Table of Contents Table of Contents
Previous Page  113 / 616 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 113 / 616 Next Page
Page Background

DRESDE ET VITTORIA. -

JUlN

l8i 5.

i05

les moyens moraux et politiques serait insuffi–

sante pour y réussir. .

La marine anglaise, cótoyant sans cesse le

rivage des Asturies de Santander a Saint-Sébas–

tien,

y

versant des armes, des munitions, des

objets d'équipement, des vivres, concourant

a

l'attaque ou

a

la défense des postes maritimes,

apportait aux insurgés un secours qui doublait

Ieurs moyens et leur audace. Porlier , Campillo,

Longa, Mina, Mérino, lantót réunis, tantot sépa–

rés, toujours bien informés, évitaient nos colon–

nes des qu'elles étaient en nombre, ne les abor–

daient que lorsqu'elles s'étaient divisées pour

courir apres eux, et alors avaient l'art de se

rejoindre pour les accabler. Ils n'avaient rem–

porté nulle part d'avantages considérables, mais

il

avaient détruit jusqu'a deux bataillons

a

la

fois, notamment a Lerin, et bien que le général

Clausel eUt cinquante mille hommes a leur oppo–

ser' qu'il mit la plus g'rande activité a les pour–

suivre, il ne parvenait que rarement

a

les attein–

dre, et presque jamais a garantir les communi–

eations, parce que, pour garder efficacement les

routes,

il

eut fallu en occuper tous les points, ce

qui ét.ait absolument impossible. Le général

Clausel avait repris Castro sur le bord de la mer,

rendu les Anglais circonspects , traité Mina

rudement, ravitaillé Pampelune, actes fort méri–

toires sans doute, mais de peu d'importance

pour les affail'es générales de la Péninsule. Il n'en

fallait pas moins trois

a

quatre mille hommes

d'escorte pour voyager en sureté de Bayonne a

Burgos, si l'objet ou le personnage escorté atti–

rait l'attentioñ de l'ennemi; et en attendant,

pour un si mince résultat, on consumait les for–

ces des troupes qui étaient la derniere ressource

qu'on put opposer aux Anglais.!

Tandis qu'on s'épuisait de la sorte en courses

inutiles, les mois d'avril et de mai s'étaient écou–

Jés, et le moment des grandes opérations étant

venu, lord Wellington avait quitté ses canton–

nements. Il entrait en campagne avec 48 mille

Anglais, 20 mille Portugais, 24 mille Espagnols,

ces derniers mieux armés, mieux vetus que de

coutume:

il

avait ainsi plus de 90 mille hommes

a

sa disposition. Son intention était de faire pas·

ser d'abord l'Esla par sa gauche, que comman–

dait sir Thomas Graham, et de n'aborder avec

son centre et sa droite la ligne du Douro, plus

difficile- a forcer, que lorsque sa gauche se trou–

verait par le passage de l'Esla sur les derrieres

des Franc.;ais qui défendaient le Douro. (Voir la

carte ne 45.) Cette fois

il

marchait avec un pare

d'artillerie de siége, et n'était plus exposé a

échouer dcvan t un ouvrage comme le for t de

Burgos.

Le H mai sa gauchc exécuta un premier mo u–

vement, et se répandit le long de l'Esla. La ca–

valerie du général Reille, n'étant soulenue que

par une brigade d'infanterie, n'avait pu se mon–

trer ni hardie ni vigilante, et l'Esla était passé

avant qu'elle füt en mesure de le savoir ou de

l'empecher. Les Anglais ne se haterent pas de

nous pousser vivcment, car une aile ne voulait

pas marcher sans l'autre, et vers le 20 mai

seu~

lement lord Wellington, avec sa droite, se porta

sur Salamanque et la Tormes. Le 24 il fu t signalé

au général Gazan comme s'avanc.;ant a la tete de

forces considérables.

L'armée frarn;aise, qui aurait

du

etre prete et

concentrée des le

1

er

mai aux environs de Valla–

dolid, se voyait surprise dans la situation la plus

fücheuse. Sans doute le maréchal Jourdan plus

jeuoe, Joscph plus actif et plus décidé, n'au–

raient pas souffert que les choses restassent dans

l'état ou l'ennemi allait les trouvcr. Ainsi,

malgré !'extreme difficulté eles informalions en

Espagne, ils auraienl táché de se tenír plus au_

courant des mouvements des Anglais; malgré

les ordres de l'Empereur, qui apres tout étaient

des instructions plutót que des ordres, ils

auraient pu,

a

l'approche du danger, rappe1er

les dívisions de l'armée de Portugal pretées au

général Clausel, attirer au pres d'eux ce général

lui-meme, seul capable de commander en chef

daos une grande bataille; ils auraient pu au

moins concentrer davantage les armées d'An–

dalousie et du Centre, et ce qui restait de celle

de Portugal; en fin, malgré la résistance des

administrations particulieres, qu'il fallait briser

au besoin, ils auraient pu créer

a

Burgos les

magasins sans lesquels

il

était impossible que

daos un tel pays on manomvrat en liberté. Mais

Jourdan, dégouté du régime impérial dont

il

voyait de si pres les abus, d'une guerre dont

il avait depuis longtemps prédit les funestes

conséquences, se ressentant déja des effets de

l'áge, retenu seulement par son affection pour

Joseph, et

n'~spirant

qu'a rentrer en France, se

contentait de signaler avec un rare bon scns les

fautes qu'on allait commettre, et ne savait pas

communiquer a Joseph le courage de les préve–

nir. Joseph, jugeant avec discernement le vice

des choses, savait s'irriter quelquefois contre

son frere et jamais lui désobéir, ni prendre,

comme général

~t

comme roi, l',llutorité qu'apres