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LIVRE QUARANTE-NEUVIE!\'JE.
constitu ait le médiateur intcrmédiairc exclusif
cJes partics contractantes. On essaya d une r édac–
tion sans pouvoir tomber d'accord, parce que
M. de Bassano voulai t la surclrnrger de précautions
que M. de Metternich trouvait genanles. Mais les
délails furent débattus sans aigreur, et du ton de
gens décidés a s'entendre. Tout futrenvoyé
a
l'Em–
pereur, et
l\f.
de :Metternich dut le revoir le 50 juin
pour résoudre avec lui les dernieres difficultés.
Le
30,
en effet,
1\1.
de l\fetternich , accompa–
gné de M. de Bassano, r cvit Napoléon , et le
trouva tout changé, comme un cicl épuré par
un orage. Il était ouvert, gai, plein d'ul!.. aima–
ble repentir. - Vous persistez done a faire le
méchant avec nous? dit-il a
1\1.
de Metternich
avec une familiarité pleine de grace. - Puis
il prit des mains de M. de Bassano le pr·ojct de
convention , dont
il
connaissait les points sujets
a
difficulté, et il se mita en lire les articles l'un
apres l'autre. A cbaque article, comme s'il eut été
du partí de
1\f.
de 1\ietternich , il disait : - Mais
cela n'a pas le seos commun, ne s'inquiétant
guere de l'amour-propre de sou ministre, et il
paraissait presque toujours abonder da ns les idées
clu
diplomate autrichien. S'adressant ensuite a
l\'L de Bassano, il lui dit: - Asseyez-vous et écri–
vcz. Et
il
dicta un projet simple, clair, comme
il
était capable de le faire . Cette rédaction , qui écar–
tait toutes les difficultés, une fois tcrminée,
il
demanda
a
M. de Metternich :- Ce projct vous
convient-il ?-Oui, sire, répondit l'illastre diplo–
mate, sauf quelques expressions. - Lesquelles?
reprit Napoléon. -
1\f.
de Metternich les ayant
indiquées, Napoléon les changea sur-le-champa
J'entiere satisfaction de son interlocuteur, s'atta–
chant
u
lui complaire en tout. Enfin, ce projet,
qui déclarait que dans le désir et l'espérance
de rétablir la paix, au moins par mi les ÉLats du
continent, l'empereur d'Autriche o:ffrait sa méd ia–
tion
a
l'empereur apoléon; que l'empereur Napo–
Jéon l'acceptait, et que les plénipotentiaires des
diverses puissances se r éuni raien t a Prague
le
!)
juillet au plus tard , ce projet, complétement
arreté, Napoléon , toujours du ton le plus aisé,
<lit
a
i\I.
de Metternich : -Mais ce n'est pas to ut , il
me fa ut une prolongation d'armisticc.. . Comment,
en e[et, du
!)
au 20 juillet, terminer une négo–
ciation qui doit embras er les intér éts du monde
ntier, et qui si l'on voulait bien r égler tou tes
les difficultés, exigerait des années ? - La ques–
tion effeetivement était embarrassanle, quoique
sur le poi nl importanls on cut pu s'en tendre en
qu elque heure ·, si on I avait voulu . lai au pre-
mier aspect la question n'admettait pas d'antrc
r éponse qu'un assentimenl.
l\f.
de l\'letlernich,
vaincu par toutes le condcscendance de cette
journée, n'était pas disposé a comp
ettre la
médiation
u
laquelle
il
attachait ta t de · prix
pour quelques jours de plus ou de moins dans la
durée des négociations. Il répondit qu'il espérait
faire accepter Ja prolongation demandée aux
Prussicns et aux Rasscs, bien qu'ils lfiussent con–
vaincus que l'armislice, utile seulement
a
Ja
France, leur était nuisible
a
eux, et il ne disputa
que sur l'étendue de cctte prolongation. Napoléon
voulait obtenir jusqu'au 20 aout pour gagner
le 2G avcc les six jours accordés pour la dénon–
ciation de l'armistice. M. de Metlernich contes–
lait un terme aussi long, non pas en son nom,
mais au nom de ceux dont il devait obtenir l'as–
sentiment, et répétait que si l'on voulait agir avcc
une entiere bonne foi, tout pourrait etre terminé
en une journée. Napoléon répondait qu'il luí en
fallait quarante au moins pour juger des vucs
de ses adversaires , et faire connaitre les siennes.
- Quant
a
moi ' vous pouvez etre sur, ajoutait–
il, queje ne vous dirai mes véritabJes intentions
que le quar antieniejour. - Alors, répliqua
1\f.
de
Metternicb, les trente-neuf jours qui précedent
le quarantieme sont inutiles. - La conversation
ayant pris ce tour plaisant, on toucbait évidem–
ment a un accord, et apres discussion, M. de
Metternich parut disposé
a
prolonger l'armistice
j usqu'au
1O
aout, avec six jours pour se prévcnir
de la rcprise des hostilités, ce qui devait con–
duire au
16,
et entrainait une prolongation de
vingt jours, du 26 juillct au 16 aout. Napoléon
alors, feignant de trouver du
!)
juillet au 16 aout
les quarante jours dont il avait besoin pour négo–
cier, et au fond, bien qu'il en souhaitat davan–
tage,
j
ugeant bon de g3gner au moins ce temps
pour l'achevemcnt .ue ses préparatifs, déclara
qu'il acceptait la proposition de M. de Metter–
nich. En conséquence on ajouta un dernier arti–
c1e, par Iequel
il
était dit que, vu le peo de
temps qui restait pour négocicr d'3prcs les termes
de l'armistice signé a Pleiswitz, l'empereur Napo–
léon s'cnw1geait
~1
ne pas dénoncer cct armi tice
avan t le
iO
aout ( 16 aout en ajoutant les six
jours pour !'avis préalable), et que l'empercur
d'Autriche se cbargeait d'obtenir le meme enga–
gement de la part du roi de Prussc et de l'empe–
reur de Russie. Napoléon voulut qu'on signat
a
l'instant meme, et r envoya ensuite
J\1.
de Mel–
ternich comblé de tou tes sortes de caresscs. Ainsi
le !ion chano-é tou t
a
coup en irene avait su