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DRESDE ET VITTORIA. -

JUIN

!815.

f

01

de combattre en dec;a. l\'lais Napoléon, comme

on I'a vu, avait réduit. celte tache autant que

possible pour

1815,

car loin d'envoyer des

renforts en Espagne,

il

en avait tiré au contraire

des cadres et beaucoup d'hommes d'élite, en se

tenant en mesure néanmoins de conscrver la

Castille vicille, les provinces basques, la Cata–

logne et l'Aragon. Son projct secret était de

trailer avec l'Anglelerrc-; en rcstituantl'Espagne,

moins les provinces de l'Ebre,

a

Ferdinand VII,

et en dédommageant celui-ci avec le Portugal,

que la maison de Bragance pouvait bien aban–

donner depuis qu'elle avait trouvé au Bl'ésil un

si bel asile. C'est ce qui explique pourquoi

Napoléon avait consenti pour la premiere fois a

admettre daos un congres les rcprésentanls de

l'insurrection espagnolc.

C'cst d'apres ces idécs que Napoléon avait

tracé ses instructions, mais toujours d'une

maniere trop généralc, absorbé qu'íl élait par

les préparatifs de la campagne de Saxe. Dépité

de ce qu'un courrier employait quelqucfois

trente ou quarante jours pour aller de París a

Madrid, tenant surtout

a

soumettre les provin–

ces de l'Ebre qu'il avait le projet d'adjoindre

a

Ja France,

il

prescrivit de rétablir a tout prix

les communications, répétant avec sa fougue

ordinaire, quand une pensée le préoccupait,

qu'il était scandaleux, déshonorant, qu'aux

portes de Francc on fllt plus en péril qu'au

milieu de la l\lanche ou de la Castille, et qu'on

ne

put

aller de Bayonne

a

Burgos sans etre

dévalisé et égorgé. Il ordonna done d'employcr

l'hiver

a

réduire :Mina, Longa, Porlie1· et tous

les chefs de bandes qui infeslaicnt la Navarre,

le Guipuscoa, la Biscaye, l'Alava. Pour y réussir

plus certainement, il voulut qu'on évacuat

Madrid, qui ne l'intéressait plus guere depuis

qu'il songeait

a

rendrc la couronne

a

Ferdi–

nand VII, que Joseph transférat sa cour

a

Valla–

dolid, qu'il ramenat des Iors la masse des troupes

franc;aises da ns la Vieille-Castille, qu'il rapprochat

l'armée de Portugal de Burgos, et qu'il en

pretat une grande partie au général Clausel

pour détruire les bandes, qu'il reportat l'armée

d'Andalousie de_Talavera

a

Salamanque, l'armée

du Centre de Madrid

a

Ségovie, Iaissant tout

au plus un détachement dans cette eapitale, afin

qu'elle ne parut pas définitivement abandonnée.

Il prescrivit enfin une derniere disposition,

c'était de donner

a

l'armée d'Andalousie une'

attitude offensive, pour persuader aux Anglais

que l'on eonservait des projets sur le Portugal.

Napoléon espérait ainsi, en portant de 1\Jadrid

a Valladolid le siége du gouvernement et en

n'ayant plus qu'une seu le armée au lieu de

trois, soumettre par la queue de celte armée

les bandes espagnolcs qui ravageaient le nord,

et par sa tele menacer le Portugal, de maniere

a y

fixer les Aoglais et

a

les détourner de toute

eotreprise sur le midi de la France. l\Ialheureu–

sement il y ava it encore dans ce plan bien des

illusions. D'abord il était fort peu probable que

nous songeassions sérieusement

a

Lisbonne, lors–

que nous étions réduits

a

évacuer l\Jadrid, et

lord ·wellington avait montré assez de bon scns

pour qu'o 11 ne p1H pas se flaller de l'induire en

de telles erreurs D'ailleurs il n'était pas néces–

saire de l'inquiéter sur le Portugal pour le

retenir dans la Péninsule; il suffisait de le

baltre en Castille,

a

Salamanque,

a

Valladolid ,

u

Burgos, n'importe ou, pour le eloucr de nou–

veau derrierc les Iignes de Torres-Védras. :Mais

ce grand objet, on le compromettait évidemment

en pretant l'armée de Portugal au géoéral

Clausel, dans l'espérance de soumettre les bandes

du nord de l'Espague. Ces bandcs étaient pour

assez longtemps indomptables , et Joseph avec

raison les représentait comme une Vendée, sur

laquelle les moyens moraux pourraient plus que

les moyens physiques.

11

était done bien dou–

teux que vingt mille hommes de plus missent

le général Clausel en mesure

de

vaincre les

bandes du nord, et

il

était bien certain que

vingt mille hommes de moins mettraient Joseph

dans l'impossibilité de gagner une balaille sur

les Anglais. Mais, tout occupé de refnire la puis–

sance mititaire de la France, y travaillant jour

et nuit, continuant

a

ne pas Jire la correspon–

dance d'Espagne, ordonnant de trop loin , et

sans une atten tion assez souienue, Napoléon

crut qu'un détachement de vingt mille hommes

accordé au général Clausel lui permettrait d'en

finir avec les guérillas pendant l'hiver, et que

le printemps venu, on pourrait se reporler

a

temps, et tous ensemble,

a

la rencontre des

Anglais.

Les insteuctions de Napoléon, transmises par

le ministre de la guerre des le mois de janvier,

et réitérées en février, n'arriverent pour Ja prc–

miere fois qu'au milieu de février, pour la se;

conde qu'au commencement

de

mars, e'est-a-dire

trente jours environ apres leur départ. C'était

une premicre perte de temps extrcmement

fa–

cheuse ' naissant

de~

circonstances memes qui

affectaient si viveme Napoléon,

e'est-a-d~re

de