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DR.ESbE ET VITTOIUA. -

Jun.r.u

i813.

des plus hardies qu'on ait jamais prises .

a

Ja

guerre, de s'cnfonce"r vers Saragosse, ou il

était amené par Ja raison de sauver son corps

d'armée, et par la raison non moios puis ant.e

de couvrir les derrieres du marécbal Suchet,

et d'assurer la rel.raite de ce maréclrnl.

De leur cóté Jourdan et Joseph, ayant rcg::igné

Pampelune avcc une armée horriblement mécoo–

tenle de ses chefs, non démoralisée toutefois,

diminuée seulement de cioq

a

six mille bommes,

privée de ses canons mais non de ses attelages,

étaient encore en mesure d'opposcr une fortc

résisl.ance aux Anglais, indépendamment de la

résistance naturellc qu'allaient leur préscntcr

lt>s Pyrénées ellcs-memes. Joseph, sur le conseil

de Jourdan, apres avoir laissé une garoison dans

Pampelunc, envoya l'armée d'Andalousie daos

la vallée de S11int-Jean-Picd-de-Port, ceJJe du

Centre dans la vallée de Bastan, ce1le de Portu–

gal dans Ja vallée de Ja Bidassoa, de maniere

a

fermer ainsi toulcs les issues, et

a

prendre Je

temps de reformer l'artillerie, et de faire ecsser

In distribution en trois armées différentes ,laquellc

venait d'occasionner de nouveau de si facheux

embarras. Tirndis qu'il ordonnait cette disposi–

tion, le général Foy, aidé du général Maucune,

avait habilement et bravement tenu tete aux

Aoglais qui avaient voulu descendre de Salinas

sur Tolosa, et les avait rejetés assez loin. On

avait perdu l'Espagne, ·mais pas encore Ja fron–

tiere, et l'Empire, si longtemps envaltisscur,

n'était pas cncore cnvahi,

quoiq~1'il

fUt bien

pres de l'ctre

!

Telle fut la campagne de

1815

en Espagnc,

si tristemcnt célebre par le désastrc de Vittoria,

qui sign.alait nos derniers pas daos cctte contrée,

ou nous avions pendant six années inutilcment

versé nqtrc sang et celui des Espagnols. Si on

veut prononcer sans passion sur les événemcnts

de cette eampagnc, il cst facile de découvrir les

vraies causes du revers définitif qu'on venait

d'essuyer. La premiere cause, cette fois comme

tant d'autres,

il

faut la chercher dans les ordrcs

mémcs de Napoléon qui, ne considérant l'Es–

pagne que comme un accessoirc de ses immenses

entreprises, ou ne Iui consaerait pas les forces

nécessaires, ou en subordonnait l'emploi

a

des

calculs étrangers

a

l'Espagne ellc-méme, et

inconciliables avec le succes des opérations dans

ce pays. Cette année les forces qu'il y laissait,

quoique réduites par le rappel d'un grand nom–

bre de cadres, étaienl depuis Ja concentration

efes

trois armées

d'

Andalousie, d u Centre et

qe

Portugal, suffisantes pour se maintenir en Cas–

tille, puisqu'on nurait pu réunir quatre-vingt

millc hommcs contre les Anglais. l\'Jais dans in

double pcnsée de conserver les provinces du

nord, qu'il cntendait se réserver

a

la paix, et

d'alarmer les Anglais pour le Portugal, afin de

les détourner de toute entreprise contre Je midi

de la France, Napoléon ava it amené de nouveau

saos Je vouloir la dispersion des lrois nrmées

depuis Salamanque jusqu'a Pampelune, de

maniere qu'aprcs avoir r ecouvré l'ascendant sur

les Aoglais par notre concentration

~

nous

vcnions de le perdre encore par une dissémina–

tion imprudente de nos forces. Cette cause

essentielle de la journéc de Vittoria ne saurait

etre cherchée ailleurs que dnns les ordrcs de

París, donnés par Napoléon loin des Jicux,

avant la connaissance des faits, et réitérés par

le ministre de la guerre avcc une obstination

saos excuse, lorsque les événements et les objec–

tions du maréchal Jourdan en avaieut démontré

le danger.

A

pres cette cause, il y en a une au tre

fort ancienne, et toujours féconde en malheurs

clans la Péninsule, c'est le défaut d'unité daos le

commandement, qui

fit

qu'aucune administra–

tion ne voulant obéir, il n'y cut ríen de préparé

sur la routc de l'armée, et qu'il fallut, en rétro–

gradant pour rallier le général ClauseJ, se rcplier

::ivec une préeipitation qui rendait le ralliement

plus doutcux et plus difficile, les pertcs sur la

route plus considérables. Ce défaut d'unité était

le tort de Napoléon, toujours refusant

a

son

frere l'autorité nécessairc; de Joscph, ne sach ant

pas la prendre; des généraux, ne sachnnt piis

y

supplécr par lcur soumission. Apres ces causes,

le défaut d'activité chez .Toscph et le maréchal

Jourdan, l'un indolent, J'aulrc fatigué par

l'~lgc

el le chagrin, eontribua beau coup au malhcur

de la campagnc. Plus nctifs, plus prompts

a

se

résoudre, Joseph et Jourdan auraicnl pu évaeuer

Madrid plus tót, et se r allier plus tót ou en

avant de Valladolid, ou en avant de Burgos.

A

Vittorin meme, il

y

eut deux

jou~·s

penlus, dcux

jours précieux pour le <lépa1't du conyoi et le

déblayement du champ de bataillc, pour le cboix

du terrain .ou l'on pouvait disputcr

a

ren11cmi

l'entrée de

Ja

plaine , pour

In

réunion

:rn

général

Clnusel. Dnns cettc occasion décisive, comme on

l'a vu, le maréchal Jourdan étnit

~1alacle,

et

Joseph n'avait pas songé

i1

le supplécr. Enfin des

ordres de détail mal cxécutés par les généraux

avaient complété

IR

série de fa

u

tes et de mnlheurs

qui amen.erent

IEI cat11strophe finale

de

Vi.ttol'ia•