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DRESDE ET VITTORIA. -

JUJN

i8i5.

veau rejetées en arriere par la mitraille. Si dans

ce moment on avait eu quatre ou cinq mille

hommes sous la main, et qu'on les eut lancés sur

les masses ébranlées des Anglais, on aurait pu,

en les refoulant dans le défilé, leur fairc essuyer

un sanglant échee. l\falheureusement le général

Gazan, au Jieu de se replier sur la h auteur

lransversale de Zuazo, était allé ve1·s la gnuche

se ranger

a

mi-cote sur le flanc de la Sierra de

Andia, pres de la division Villatte , ce qui laissait

un espace ouvert entre ses tro upes et eelles du

comtc d'Erlon. Celui-ei avec ses deux divisions

disputaitde son mieuxles passagcs de laZadorra,

au-dessus et au·dessous de Trespuentes. On n'a–

vait done sur la hauteur décisive de Zua:w que

de l'artiHerie sans appui. Au fond de la plaine,

le général Reillc, attaqué

a

Dura na,

a

Gamarra–

Mayor,

a

Arriagua, se défendait vaillamment, et

clrnque fois qu'on lui enlevait l'un de ses trois

ponts, le reprenait avee la plus rare vigueur;

mais en mcme temps

il

annoru;ait qu'il serait

bientót forcé, si l'on ne venait promptement

a

son

secours. Le maréchal Jourdan, appréciant cette

situation' conseilla

a

Joseph d'ordonner la

retraite, seul partí qu'il y eut

a

prendre en ce

moment. L'intention fut de la diriger sur la

grande route de Bayonne, par Salinas et Tolosa,

afin de sauver l'artillerie, ca1· si par Salvatierra et

Pampelune on avait chance de rejoindrc le géné–

ral Clausel, on avait la cerLitudc de pcrdre tous

ses canons,

a

cause de l'état des routes.

A peine l'ordre de la retraite fut-il donné,

qu'on l'exécuta, mais sans le concert et l'ensemble

qui auraient pu prévenir les inconvénienls d'un

mouvement rétrograde. Le comte d'Erlon ne

voyant pas le général Gazan

a

sa gauche, et

apercevant la cavalerie anglaise prete a fondre

daos la plaine' chercha

a

s'appuyer vers la

Zadorra en se retirant, et découvrit ainsi Vitto–

ria. La cavalerie ennemie s'y précipita, et y

fit

naitre une indicihle confusion. te convoi au

salutduquel on avait consacré une division n'était

pas partí tout entier.

11

rcstait un pare d'artillerie

de cent cinquante bouches

a

feu' beaucoup de

familles fugitives, de bagages, et de soldats de

corvée envoyés pour chercher des vivres. La vue

des dr·agons anglais produisit sur ces gens une

terreur panique des plus vives, et }Is se mirent

a

fuir dans tous les sens en poussant des cris.

Leur premier mouvement fut de se porter sur la

grande route de Bayonne et le col de Salinas;

mais le général Rcille disputant

a

ouLrance la

haute Zadorra, tantót pcrdant, tantót reprcnant

CONSU L.~T .

¡j ,

sa position, se battait sur cette meme route qu'il

couvrait de feu et de sang . Les fuyards se

rejeterent alors sur celle de Pampelune par

Salvatierra. Le général Tirlet, accouru

a

Vittoria

pour ordonner la relraite, connaissa nt le mau–

vais état de la route de Salvatierra, prévoyant

que l'artillerie, surtout avec l'encombrement

qui allait s'y formcr , ne pourrait pas

y

passer,

sachant de plus que dans nos arse.l}a ux de la

frontiere le matériel ne manquait pas, et que les

attelages importaient seuls, prescriviL de coüper

les lraits, et de sauver les hommes et les che–

vaux en abandonnant les canons.

La retraite, qui d'abord avait du se diriger sur

Salinas et Bayonne, se trouva done par le mouve–

ment du général Gazan, par une sorte d'instinct

de conservation qui avait poussé les fuyards

vers la route de Salvatierra ou le canon ne

s'entendait point, se trouva , disons-nous, dirigée

sur Pampelune, c'est-a-dire sur la Navarre. On

s'y rua avec une sorte de furie, laissant

a

ViLtoria meme un matéricl immense. Des cet

instant

la

situation du général Reille devenait

des plus périlleuses . Ce général avait tenu tant

qu'il avait pu sur la Zadorra, rejetant les Anglais

et les Espagnols au dela de cette petite riviere,

chaque fois qu'ils avaicnt forcé un des trois

ponts dont

il

avait la garde. l\iais ayant vu le

mouvement de retraite sur Salva tierra, il se

décida lui-meme

a

se retirer dans cctte direc –

t.ion. Pour sortir sain et sauf de sa position péril–

leuse,

iI

fallait qu'il contint d'une pa1-t les troupes

ennemics qui commenc;aient

a

franchir la Zad orra

devant lui, de l'autre celles qui déja débouchaient

de Vittoria sur ses derrieres. 11 avait fort

a

propos

ten u en réserve,

a

quelque distance destrois ponts,

la brigade Fririon , composée des 2ª légcr et 56edc

ligne, et en outre plusieurs régiments de cavalerie.

Il ordonna sur-le-champ au général Sarrut qu i

défendait le pont d'Arriagua, au général Lamar –

tiniere qui défendait celui de Gamarra-Mayor,

au général Cassalpacci a qui gardait nvec les

Espagnols et quelques centaines d'hommcs du

5° de Jigne le pont de Durana , de se r cplier en

bon ordre vers Salvatierra, pendant que lai

tiendrait tete aux Anglais vcnant de Vittoria.

Le

gé~éral

Sarrut, en défendant le pont d'Ar–

ringua, fut tué.

Le

général Menne Je remplac;a,

et

fut

plusieurs fois assnilli, mais ne se laissa

point entamer. Le génér al LamarLinicrc opposa

un calme, une vigueu r rarcs

a

l'i.mpul sion de

l'cnncmi victorieux. Pendant ce temps , le géné–

r al Rcille, qui s'atlach ai t

l1

les couvrir tous du

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