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DHESDE ET VITTORIA . -

JUILLET

1815.

H 9

saire fran<;ais leur avait communiqué la derniere

convcntion qui prolongeait l'armisticc d u 1Oaout,

avcc un délai de six jours entre la dénonciation

de l'armistice et le renouvellement des

hostilité~,

ce qui fixait au 17 la malheureuse reprise de cctte

gucrre, les commissaires prussien et russe avaient

paru en etre informés pour la premicrc fois

et ctre fort étonnés de ce qu'cllc statuait. Apres

en avoir référé au quartier général des alliés , ils

avaient rc<;u du commandant en chef Barclay de

Tolly la confirmation de la convention, et en

mcme temps la déclaration que ce ne serait pas

le

t

7 aotit, mais le 10 que recommenceraient les

hostilités. Cette déclaration _était aussi étrange

qu'imprévue. Selon le sens vrai de la convention,

on ne pouvait pas dénonccr l'armistice avant le

W

aout, et si effectivement on le dénon<;ait

le 10, il devait s'écouler encore, d'apres la pre–

miere

conv~ntion

et d'apres toutes les regles, un

délai quelconque entre l'avis donoé de la rcprisc

des hostilités et leur reprise effective. Ce délai ,

fixé

a

six jours daos la premiere convention '

dcvaitsubsister de droit dans la seconde. L'usage,

l'intention des parties contractantes,. le texte,

tout était d'accord pour rendre cette interpréta–

tion incontestable. Mais voici ce qui avait amcoé

la méprise qui allait fournir

a

Napoléon de si

funcstes prétextes. Les deux souverains de Prusse

et de Russie étaient eotourés d'esprits tellement

ardents, qu'il leur en avait couté beaucoup d'ef–

forts pour faire agréer le premier armistice, quel–

que besoin qu'ils en éprouvassent. lis n'avaient pu

refuser le second aux instances de

i\L

de l\ietter–

nich; toutefois en y consentant ils avaient

a

peine

osé l'avouer, et l'empereur Alexandre , part.ant

pour Trachenberg, ou devait avoir lieu une con–

férence générale des chefs de la coalition , avai

t

<lit sans délails au général Bar clay de Tolly,

qu'il avait consentí a une prolonga lion cl'armi–

stice jusqu'au 10 aout, mais qu'i l n'accorder ait

pa un jour de plus. En s'exprimant ainsi et

d'une maniere générale, l'empercur Alexandre

11'avait parlé que du délai principal, et n'avai t

pus entendu exclure celui de six jours, placé de

droit entre l'annonce et le fait meme des hosti–

lités.• Inis Barclay do Tolly, poussant ju qu'a

1

exces l'exactitude et l observat.ioo des form es,

u uvait céd.é

a

aucune représentation , et avait

déclar é ne pas vouloir prcndre sur lui Ja solution

d une parcille difficulté sans en r éfércr

a

l'cmpe–

r eur Alexandre lui-meme.

Napoléon, en apprenant eeLte singuliere con–

lc

tation , en prouva un premier déplaisir , car

il s'était demandé si en effet elle ne serait pas

sérieuse , et si on ne voudrait pas lui faire pcrdre

les sepl jours auxquels il tenait infi nimcnt , car

avec l'acti vité qu'il déployait en ce moment, cha–

que heure écoulée lui procurait d'importants

résultats. l\fais

a

la réflexion, en se r appelant ses

discussions avee M. de Mettcrnich, les calculs de

temps qu'ils avaient faits ensemble, il n'avait pu

conserver aucun doule sur l'intcrprétation de la

seconde convention , et loin de s'inquiéter de l'in ·

cident,

il

avait résolu de s'en ser vir, et d'en tirer

un prétcxte oouveau et tout

a

fait plausible de

perdre encore quelques jours;

il fit

sur-le-champ

déclarer par M. de Narbonne

a

Prague, qu'un

étrange incident s'étant élevé

a

Neumarkt ·,

le sens de la convention en vertu de laquelle on

allait se réunir et négocier étant contesté ,

il

n'était ni de sa dignité ni de sa stirelé de traiter

avec des gens qui entendaient ainsi leurs engage–

ments, et qu'avant de faire partir

.l\L

de Caulain–

court il voulait tine explicati on catégorique au

sujet de ce qui venait d'etre dit par le général

Barclay de Tolly. M. de Narbonne, l'un des deux

plénipotentiaires fran<;ais, étant déja rcndu

a

Prague, les dcvoirs de

polit~sse

se trouvaient

remplis selon luí, et le sccond pléoipoteotiairc

fran<;ais pouvait bien ne partir qu'apres avoir

obtenu l'explication demandée, et l'avoir obtc–

nue pleinement satisfaisante.

Lorsque cettc nouvelle difficulté fut connue

a

Prague, et elle le fut le 18 juillet. par une <lépe –

che

part.ie

de Dresde le 17 , on en resse ntit une

impression for t vive et fort naturelle. Les deux

plénipotentiaires prussien et russe affectereot

d'en etre irrités, oITensés meme, bea ucoup plus

qu'ils ne l'éta ientvéritab!emeot. Mais

.l\I.

de 1\Iet–

ternich en ful consterné , et l'empereur Fran<;ois

bl essé profondémcot. L'un et l'autre désiraicn t

la paix, telle qu e nous l'avons défioi e, bien que

l'empereur y crut moins que le ministre, et cba–

que chance de la conclure évanouie leur causait

de si nceres regrets. De plus, ils était hu miliés

du r ole qu'on leur faisait jouer. Les cnnemis de

leur politique de méd iation se riaient d'eux, et

nimaient

a

dire que, pour prix de leurs e1Torts

pacifiques, Napoléon ne leur envcrrai t pas rneme

un négociateur, et que ces ioventeurs du con–

gres de Prague, loin de Je cond uire

a

bien , ne

pourraient pas meme le r éu nir. Ce fa cheux pro–

nostic des par tí ans de la guer re semblait pres

de se r éali cr, car déja sous le plus futile pré–

lextc, parce que la ra tifieation de la sceon de

convention commun iquée officieusement ne l'a -