DRESDE ET VITTORIA. -
JUJN
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veau rejetées en arriere par la mitraille. Si dans
ce moment on avait eu quatre ou cinq mille
hommes sous la main, et qu'on les eut lancés sur
les masses ébranlées des Anglais, on aurait pu,
en les refoulant dans le défilé, leur fairc essuyer
un sanglant échee. l\falheureusement le général
Gazan, au Jieu de se replier sur la h auteur
lransversale de Zuazo, était allé ve1·s la gnuche
se ranger
a
mi-cote sur le flanc de la Sierra de
Andia, pres de la division Villatte , ce qui laissait
un espace ouvert entre ses tro upes et eelles du
comtc d'Erlon. Celui-ei avec ses deux divisions
disputaitde son mieuxles passagcs de laZadorra,
au-dessus et au·dessous de Trespuentes. On n'a–
vait done sur la hauteur décisive de Zua:w que
de l'artiHerie sans appui. Au fond de la plaine,
le général Reillc, attaqué
a
Dura na,
a
Gamarra–
Mayor,
a
Arriagua, se défendait vaillamment, et
clrnque fois qu'on lui enlevait l'un de ses trois
ponts, le reprenait avee la plus rare vigueur;
mais en mcme temps
il
annoru;ait qu'il serait
bientót forcé, si l'on ne venait promptement
a
son
secours. Le maréchal Jourdan, appréciant cette
situation' conseilla
a
Joseph d'ordonner la
retraite, seul partí qu'il y eut
a
prendre en ce
moment. L'intention fut de la diriger sur la
grande route de Bayonne, par Salinas et Tolosa,
afin de sauver l'artillerie, ca1· si par Salvatierra et
Pampelune on avait chance de rejoindrc le géné–
ral Clausel, on avait la cerLitudc de pcrdre tous
ses canons,
a
cause de l'état des routes.
A peine l'ordre de la retraite fut-il donné,
qu'on l'exécuta, mais sans le concert et l'ensemble
qui auraient pu prévenir les inconvénienls d'un
mouvement rétrograde. Le comte d'Erlon ne
voyant pas le général Gazan
a
sa gauche, et
apercevant la cavalerie anglaise prete a fondre
daos la plaine' chercha
a
s'appuyer vers la
Zadorra en se retirant, et découvrit ainsi Vitto–
ria. La cavalerie ennemie s'y précipita, et y
fit
naitre une indicihle confusion. te convoi au
salutduquel on avait consacré une division n'était
pas partí tout entier.
11
rcstait un pare d'artillerie
de cent cinquante bouches
a
feu' beaucoup de
familles fugitives, de bagages, et de soldats de
corvée envoyés pour chercher des vivres. La vue
des dr·agons anglais produisit sur ces gens une
terreur panique des plus vives, et }Is se mirent
a
fuir dans tous les sens en poussant des cris.
Leur premier mouvement fut de se porter sur la
grande route de Bayonne et le col de Salinas;
mais le général Rcille disputant
a
ouLrance la
haute Zadorra, tantót pcrdant, tantót reprcnant
CONSU L.~T .
¡j ,
sa position, se battait sur cette meme route qu'il
couvrait de feu et de sang . Les fuyards se
rejeterent alors sur celle de Pampelune par
Salvatierra. Le général Tirlet, accouru
a
Vittoria
pour ordonner la relraite, connaissa nt le mau–
vais état de la route de Salvatierra, prévoyant
que l'artillerie, surtout avec l'encombrement
qui allait s'y formcr , ne pourrait pas
y
passer,
sachant de plus que dans nos arse.l}a ux de la
frontiere le matériel ne manquait pas, et que les
attelages importaient seuls, prescriviL de coüper
les lraits, et de sauver les hommes et les che–
vaux en abandonnant les canons.
La retraite, qui d'abord avait du se diriger sur
Salinas et Bayonne, se trouva done par le mouve–
ment du général Gazan, par une sorte d'instinct
de conservation qui avait poussé les fuyards
vers la route de Salvatierra ou le canon ne
s'entendait point, se trouva , disons-nous, dirigée
sur Pampelune, c'est-a-dire sur la Navarre. On
s'y rua avec une sorte de furie, laissant
a
ViLtoria meme un matéricl immense. Des cet
instant
la
situation du général Reille devenait
des plus périlleuses . Ce général avait tenu tant
qu'il avait pu sur la Zadorra, rejetant les Anglais
et les Espagnols au dela de cette petite riviere,
chaque fois qu'ils avaicnt forcé un des trois
ponts dont
il
avait la garde. l\iais ayant vu le
mouvement de retraite sur Salva tierra, il se
décida lui-meme
a
se retirer dans cctte direc –
t.ion. Pour sortir sain et sauf de sa position péril–
leuse,
iI
fallait qu'il contint d'une pa1-t les troupes
ennemics qui commenc;aient
a
franchir la Zad orra
devant lui, de l'autre celles qui déja débouchaient
de Vittoria sur ses derrieres. 11 avait fort
a
propos
ten u en réserve,
a
quelque distance destrois ponts,
la brigade Fririon , composée des 2ª légcr et 56edc
ligne, et en outre plusieurs régiments de cavalerie.
Il ordonna sur-le-champ au général Sarrut qu i
défendait le pont d'Arriagua, au général Lamar –
tiniere qui défendait celui de Gamarra-Mayor,
au général Cassalpacci a qui gardait nvec les
Espagnols et quelques centaines d'hommcs du
5° de Jigne le pont de Durana , de se r cplier en
bon ordre vers Salvatierra, pendant que lai
tiendrait tete aux Anglais vcnant de Vittoria.
Le
gé~éral
Sarrut, en défendant le pont d'Ar–
ringua, fut tué.
Le
général Menne Je remplac;a,
et
fut
plusieurs fois assnilli, mais ne se laissa
point entamer. Le génér al LamarLinicrc opposa
un calme, une vigueu r rarcs
a
l'i.mpul sion de
l'cnncmi victorieux. Pendant ce temps , le géné–
r al Rcille, qui s'atlach ai t
l1
les couvrir tous du
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