DRESDE ET VITTORJA. -
JUIN
18-15.
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arracher
a
l'habile ministre autrichien la seule
chose qu'il · désirat _véi:ilablement , c'est-a-dire
une prolongalion d'armistice. Ne voulant pas la
paix aux c..ondilions proposées, ne voulant que le
temps nécessaire pour en imposcr une qui
fUt
a
son gré, vingt jours de plus étaient pour lui une –
conquete d'un prix
ii~estimable.
Le sacrifice des
questions de fo1·me qu'il avait paru faire en sim–
plifiant autant Je lexte ele la convention, n'en
était pas un de sa part, car sur le point impor–
t;mt de savoir si les parties cootractantes s'abou–
cheraient toutes ensemble daos une conférence
commuoe, ou ne traiteraient que par l'entremise
du médiateur, il avait éludé, mais non abao–
donné la difficulté, en se laisant daos Ja rédac–
tion; et
il
était fort aise de l'avoir réservée, car
elle tui restait pour occupcr les prcmiers jours
du
congr~s,
et pour perdrc le temps dans leq.uel
on était rcnfermé, sans avoir
a
s'cxpliqucr sur le
fond des choses. C'était
a
M. de l\Ietternich,
souhailant ardemment le succcs de la médiation,
a
regretter que cetle difficulté n'cut pas été vidée
tout de suite , et qu'elle demeurat comme un
gros obstacle sur le chemin des négocialions.
Napoléon avait done avec quelques instants de
douceur réparé jusqu'a un certain point le mal
causé par les imprudcnts éclats de sa colere, et
obtenu tout ce qu'il désirait. Heurcux ce singu–
lier génie, heureuse la France , s'il avait pu
employer celtc merveilleuse souplessc
a
la tirer
du faux pas ou
il
l'avait cngagée !
l\faintenant, l'habilcté
d~
la part de l'Autriche,
si passionpée pour le soeces de la médiation, eut
consisté
a
ne pas laisser
a
Napoléon un seul
prétexte de pcrdre du temps, et des lors
a
lui
répondre sur-le-champ que la convention con–
stitutive de la médiation était acceptée, que la
prolongation de l'armisti e, l'était également, et
que les négociateurs, comme on l'avait stipulé,
se réunirajent exaclement le
ts
juillet. Malheu–
reuscrnent
jl
n'en fut pas ainsi.
l\f.
de l\fetternich,
partí de Dresde le 50 juin, jour memc de la
signature, et arrivé Je
1
e•
juillet
a
Gitschin,
causa une grande joie
a
son maitrc en lui annon–
c;ant que la. médiation était acceptée, ce qui
fai–
sait passer la cour d'Autriche de la situation
embarrassante d'alliée de la France
a
la situation
indépendante et fortc de son arbitre, et lui
procurait un lustre dont elle avait bcsoin auprcs
du
puhlíc autrichico. M. de Metternich n'eut
done pas de peine
a
obtenir de l'empereur
Franc;ois la ratification immédiate de la conven ·
tion. 1'Iais, soit qu'il n'eut pas
entiereme~t
péné-
<;oNSULAT.
5.
tré les intentions dilatoircs de Napoléon, soit
qu'il fút dominé par des difficultés toutcs maté–
riclles,
l\'l.
de l\'Ietternich fournit lui-m¿me des
prétextes aux perles de temps , en demandant de
rcmettrc du
¡)
au 8 juillet la réunion des pléni–
potentiaires. Apres avoir demandé cette remise,
laquellc, d'apres ce qu'on a vu des projets de
Napoléon, ne devait pas rencontrcr d'ohstacle
de notre part, M. de Mcttcrnich s'adressa aux
souverains réunis
a
Reichenbach, pour leur
annoncer l'acceptation de la médiation, pour
leur faire agréer la proloogation <le l'armistice,
et ohtcnir le prompt envoi de leurs plénipoten–
tiaires a Prague.
Les coalisés de Reichenbach n'avaient pas
compris toute la portée de l'armistice de Pleis–
witz en le signant. IJs n'y avaient vu d'abord
que l'avantagc de se soustraire aux conséquences
immédiatcs de la bataille de Bautzen , sans son–
ger aux avantages de temps qu'il procurait
a
Napoléon. Maintenant qu'ils étaient sortis de
péril, qu'ils avaient ainsi recueilli le principal
fruit de l'armistice, qu'ils voyaient les armements
de Napoléon se développer chaque jour, bien
que les Ieurs se développassent aussi, ils étaient
presque aux regrets d'unc suspension d'armes
qui pourtant les avait sauvés, et ils n'étaient
nulle'ment cnclins
a
en prolonger la durée. Une
circonstance d'ailleurs les disposait plus mal
encore
a
l'égard de la prolongation consentie par
M. de l\Ietternich, c'est qu'ils avaient pour vivre
la partie la moins fertilc de la Silésie, tandis que
Napoléoo avait la meilleure
1
et qu'ils craignaient
de manquer bicnlót de moyens de subsistance.
De plus, aupres <les Allemands, surtout des
Prussiens, tout ajournement des hostilités scm–
blait un pas fait <lans la politique pacifique ele
l'Autriche, et une sorle de trahison. 11
y
eut
done quelque peine
a
leur arracher leur consen–
tement, et assez pour entrainer une nouvelle
perle de temps. Toutefois les deux souvc1•ains
alliés n'avaient rien
a
refuser
a
l'Autriche, et des
qu'elle voulait une chosc, ils devaient l'accorder.
Or l'Autriche s'étant engagée envers Napoléon
a
prolonger l'armistice, on ne pouvait pas lui
faire l'outrage de déclarer son cngagement im–
prudent et nul. On le r atifia done, mais en
demandant, vu les distances et le temps déja
écoulé, une nouvellc remise du 8 au
12
j uillet,
pour la réunion des plénipoteotiaires
a
Prague,
et en promettant, du reste, qu'ils seraient exacts
au rendez-vous. M. de Melternich informa
i\'J.
de
Bflssano de ces dcrnieres déterminutions; mais ,
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