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DRESDE ET VITTORJA. -

JUIN

18-15.

97

arracher

a

l'habile ministre autrichien la seule

chose qu'il · désirat _véi:ilablement , c'est-a-dire

une prolongalion d'armistice. Ne voulant pas la

paix aux c..ondilions proposées, ne voulant que le

temps nécessaire pour en imposcr une qui

fUt

a

son gré, vingt jours de plus étaient pour lui une –

conquete d'un prix

ii~estimable.

Le sacrifice des

questions de fo1·me qu'il avait paru faire en sim–

plifiant autant Je lexte ele la convention, n'en

était pas un de sa part, car sur le point impor–

t;mt de savoir si les parties cootractantes s'abou–

cheraient toutes ensemble daos une conférence

commuoe, ou ne traiteraient que par l'entremise

du médiateur, il avait éludé, mais non abao–

donné la difficulté, en se laisant daos Ja rédac–

tion; et

il

était fort aise de l'avoir réservée, car

elle tui restait pour occupcr les prcmiers jours

du

congr~s,

et pour perdrc le temps dans leq.uel

on était rcnfermé, sans avoir

a

s'cxpliqucr sur le

fond des choses. C'était

a

M. de l\Ietternich,

souhailant ardemment le succcs de la médiation,

a

regretter que cetle difficulté n'cut pas été vidée

tout de suite , et qu'elle demeurat comme un

gros obstacle sur le chemin des négocialions.

Napoléon avait done avec quelques instants de

douceur réparé jusqu'a un certain point le mal

causé par les imprudcnts éclats de sa colere, et

obtenu tout ce qu'il désirait. Heurcux ce singu–

lier génie, heureuse la France , s'il avait pu

employer celtc merveilleuse souplessc

a

la tirer

du faux pas ou

il

l'avait cngagée !

l\faintenant, l'habilcté

d~

la part de l'Autriche,

si passionpée pour le soeces de la médiation, eut

consisté

a

ne pas laisser

a

Napoléon un seul

prétexte de pcrdre du temps, et des lors

a

lui

répondre sur-le-champ que la convention con–

stitutive de la médiation était acceptée, que la

prolongation de l'armisti e, l'était également, et

que les négociateurs, comme on l'avait stipulé,

se réunirajent exaclement le

ts

juillet. Malheu–

reuscrnent

jl

n'en fut pas ainsi.

l\f.

de l\fetternich,

partí de Dresde le 50 juin, jour memc de la

signature, et arrivé Je

1

e•

juillet

a

Gitschin,

causa une grande joie

a

son maitrc en lui annon–

c;ant que la. médiation était acceptée, ce qui

fai–

sait passer la cour d'Autriche de la situation

embarrassante d'alliée de la France

a

la situation

indépendante et fortc de son arbitre, et lui

procurait un lustre dont elle avait bcsoin auprcs

du

puhlíc autrichico. M. de Metternich n'eut

done pas de peine

a

obtenir de l'empereur

Franc;ois la ratification immédiate de la conven ·

tion. 1'Iais, soit qu'il n'eut pas

entiereme~t

péné-

<;oNSULAT.

5.

tré les intentions dilatoircs de Napoléon, soit

qu'il fút dominé par des difficultés toutcs maté–

riclles,

l\'l.

de l\'Ietternich fournit lui-m¿me des

prétextes aux perles de temps , en demandant de

rcmettrc du

¡)

au 8 juillet la réunion des pléni–

potentiaires. Apres avoir demandé cette remise,

laquellc, d'apres ce qu'on a vu des projets de

Napoléon, ne devait pas rencontrcr d'ohstacle

de notre part, M. de Mcttcrnich s'adressa aux

souverains réunis

a

Reichenbach, pour leur

annoncer l'acceptation de la médiation, pour

leur faire agréer la proloogation <le l'armistice,

et ohtcnir le prompt envoi de leurs plénipoten–

tiaires a Prague.

Les coalisés de Reichenbach n'avaient pas

compris toute la portée de l'armistice de Pleis–

witz en le signant. IJs n'y avaient vu d'abord

que l'avantagc de se soustraire aux conséquences

immédiatcs de la bataille de Bautzen , sans son–

ger aux avantages de temps qu'il procurait

a

Napoléon. Maintenant qu'ils étaient sortis de

péril, qu'ils avaient ainsi recueilli le principal

fruit de l'armistice, qu'ils voyaient les armements

de Napoléon se développer chaque jour, bien

que les Ieurs se développassent aussi, ils étaient

presque aux regrets d'unc suspension d'armes

qui pourtant les avait sauvés, et ils n'étaient

nulle'ment cnclins

a

en prolonger la durée. Une

circonstance d'ailleurs les disposait plus mal

encore

a

l'égard de la prolongation consentie par

M. de l\Ietternich, c'est qu'ils avaient pour vivre

la partie la moins fertilc de la Silésie, tandis que

Napoléoo avait la meilleure

1

et qu'ils craignaient

de manquer bicnlót de moyens de subsistance.

De plus, aupres <les Allemands, surtout des

Prussiens, tout ajournement des hostilités scm–

blait un pas fait <lans la politique pacifique ele

l'Autriche, et une sorle de trahison. 11

y

eut

done quelque peine

a

leur arracher leur consen–

tement, et assez pour entrainer une nouvelle

perle de temps. Toutefois les deux souvc1•ains

alliés n'avaient rien

a

refuser

a

l'Autriche, et des

qu'elle voulait une chosc, ils devaient l'accorder.

Or l'Autriche s'étant engagée envers Napoléon

a

prolonger l'armistice, on ne pouvait pas lui

faire l'outrage de déclarer son cngagement im–

prudent et nul. On le r atifia done, mais en

demandant, vu les distances et le temps déja

écoulé, une nouvellc remise du 8 au

12

j uillet,

pour la réunion des plénipoteotiaires

a

Prague,

et en promettant, du reste, qu'ils seraient exacts

au rendez-vous. M. de Melternich informa

i\'J.

de

Bflssano de ces dcrnieres déterminutions; mais ,

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