Caulaincourt) passait pour

etre seul initié

a

la pensée de Napoléon, et tant

qu'il n'arrivait pas

a

Prague, on était généralc–

ment disposé

a

considércr la négociation commc

n'étant pas sérieuse. Sur ce point Napoléon

fit

répéter que des que l'énigmc de Neumarkt

serait éclaircic,

íl

expédierait le duc de Vicence;

et pour se donner un motif spécieux d'attache1·

tant d'importauce

a

ce qne disaicnt les commis–

saircs de Neumarkt, il fit écrire

a

l\I.

de l\'Jetter–

nich que, communiquant par ces commissaires

avec les places bloquées de Custri n, de Stettin,

de Dantzig, tant pour les correspondances que

pour les vivres,

il

avait besoin d'une explicatiou

clairc et positive, et ne diíférait le départ de

1\1.

de Vicence que pour étrc assuré de l'obtenir.

l\f. de Bassano cherchant sans cesse

a

se mode–

ler sur son maitre, et

a

imiter sa coupable mais

héro'ique . indifférence au milicu des dangers,

écrivait

a

1\1.

de Narbonne ce qui suit: - J e