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DRESDE ET VITTOIUA. -

JUILLE'l'

l8L'L

H7

l'avoir tiré deNaples, ou ce princeavaitune tache

appropriée

a

son caraclere et

a

ses talcnts, ou

il

rcndait un petit peuple heureux en étant heu–

reux lui-meme, Napoléon l'avait transporté en

Espagne presque sans le consulter, l'avait lancé

dans une guerre effroyable , l'y avait aidé un

moment de toutes ses forces, puis, au milieu des.

préoccupations de la gucrre d'Aulriche en '1809,

de celle de Russie en 1812, l'avait laissé saos

sccours, sans argent, exposé

a

la hainc de ses

sujets,

a

la désobéissance, quclquefois meme

a

l'arrogance des généraux, n'avait voulu écouter

aucun de ses avis, presque tous justifiées par

l'événemcnt, et pour toute réponse n'avait cessé

de se moquer de ses prétentions militaircs et de

ses inreurs, moqueries qui, de la cour de France,

avaient rctenti jusqu'au milieu de la cour d'Espa–

gne, et avaient encore contribué

a

la déconsidé–

ration de la royauté nouvelle. Et pourtant Napo–

léon aimaitsa famille; mais, gaté par un pouvoir

sa ns bornes,

il

ne tenait pas plus compte des

droits de ses freres que de eeux des peuplcs, et

disposait d'eux comme d'instruments inanimés,

jusqu'au jour ou

il

devait trouver les peuples

révoltés, et ses freres eux-memes presque en état

de défection.

Ses traitements envers Joseph furent extre–

mement rigoureux. - J'ai trop longtemps com–

promis mes affail'es pour des imbéciles, écrivit-il

a

l'archichancelier Cambacércs, au ministre de

la guerre, au ministre de la police; et, apres ce

pTéambule,

il

donna les ordres les plus séveres

et les plus humiliants pour Joseph. Il

fit

d'abord

pour le remplacer en Espagne le choix qui pou–

vait Jui etre le plus désagréable, celui du maré–

chal Soult, qui était en ce moment

a

Dresde,

Napoléon conféra au maréchal Soult le titre de

son lieutenant en Espagne, avcc des pouvoirs

cxtraordinaires, lui ordonna de partir immédia–

tement, de ne rester

a

Paris que douze heures,

de n'y voir que l'archichancelier Cambacéres et

le ministre de la guerrc, et de se rendre ensuitc

a

Bayonne pour y rallier l'armée et tenir

Lctc

aux Anglais. Jusque-la ríen de plus natu rel. JUais

il

enjoignit

a

Joseph de quiltcr l'Espagne sur-lc–

cbamp, luí intcrdit en meme temps de venir

a

Paris, luí pr escrivit de se retirer

a

Morfontaine,

de s'y enfermer, de n'y recevoir personne, char–

gea le prince Carnbacéres de défendre

a

tous les

hauts fonctionnaircs de l'aller visiter, comme si

on avait eu de leur part de généreux mouvc–

ments

a

craindre, et

a

tout"es ces injonctions

il

ajouta celle de le faire arreter si ces ordres étaicnt

enfreints

!

Devenu méfiant

a

l'égard des hom–

mes, dcpuis qu'il avait été obligé de le devenir

a

l'égard de Ja fortune, il voyait partout des tra–

mes pretes

a

se nouer contre la régence de sa

femme, contre l'nutorité de son fils . C'cst pom·

ces motifs qu'il n'avait pas voulu laisscr Je <luc

d'Otrante, le maréchal Soult

a

Paris, et que, sous

divers prétextes,

j]

les tenait sans emploi

a

Dresde. Joscph mécontent

a

Paris, s'y entourant

de mécontents, et peut-etre un jour disputant

la régence

a

Marie-Louise, telles étaient les ima –

ges sinistres qui avaient traversé son esprit irrité,

et qui luí dicterent l'ordre inutilc de faire arre–

tcr son propre frerc. Certes, si Joseph eut été

capable de ces noirs projets,

il

aurait commencé

par lui désobéir en Espagne, et probablement il

lui serait ainsi devenu plus utile qu'en exécutant

servilement des ordres donnés de trop loin,et sous

l'empire de fatales distractions

!

Le simple bon scns

présent sur les licux et exclusivement appliqué

a

son objet, vaut souvent mieux que le génie

absent ou distrai

t

par des entreprises exorbitantes.

Si les événemcnts d'Espagnc, qui allaient ren–

<lre les ennemis de Napoléon plus exigeants,

l'avaient en meme temps rendu plus raisonnable

et plus conciliant, on peut dire qu'un grand mal–

heur füt devenu un grand bien: mais

il

n'en fut

point ainsi. Apres avoir visité Torgau, Wittcn·

berg , l\Iagdebourg, aprcs avoir passé en revuc

les corps qu'iJ voulait inspecter, ordonné les tra –

vaux qu'il avait projctés sur l'Elbe, Napoléon

revint

a

Drcsde, pour y continucr le redoutablc

jeu de perdre du temps, d'arriver au terme de

l'armisticc sans s'etre expliqué sur les conditions

de la. paix, et d'obtenir de la sortc une nouvelle

suspension d'armes en feignant au dernier mo–

ment de n égocier sérieusement. La Prusse et Ja

Russie avaient choisi leurs plénipotentiaires, et

les avaient envoyés

a

Prague, ou ils étaicnt arri–

vés le 11 juillet, par conséquent un jour avant

le lcrme assigné pour la réunion du congres .

Ni l'une ni l'autre de ces puissances n'avait

fa it

les choix éclatants auxquels on s'étai t d'abord

attendu . On avait cru que la Prusse désignerait

le chancelier de Hardenberg, et la Russie

l\'!.

de

Nesselrode. lUais,

a

cause de l'Angleterre, ces

puissances avaient évité de donner

a

ce congres

trop d'éclat; elles avaient voulu y paraitre ame–

nées et mcnée,? par l'Autriche, enn'y faisant figu–

r er aucun personnage qui

füt

l'égal de M. de

l\fetternich. La Prusse avait choisi lH. de Hum–

boldt, nom illustre déja dans la science, ·mais

peu connu encore dans la politique (le plénipo-