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tos

LIVRE QUARANTE-NEUVJEME.

d'Erlon, Clausel, ayant sur le revers de ces mon–

tagnes le général Reille pour parer

a

un

IDOU\'C–

ment tournant., opposer parlout

á

l'ennemi une

barriere de fer. l\Iais en prenant de telles dispo–

sitions,

il

aurait fallu avertir le général Clausel

autrement que par des paysans ou des officiers

détachés; il aurait fallu, par un régimcnt de cava–

lerie (arme donton avait beaucoup plus qu'on ne

pouvait en employer ), lui adresser

a

Logroño

mcme l'indication du vrai rendez-vous, et expédier

des ordres positifs pour hater le départ du convoi

de Viltoria, a6n de ne pas l'y rencontrcr sur

son chemin, et de n'y pas tomber dans un encom–

brement dangereux

1

Le sens, lejugerncnt ne faisaientjamais défaut

ni

a

Joseph, ni au maréchal Jourdan; mais, ainsi

que nous l'avons dit ailleurs, l'aclivité qui mul–

tiplie les précautions, qui ne se fie jamais aux

ordres donnés une seule fois, cette activité qui

vient de la jeunesse et d'une extreme ardeur

d'esprit, leur manquait ahsolument. lis résolu–

rent done de diriger le général Reille avcc ce

qu'il avait de I'armée de Portugal sur Osma, les

généraux Gazan et d'Erlon avec les armées

du Centre et d'Andalousie sur Viltoria, sans

prendre malheureusemcnt aucune des précau–

tions que nous venons d'indiquer.

Le

18

le général Reillc se mit en mouvement

sur Osma avec les divisions Sarrut, Lamartiniere

et l\faucune. :Mais a peine cette dcrniere était-ellc

en marche qu'elle fut assaillie par une nuéc

d'ennemis, auxquels clic n'échappa qu'a force de

vigueur et de présence d'csprit. Le général

ReiJle arrivé

a

Osma , trouva des troupes nom–

brcuses vers Barbarossa, déja poslécs

a

tous les

abords des montagnes, et ne permettant pas d'en

approcher. C'étaient les Espagnols de l'armée de

Galice qui avaient pris les devants pour occuper

avant nous les passages des Pyrénées. On aurait

pu croire que, conformément aux conjectures du

maréchal Jourdan et du roi Joseph, ils allaient

franchir les Pyrénées

a

Orduña pour couper la

route de Bayonne; mais ils n'y songeaient pas.

lis voulaient seulement nous dcvancer au pied des

montagncs, pour prendre des positions domi–

nantes dans notre flanc, si nous étions décidés

a

livrer une bataille défensive le dos appuyé aux

Pyrénées, ou nous précéder tout an plus au col

de Salinas, pour nous enlamer avant que nous

eussions regagné la fronticre de Frauce.

1

Nous nous pcrmellons d'indiqucr ces mesures, commc

cellcs qu'on aurail du prendrc, parce qu'on a généralcmenl

reproché depuis

a

Joseph el au maréchal Jourdan de ne les

Le général· Reille, voyant 11}- route d'Orduña

ioterceptée, renon9a facilement

a

une opération

qu'il bl:imait, et se décida

a

regagner par un

mouvement latéral la grande route de l\liranda

a

Viltoria. De son coté .Toseph avait décampé dans

la nuit du

18

au 19 juin pour se rendre

a

Vit–

loria, et le

19

au malin tous nos corps élaient en

pleine marche sur cette ville. Villoría, située au

pied des Pyrénées sur le versant espagnol, s'éleve

au milicu d'une jolie plaine entourée de monta–

gncs de tous les cótés. Si on y prend position le

dos lourné aux Pyrénées, on a sur Ja droite

le mont Arralo, qui vous sépare de Ja vallée

de

l\J

urguia, devant soi la Sierra de Andia ,

et sur la gauche cnfin des coleaux

a

tra–

vcrs Jesquels passe la route de Salvatierra

a

Pampelune. Une__, petile riviere, celle de la

Zadorra, arrose toule cctte plaine, en coulant

d'abord le long des Pyrénées ou elle a sa source,

puis en Joogeant

a

droite le mont Arralo, pour

s'échapper par un défilé tres-étroit

a

travers la

Sierra de Andia.

Le gros de notre armée, vcnant de Miranda et

des bords de l'Ebre, parcourait Ja grande route

de Bayonne, qui pénetre directement dans la

plainc de Vittoria par le défilé que suit la riviere

de la Zadorra pour en sorlir. Le général Rcille

y arrivait latéralcmcnt, en·s'y introduisant par

les divers cols du mont Arralo. Le corps avec

Jeque! lord Wellington avait toujours essayé de

nous déborder, et qui était composé d'Espagnols

et d'Anglais, aurait pu nous devancer aux pas–

sages du mont Arralo , et occuper ainsi avant

nous la plaine de Vittoria, si le général Reille,

qui dans son mouvement latéral lui était opposé, ·

ne l'eut contenu par la vigueur avec laquelle

iI

disputa le terrain tou te la journée du

19.

Par le

fait, le détour qu'on avait prescrit au général

Reille, inutile quant au but qu'on s'était d'abord

proposé, cut néanmoins des conséquences heu–

reuses, car s'il ne nous préserva pas du dangcr

chimérique de voir la route de Bayonne coupée

au dela des Pyrénées, il nous sauva du danger

de la voir interceptéc en

de~a

, par l'occupation

meme du bassin de Vittoria. Le 19 au soir, nos

trois armées s'y trouvaient réunies sans aucun

accident. Le général Reille avait tué beaucoup

de monde a l'ennemi, et n'en avait presque pas

perdu.

Il devenait urgent d'arreter ses résolutions.

avoii· pas prises, et que le simple bon scns sulfü d'ailleurs

pou1· en apprécier la convenance et la nécessilé.